Un article paru dans votre journal La Presse (dimanche 07/01/2018, page 9) ayant pour titre «Formation professionnelle continue : Adhésion faible des PME». Avec cet article et le titre proposé on donne l'impression que les entreprises tunisiennes sont encore réticentes envers la formation continue et qu'elles n'ont pas encore la culture suffisante y afférente. En réalité, c'est tout à fait le contraire, dans le sens où nos entreprises sont empêchées indirectement par la législation et la bureaucratie administrative, et ce, pour réaliser librement des actions de formation dans la limite de leur budget ou des montants TFP payés à l'Etat. Avec la législation d'avant 2009, on recense environ 10.000 entreprises qui ont adhéré à la réalisation des actions de formation, la question qui se pose : pourquoi on a chuté à moins de 3.000 entreprises en 2015 ? La cause principale est le décret n°292-2009 (voir JORT N°11/2009) qui annule et remplace l'ancien décret (N°93-696). En fait, l'ancien décret, relatif à la formation continue, donne aux entreprises la liberté totale de ristourner complètement et totalement le montant de leur TFP moyennant un accord préalable de l'administration en question. Par contre, le nouveau décret empêche et interdit purement et simplement aux PME de réaliser des actions de formation surtout à celles qui paient moins de 1.000 DT comme TFP et on limite la ristourne à 60% pour les autres entreprises, moyennes et grandes. Ici, une autre faute grave de l'administration, à savoir ne pas distinguer moyenne et grande entreprise et les mettre ensemble dans le même paquet ! Alors que les grandes entreprises peuvent réaliser quelques programmes de recyclage et de mise à niveau de leur personnel, les moyennes et surtout les petites entreprises s'en trouvent par contre pénalisées. En 2010 et suite à l'application de ce nouveau décret catastrophe, c'est tout à fait normal que les PME ne peuvent plus financer leur programme de formation continue ou de recyclage de leur personnel et ainsi les pénaliser, sans qu'on le sache, à recruter ou à stabiliser leur effectif. Ce n'est pas la peine de parler du Droit de Tirage prévu par ce nouveau décret, et ce, comme un moyen de compensation. Cet outil est considéré comme une usine à gaz procédurale et dont les retombées ont été jugées inefficaces, y compris par l'administration elle-même. Reconnaissant cette problématique, le ministère de la Formation professionnelle a promis depuis 2013 d'appliquer un programme global de réforme de la formation professionnelle (initiale et continue) ; mais on attend toujours la volonté politique nécessaire pour mener à terme cette reforme. En attendant, nos PME continuent à souffrir et continuent ainsi ni à former ni à recruter de nouveaux effectifs. Comme conclusion, ce n'est pas une question de volonté ou un manque d'adhésion du côté des PME et il est aussi inutile de chercher comment les encourager par d'autres moyens indirects et inutiles, mais il suffit d'appliquer la réforme en question ou d'annuler et de remplacer le décret catastrophe en question, et ce, au moins pour reprendre progressivement le rythme d'avant 2010, à savoir environ 10.000 entreprises bénéficiaires. On peut, de ce fait, contribuer et encourager les PME à recruter de nouveau et ainsi participer, tant soit peu, à faire baisser le chômage galopant dans notre pays !!