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Quand le régime s'essouffle, la justice frappe
Publié dans Business News le 23 - 06 - 2025

Jeudi 19 juin, Kaïs Saïed préside un conseil ministériel dont nous n'avons encore aucun compte-rendu textuel. La présidence a juste balancé une vidéo de 26 minutes et à chacun de la visionner pour savoir ce que le chef d'Etat a dit et décidé.
Je vous rassure, vous n'avez rien raté si vous n'avez pas vu cette vidéo, balancée comme d'habitude à l'aube, quand seuls les coqs et Kaïs Saïed sont réveillés. Cette fois, c'était à 4h17.
Le président ne fait que ressasser de vieilles rengaines. Il parle de lobbys, de l'administration inefficace, d'un ministre escroc, des circuits de distribution qui affament le peuple, de la nécessité que les ministres inventent de nouvelles méthodes, de certains qui œuvrent à aggraver la situation dans le but de semer le désordre, de révolution administrative et culturelle, de ceux qui se réfugient dans les ambassades ou encore de ceux qui critiquent dans les médias et réseaux sociaux, qualifiés de traîtres.
En bref, rien de nouveau dans le discours présidentiel, que des redites. Le même disque rayé qu'il répète depuis des années. Le même lexique conspirationniste truffé de traîtres, d'escrocs, de lobbys, de fonctionnaires incompétents. Aucune nouvelle décision, aucun projet, aucun rêve, ni même aucun chiffre.
Il y a de quoi s'interroger si le président est encore audible, y compris par ses propres ministres.
La veille de ce conseil des ministres, il a reçu le ministre de l'Intérieur et le secrétaire d'Etat chargé de la Sûreté nationale à qui il a demandé de soutenir les services du ministère du Commerce pour démanteler les réseaux monopolistiques et de spéculateurs. Depuis cette rencontre, mercredi, avez-vous entendu parler d'une seule descente policière ou d'une seule arrestation de spéculateur ? Pas moi en tout cas.
À force de dire et de répéter les mêmes choses, de prendre ses fantasmes pour des réalités et de refuser de voir la vérité en face, on perd sa crédibilité, jusqu'auprès de vos propres proches. Le président n'a plus rien à donner, n'a plus d'idée neuve et pourtant il doit survivre. Que faire ?

Un feu judiciaire déclenché en rafale
En attendant la très probable prochaine arrestation du ministre-expert-escroc dont parle le président, l'actualité judiciaire de la semaine était bien riche avec une série de condamnations.
Pour la seule journée du 20 juin, lendemain du conseil des ministres, on a eu droit à la condamnation de :
- l'ancien dirigeant d'Ennahdha et député, Sahbi Atig à quinze ans de prison pour blanchiment d'argent, détention de devises et faux témoignages ;
- l'ancien ministre Mehdi Ben Gharbia à huit ans de prison pour infractions fiscales ;
- l'ancien président Moncef Marzouki, l'ancien député Imed Daïmi et l'ancien bâtonnier Abderrazak Kilani à 22 ans de prison pour incitation à la haine et atteinte à la sûreté de l'Etat, dans un contexte considéré comme relevant de la législation antiterroriste ;
- l'ancien député Lotfi Ali a été condamné à deux ans de prison pour corruption financière et concussion.
En plus de ces condamnations, durant cette même journée on apprend le renvoi d'Elyes Chaouachi, fils du prisonnier politique et ancien ministre Ghazi Chaouachi, devant une chambre criminelle antiterroriste.
Toutes ces annonces ont eu lieu entre le 19 et le 20 juin, juste après le conseil des ministres.

