Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.
Le système éducatif, vecteur de paix et de développement Institut des Hautes Etudes Commerciales de Carthage (IHEC) — Conférence de la lauréate du prix (WISE) Sakeena YaCoobi
Le médecin afghan Sakeena Yacoobi, lauréate du prix international WISE, a mis l'accent sur l'importance de l'éducation et de la formation Les forts en maths étaient au bord des larmes. Debout, comme un seul homme, ils ovationnaient Sakeena Yacoobi, médecin afghane, dernière lauréate du prix Wise, venue leur présenter son parcours et leur transmettre sa foi et ses espoirs. Le ton était à l'émotion ce jeudi-là, dans la grande salle de l'Institut des Hautes Etudes Commerciales de Carthage où, à l'occasion du World Innovation Summit Education, était réuni le vivier de la Tunisie de demain. Le tempo avait été donné dès l'ouverture, par le brillant discours de Wided Bouchamaoui qui rendait hommage à «la Tunisie, tolérante et moderne, révolutionnaire et résistante», fruit de l'école de la république de Bourguiba. Mais qui constatait également, avec inquiétude, que dans un état des lieux peu flatteur «jamais la question de l'éducation ne s'est posée avec autant d'acuité et de gravité». WISE qui signifie aussi «Sage» est une plateforme créée par la Fondation Qatar qui consacre l'Innovation en matière d'éducation. C'est un véritable comité de sages que l'on avait réuni pour expliquer à ces jeunes venus de tous bords que l'éducation est seule porteuse de paix et de développement. Ils étaient venus de tous les horizons écouter la bonne parole, et réclamer une éducation adéquate : la représentante émouvante et érudite des personnes à besoins spécifiques, celui de la communauté Bahaï, qui remettait en question le culte rapace de la réussite, le Somalien qui a vécu dans un camp de réfugiés où il était difficile d'avoir accès à l'éducation, ou Kenza, petite fille de 12 ans qui, elle aussi, réclamait une éducation plus participative. Sur le podium, les orateurs se succédaient, répondant aux questions toutes ciblées, toutes judicieuses, toutes soulevant de vrais problèmes. Sakeena Yacoobi avait incontestablement la vedette, évoquant avec humilité et simplicité un parcours prestigieux entièrement voué au développement de l'éducation dans un pays difficile, l'Afghanistan. A l'arrivée, 25 écoles, 25.000 élèves, un système d'éducation virtuelle pour les régions impénétrables, une action continue ciblant les femmes, une implication totale de la société civile, et un changement sensible de la société afghane. Longuement sur la sellette, ayant réponse à tout, reconnaissant les lacunes, laissant échapper quelques scoops, le représentant du ministère de l'Education nationale M. Nejib Zbidi était probablement le plus sollicité. Il évoquait, longuement, le programme de lutte contre l'abandon scolaire et la campagne « L'école récupère ses enfants», et annonçait une plus grande collaboration avec différents ministères. On lui demandait, par contre, quel système d'éducation pourrait transformer l'énergie des jeunes en travail, en allant au-delà de la violence. Question encore sans réponse. La représentante de l'Unicef annonçait, quant à elle, un nouveau modèle d'éducation, essentiellement ciblé sur les très jeunes enfants. Partant d'un constat affligeant — les enfants ne rient plus, ne chantent plus, ils pleurent à l'école — elle annonçait un nouvel angle d'approche : un enfant qui commence l'école à 3 ans ne doit pas apprendre à lire ou à compter, mais à jouer, rire et vivre ensemble. Des centres témoins seront, d'ailleurs bientôt ouverts, qui permettront d'appliquer cette nouvelle approche éducative. Autre lacune décelée dans notre système éducatif : la formation des formateurs souvent oubliée. Comment conclure ce foisonnement de réflexions, de propositions, d'expériences, sinon en reprenant le mot d'ordre de Sakeena Yacoobi : formation, formation, formation.