Le parti choisit un positionnement différent du Front populaire, même s'il partage avec ce dernier le même "constat d'échec des gouvernements successifs". Al-Tayar a organisé hier une conférence de presse au siège du parti à Tunis, pour afficher sa position par rapport à la crise économique et sociale actuelle. Une position qui contraste avec les autres partis d'opposition, dont certains demandent la chute du gouvernement de Youssef Chahed ou la tenue d'élections anticipées. En effet, malgré les interventions musclées de Samia Abbou à l'hémicycle, et les critiques acerbes vis-à-vis de la politique menée par la majorité, le Courant Démocratique ne demande ni la chute du gouvernement ni l'organisation de nouvelles élections. D'ailleurs, le soutien aux protestations de ces derniers jours est assorti d'un refus catégorique de toute forme de violence ou d'actes de vandalisme. "Nous ne souhaitons pas rajouter une crise politique à la crise économique actuelle, souligne d'emblée Ghazi Chaouachi, secrétaire général et député du parti. Il y aura des élections en 2019, et nous demanderons aux Tunisiens de sanctionner la politique actuelle et de choisir notre projet". Le parti choisit donc un positionnement différent du Front Populaire, même s'il partage avec ce dernier le même "constat d'échec des gouvernements successifs". Mieux, Hichem Ajbouni, responsable des questions économiques, a été chargé par le parti de formuler un certain nombre de propositions pour extirper le gouvernement de la crise. "Dans les pays démocratiques, le rôle de l'opposition est de scruter les faux pas du gouvernement, pour mieux le battre lors des élections. Nous, nous nous opposons en proposant des alternatives", ironise Mohamed Hamdi, dont le parti (l'Alliance Démocratique) a fusionné il y a quelques mois avec Al-Tayar. Toutefois, tout comme le Front Populaire, Al-Tayar demande la suspension de l'ensemble des dispositions de la loi de finances prévoyant des hausses de prix en 2018. "Contrairement à ce que le gouvernement affirme, il y aura bien des augmentations de prix des produits de base en 2018, c'est écrit noir sur blanc dans la loi de finances", explique Ajbouni en s'appuyant sur les 333 MD de recettes supplémentaires prévus à cet effet dans le texte de la LF. En outre, le parti demande clairement la suspension de l'article 43 relatif à hausse de la TVA de 1 point. A la question de savoir par quel mécanisme le gouvernement pourrait-il réviser ses choix, Hichem Ajbouni répond : "En votant tout simplement une loi de finances complémentaire, dès le mois de mars, qui prendrait en considération également la hausse du prix du baril de pétrole, étant donné que l'hypothèse de 54 dollars est complètement erronée". Mais pour ajuster les prévisions et faire marche arrière sur les hausses de prix, le gouvernement devra se démêler pour mobiliser d'autres ressources. Là aussi, Al-Tayar, propose 11 solutions alternatives, parmi lesquelles la nécessité de resserrer l'étau autour des monopoles en contrôlant de manière plus efficace les circuits de distribution, le changement des billets de banque en circulation pour étouffer les contrebandiers, le recrutement de 1000 contrôleurs fiscaux qui permettraient de récupérer une partie des 4000 millions de dinars d'évasion fiscale, qui échappent chaque année à l'Etat. Le parti recommande également au gouvernement de mettre en place un impôt sur la fortune de 0,5% et de céder les participations non stratégiques de l'Etat dans certaines banques. Sur un tout autre sujet, le parti a menacé de boycotter les prochaines élections municipales, si aucune disposition sérieuse n'est prise pour garantir la neutralité de l'administration.