Justice expéditive et sélective
Il y a un petit souci dans toutes ces annonces judiciaires, elles manquent de crédibilité et de justice. Voici pourquoi :
- Pour Sahbi Atig, il n'y a aucun élément factuel et de preuve de son blanchiment d'argent et sa détention de devises. Toute l'affaire est basée sur le témoignage d'un délinquant multirécidiviste qui a affirmé qu'il a, un jour, volé des devises dans la maison de Sahbi Atig. La famille Atig jure ses grands dieux que la maison n'a jamais été cambriolée. Les devises en question n'existent nulle part, il n'y a eu aucune saisie. Le délinquant s'est rétracté dans sa déclaration et a avoué avoir menti. Quand bien même il ne s'est pas rétracté, son statut de délinquant-prisonnier multirécidiviste lui ôte toute crédibilité. Quand bien même ce qu'il dit est vrai, la détention de devises mérite-t-elle quinze ans de prison ?
- Pour Mehdi Ben Gharbia, il a peut-être eu une infraction fiscale, je n'en sais rien, mais cela mérite-t-il huit ans de prison ? Depuis quand condamne-t-on les gens pour infractions fiscales ? Il y a tellement d'infractions fiscales dans le pays que l'Etat a jugé bon de décider une amnistie en 2024, il a répété la même amnistie en 2025 et il la répètera probablement en 2026. Pourquoi donc l'Etat offre une amnistie à certains délinquants fiscaux et la prison à d'autres ?
- Ce que l'on reproche à Moncef Marzouki, Imed Daïmi et Abderrazak Kilani est d'avoir organisé une conférence de presse à Paris pour présenter une liste des juges et des responsables politiques coupables, à leurs yeux, de la répression en Tunisie. Ce simple fait mérite-t-il 22 ans de prison ? Même les assassinats, y compris en Tunisie, ne coûtent pas autant ! Ils n'ont fait que parler et dénoncer les injustices et les responsables de ces injustices. Où, dans le monde, condamne-t-on la parole à des décennies de prison, d'autant plus que ces paroles n'ont été suivies d'aucun acte répréhensible. Remarque en passant, très rares ont été les personnes qui ont entendu parler de cette conférence de presse et vu la liste des juges supposés véreux, jusqu'à ce que la justice tunisienne décide de poursuivre les anciens dirigeants, leur offrant ainsi une publicité inespérée.
- Lotfi Ali a été mis en prison par le passé puis libéré, parce qu'il a conclu avec l'Etat une réconciliation à l'issue de laquelle il a payé des millions de dinars. Le principe même de réconciliation, imaginé par Kaïs Saïed, est d'offrir la liberté aux supposés véreux contre une somme d'argent. Sauf que voilà, Lotfi Ali a payé sa supposée dette, mais le voilà jeté de nouveau en prison. En somme, l'Etat n'a pas respecté son engagement qui est pourtant inscrit dans la législation.
- Elyes Chaouachi est poursuivi pour terrorisme, parce qu'il a dénoncé un ou deux juges qu'il pense véreux et responsables de l'arrestation de son père. Défendre son père qui subit une grave injustice devient du terrorisme, sous ce régime.

Une stratégie de diversion par la répression
J'emprunte à Kaïs Saïed un peu de conspirationnisme pour conclure que la concomitance du conseil des ministres et les décisions judiciaires ne sont pas innocentes. Il devrait bien y avoir une relation entre les propos présidentiels et ces décisions judiciaires surréalistes.
Le président de la République n'a plus rien à offrir, ni de décisions utiles à proposer. Pour contrebalancer ce vide, il offre des condamnations comme pour dire : voilà, on est en train de travailler et de condamner les figures de l'ancien régime. Il pense offrir des calmants aux milliers de haineux des réseaux sociaux qui se délectent de ce genre d'annonces.
Le souci avec cette politique de calmants qu'il observe depuis 2021 est que le régime est en train de discréditer totalement son appareil judiciaire et le prestige de l'Etat.
Il offre au passage des signes de fébrilité et d'énervement. La majorité des indicateurs sont au rouge (croissance, inflation des produits alimentaires, chômage, IDE) et il ne sait plus quoi faire à part accuser les lobbys et évoquer les complots. Les condamnations à des peines lourdes pour des faits banals ne sont qu'un dernier artifice. Elles tentent de dissimuler une vérité gênante : le régime n'a plus rien à proposer, sinon sa propre colère.
Reste donc la répression. Unique levier d'un régime sans boussole. Mais même la peur, à force d'être instrumentalisée, finit par ne plus faire effet.


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