Par Abdelhamid Gmati On s'apprête à « fêter » le septième anniversaire d'une révolution qui n'a pas tenu ses promesses. En principe, lorsqu'on commémore un événement national d'importance, il y a un air de « fête ». Dans le cas d'espèce, il s'agit de la chute d'un dictateur qui a mis le pays sous tutelle personnelle pendant 23 ans. Mais, hélas, certains ne retiennent que la date, un certain 14 janvier. Il est vrai que le pays a vécu de graves crises durant ce mois de janvier : le jeudi noir du 26 janvier 1978 (crise entre le gouvernement et l'Ugtt), émeutes du « pain » (décembre 1983- 6 janvier 1984), insurrection du bassin minier (5 janvier 2008) et révolution tunisienne (17 décembre 2010 -14 janvier 2011). Il faut croire que certains veulent faire de janvier un mois de manifestations et d'émeutes. Pourtant, des manifestations et des grèves, il n'en a pas manqué durant ces 7 dernières années. Et pour n'importe quel prétexte. Un rapport du Forum pour les droits économiques et sociaux établissait l'ampleur des mouvements sociaux, ainsi que le taux de suicides et de tentatives de suicide, notamment chez des enfants de moins de 15 ans, durant les neuf mois de 2017. Il en ressort une recrudescence du nombre des contestations sociales qui passent de 6.493 en 2016 à 7.941 durant la même période avec un pic significatif au mois de mai 2017. Concernant les chiffres sur les cas de suicides et de tentatives de suicide, ils sont en légère baisse: 583 en 2016 (dont 40 concernant des adolescents de moins de 15 ans) contre 462 en 2017 (dont 43 concernant des adolescents de moins de 15 ans) durant la même période. On note aussi que c'est au cours des mois de mai (1.533) et d'avril (1.496) qu'on a compté le plus de mouvements sociaux. Au mois de janvier, on en a compté 970. Et les manifestations ont porté essentiellement contre le chômage, et pour le développement. Cette année, quelques parties ont appelé à manifester contre la cherté de la vie annoncée par la loi de finances. Des incitations à manifester ont envahi les réseaux sociaux. Deux mouvements « Fech Nestanew » et « Manich Msameh » ont appelé tous deux, via les réseaux sociaux, à des manifestations, en donnant une version très personnelle des augmentations des prix. Des partis politiques comme le Front populaire l'ont fait aussi. Ce qui veut dire que les manifestations de ces jours derniers ne sont pas spontanées. De plus, les manifestants connaissent-ils cette loi de finances ? Ont-ils déjà ressenti les effets des augmentations des prix de certains produits ? Les prix des produits de première nécessité n'ont pas été augmentés. Soit pour les manifestations, c'est un droit. Mais, phénomène nouveau : elles se passent en nocturne. Il est vrai que la nuit, tous les chats sont gris. Et pour cause : ces manifestants s'avèrent être des casseurs. Manifeste-t-on contre la « cherté de la vie », en pillant des magasins, des entrepôts, des boutiques ? Mieux : à Djerba, des manifestants « pacifiques » ont essayé d'incendier un lieu de culte juif à El Hara Kebira à Houmt Souk. Ces mouvements de protestation ont dégénéré en affrontements entre protestataires et forces de police. Le bilan, mardi dernier, s'est établi avec des dizaines de blessés dont des agents de sécurité, le pillage des entrepôts municipaux, l'incendie de 45 voitures de la police et l'arrestation de 206 individus. Du côté des politiques, certains parmi ceux qui, à l'Assemblée des représentants du peuple, avaient voté cette loi de finances, appellent aujourd'hui, à manifester contre cette Loi. Des députés appellent à des élections législatives et présidentielle anticipées. Un grand nombre s'acharne contre le gouvernement. Et le comble nous est offert par le député Adnène Hajji, qui se réclame du Front populaire et de l'Ugtt, qui affirme, mardi dernier à l'ARP, que « les protestations, de même que les pillages, sont légitimes ». Pour lui, l'Etat vole le citoyen, donc il est tout à fait légitime que celui-ci vole l'Etat. De même que le citoyen a tout à fait le droit de répondre aux violences par la violence ». Et il a terminé son discours par promettre au peuple, « un bain de sang pour cette année 2018 ». Juste une question : quel but poursuivent ces tenants du «mythe de janvier » qui tiennent un discours destructeur ?