Derrière l'organisation imparable du World Innovation Summit of Education, derrière le travail que réclamait la préparation d'une telle rencontre, un Tunisien, discret, souriant, omniprésent, redoutablement efficace : Ilyès Falfoul. Rencontre. Récemment se tenait à Doha, au Qatar, le World Innovation Summit of Education, grand-messe de tout ce que le monde compte de décideurs, chercheurs, formateurs, concepteurs, enseignants, apprenants, en matière d'éducation. Au vu de la crise qui sévit actuellement dans les pays du Golfe, on aurait pu croire à une baisse d'intérêt pour cette rencontre qui en était à sa septième édition. Mais l'éducation n'a que faire de la politique, elle en transcende les problèmes, et ne s'y intéresse que pour les résoudre. Aussi jamais sommet ne fut aussi suivi : 2.400 personnes, issues de 100 pays, 900 jeunes étudiants et écoliers, réunis sous un même toit, étaient venus réfléchir sur le thème de «comment bâtir la paix, préparer un monde meilleur par l'éducation». Derrière l'organisation imparable de ces assises, derrière le travail titanesque que réclamait la préparation d'une telle rencontre, un Tunisien, discret, souriant, omniprésent, redoutablement efficace : Ilyès Falfoul. On avait déjà eu l'occasion de rencontrer ce Kairouanais bon teint lors du premier forum de Wise en Tunisie, première tenue de ces assises en dehors de Doha, qu'il avait réussi à organiser dans notre pays. Pour vous préparer, probablement, à ce marathon, vous revenez d'une retraite au Sri Lanka. Cela a été une année professionnellement très chargée. Avant d'entamer ce challenge qu'est l'organisation de Wise, il fallait que je retrouve un équilibre avec moi-même. Je me suis donc rendu dans cette retraite créée par un médecin qui a exercé à Londres, et qui réunit dans ce coin du bout du monde des gens soumis à une vie trépidante. Là, il leur propose un moment de méditation, des séances de yoga au bord de la mer, un régime végétarien, des réveils à l'aube, des discussions avec des gens extraordinaires, des lectures, et une déconnexion totale avec la technologie... Simple rencontre internationale au départ, le sommet Wise a énormément évolué ces dernières années. La crise qui a éclaté ces derniers mois dans le Golfe n'en a pas dénué l'impact. Quand nous avons hérité de Wise, en 2012, Stavros, mon patron, et moi-même, c'était un meeting international, avec beaucoup de moyens, mais pas de programme, pas de promotion d'innovation globale dans le monde. Nous avons tout de suite vu le potentiel de cette plateforme. Il fallait établir une continuité, créer un mouvement, renforcer le Prix, qui est devenu un Nobel de l'éducation et a donné à notre marque un label international. C'est vrai qu'avec la crise, nous avons eu des inquiétudes. En fait, on n'a jamais eu autant de présence. 3.300 personnes, dont 2.400 internationaux dont plus de la moitié ont totalement pris en charge leur voyage et leur séjour. Ce n'était pas évident de faire venir des gens de la Silicon Valley. On n'avait jamais vu une telle adhésion à ce jour, et cela a été une véritable caution pour nous. L'éducation comme facteur de paix sociale, les technologies reliées à l'éducation comme moyens de faire bouger un secteur encore conservateur, telles sont les grandes lignes de l'action que vous voulez promouvoir. Nous nous intéressons à trois sujets : les technologies de l'éducation, l'éducation du futur, et l'éducation de la petite enfance, car la période allant de l'âge de trois à six ans est critique pour le développement humain. Le sommet a vu une belle participation tunisienne. Effectivement. Le ministre était là, il a signé des accords. Quel que soit le ministre en place, j'ai toujours tendu la main pour tout ce qui concerne la Tunisie. Je m'attache à expliquer la méthodologie à appliquer pour que cela fonctionne : il faut présenter des projets bien ficelés, bien chiffrés, être précis. Actuellement, il y a une nouvelle génération qui gère le pays, des gens brillants, issus de grandes écoles, cela doit marcher. Le premier Wise outdoor se tenait en Tunisie. Où se tiendront les prochains ? Accra en mai prochain, New York en septembre pour la session des Nations unies, puis Paris en mars 2019 pour répondre à l'appel de Macron invitant les innovateurs.