Par Jalel MESTIRI La violence dans le football est-elle l'affaire de l'autorité de tutelle ou de l'instance fédérale? Qui doit s'en occuper? Les deux, bien sûr. Mais seules les personnes et les structures suffisamment aptes et suffisamment averties ont les moyens d'aller au cœur des choses. La fracture n'a jamais été si grande. Les supporters ne se retrouvent plus dans le milieu et l'ambiance auxquels ils sont prédestinés. Ils sont quelques centaines à poser problème. Doit-on punir les mille autres? Si on aime le football et tout ce qu'il propose, tout ce qu'il apporte aussi, on est censé reconnaître l'environnement et le climat qui l'entourent. L'ambiance des stades. Celle qui sublime un match. Celle qui donne des ailes à certains joueurs et qui capsule d'autres. Celle qui fait trembler. Oui, c'est pour ça qu'on aime le foot. C'est pour la même raison aussi et surtout que l'on n'aime pas la violence et les actes de déchaînement et d'animosité qui en résultent. Ils dénudent le foot de son charme et de son spectacle. Quelle que soit son importance, un match n'a pas la même identité et la même vocation quand les tribunes du stade sont vides. Vides de supporters, donc vides de chaleur. Immensément tristes. Mais alors quels moyens et quels recours pour faire face aux fauteurs de troubles ? Vaste question! Car il n'y a pas de solution miracle. Faudrait-il commencer par appliquer la loi, en finir avec les effets d'annonce, cibler les noyaux durs ? Assurément, c'est ce qu'on appelle les solutions de facilité. L'on doit en effet comprendre qu'il serait insensé de couper complètement tout dialogue avec les supporters. Une forme de contact doit être sauvegardée. Le football reflète la société. Or la société actuelle est violente un peu partout... Le supporter ne vit pas hors du monde. Même dans l'excès, on est persuadé qu'il y a une majorité du public soucieuse d'en finir avec la violence. Ceux qui prétendent aujourd'hui veiller à la marche du football donnent l'impression d'être coupés de la réalité. C'est comme si on entrait dans une contre-société : accuser l'autre d'être pire que soi. La violence dans le football est-elle l'affaire de l'autorité de tutelle ou de l'instance fédérale? Qui doit s'en occuper? Les deux, bien sûr. Mais seules les personnes et les structures suffisamment aptes et suffisamment averties ont les moyens d'aller au cœur des choses. On aurait besoin d'un regard qui va au-delà du sport, un regard sociologique, pourquoi pas, pour étudier l'état d'un club, de ses supporters. Dans leurs excès, dans leurs qualités, dans leurs défauts. L'état d'un club dans toutes ses composantes. C'est peut-être cette réalité, assez compliquée, que les politiques refusent de voir. Le populisme semble aujourd'hui passer avant l'exemplarité. L'effet d'annonce pour masquer les échecs. Ceux qui entretiennent les polémiques oublient qu'ils ont aussi leur part de responsabilité dans les dérives qui accompagnent le football. Ils ignorent le monde des supporters, les usages, les valeurs souhaitables. Ils se sont coupés de toute une partie du public. La plupart ont depuis longtemps perdu tout crédit. Ils sont mal placés pour intervenir. Encore moins pour donner des leçons! Si les supporters ont le sentiment d'incarner la fidélité à leurs couleurs, à leurs clubs, d'être en quelque sorte éternels, la plupart des responsables sportifs d'aujourd'hui sont considérés comme étant de simples passagers. Et cela veut tout dire