«Un chaudron éteint, c'est un football sans saveur» D'habitude bouillant, le chaudron de Radès a été muet récemment. Si des huis clos partiels ont déjà été appliqués en plusieurs occasions (quota de supporters et contingences), jouer devant des gradins vides dénature totalement le sport-roi. Et l'on a de plus en plus recours à cette solution radicale depuis quelque temps. Tous les stades ont été frappés de cette sanction. Personne n'y échappe. Récemment, et outre le CA, l'USBG ferait aussi les frais du comportement d'une frange de son public. La faute à qui ? La faute aux débordements, forcément. Jets de fumigènes et de projectiles, agressions...Les précédents sont nombreux. Pour Rchid Zmerli, porte-parole du CA, c'est rageant d'en arriver là: «Il faut prendre de la hauteur par rapport à cela mais ce n'est pas évident. Après les incidents qui ont perturbé la rencontre du derby, nous n'avons pas caché notre écœurement sur l'évolution de la société en général, et du football en particulier. Le monde est fou, le monde est Stone ! C'est très dommageable pour le sport. Il faut faire attention car il y a des dérives et le huis clos n'arrange pas tout. On arrive à des extrêmes et il faut soigner le mal à la racine. Ce climat de violence globale est inadmissible, il faut l'éradiquer. Sauf que l'on ne soigne pas la violence avec la répression. Les dérives sont telles, que tantôt, ça dépasse le cadre du sport. Quitte à me répéter, je dirais qu'il s'agit d'un problème de société qu'il faut forcément traiter en organisant une conférence nationale sur le supportérisme. Vous savez, l'on ne peut éternellement incriminer les dirigeants du football pour n'avoir pas réagi suffisamment vite . On paie la note car on a laissé faire. On a donné beaucoup d'importance à certains ensembles qui dégénèrent. Les clubs ne doivent pas automatiquement subir les conséquences. Quant à savoir si le huis clos avantage l'équipe qui reçoit ou celle qui se déplace, En réalité, pour les 22 acteurs, supporters ou pas, il faut faire le taf et c'est tout» ! «Immensément triste» ! «Dans le foot, si on aime surtout le spectacle proposé sur la pelouse par 22 compétiteurs, on adore plus que tout l'ambiance qui entoure tout cela. La ferveur des stades, quoi ! Celle qui sublime une rencontre. Celle qui donne des ailes à certains joueurs alors qu'elle en plombe d'autres. Bref, celle qui fait frissonner tout le monde. Oui, c'est pour ça qu'on aime le foot. Et pour la même raison que l'on n'aime pas les matchs à huis clos. Récemment, l'on a joué devant des gradins vides. Aux alentours, étaient présents juste les entraîneurs, les joueurs restés sur le banc, et quelques officiels dispersés par-ci, par-là. Une drôle de sensation. L'écho dans un stade vide, ça ne rime à rien. Un stade vide de supporters et vide de chaleur. C'est immensément triste ! Car au moment où les joueurs pénètrent sur la pelouse, ce même moment où les mélodies des fans résonnent dans le stade, on aime regarder ces tribunes vivantes. Ces visages de supporters dessinés par la joie. La joie d'être là, de vivre ces moments riches en émotions! Quand on entend une mouche voler dans le stade, rien n'est pareil ! Si vous trouvez ça étrange devant votre téléviseur, sachez que c'est encore plus particulier quand on est présent à un match décrété à huis clos, tel un privilégié qui n'en est pas un. C'est une étrange sensation. C'est vraiment bizarre. Surtout quand il s'agit d'un choc où il y a normalement une grosse pression. Au moment de l'entrée des joueurs, je crois que c'est le plus étrange. Ce n'est vraiment pas pareil. Il est là, le vrai moment critique. Ce moment où ce sont normalement les hurlements de la foule qui mettent tout le monde dans le bain. Si tout le monde préfère un match qui se dispute dans un stade plein à craquer, avec une foule en délire, il est important de noter que le huis clos a ses avantages. Après tout, il faut bien trouver des aspects positifs dans son malheur. Ceux des matchs à huis clos sont la communication, évidemment. Dans un stade où personne ne crie, on s'entend, donc on peut communiquer plus entre nous. C'est l'un des seuls avantages, d'ailleurs. Pas de quoi combler le manque de ferveur populaire cependant, c'est certain. Car ce qu'on aime, indépendamment de tout, c'est un stade vivant. Cela dit, en situation de huis clos, on ne peut avoir plus de mal à se transcender. Car, au final, le bruit, l'ambiance, le monde, tout ça manque énormément dans ce cas d'espèce. Et cela est aussi valable pour l'équipe qui se déplace. Car si l'on pense qu'elle est rassurée à l'idée de ne pas subir les railleries des fans locaux, on se trompe lourdement. Même la pression des supporters adverses, au final, elle est agréable, car justement, elle te met dans le bain, elle te motive. C'est incontestable. Et le problème est bien là, car malgré tout ça, sans cette ferveur et cette motivation naturellement apportées par la liesse des supporters, il faut jouer ce match avec l'importance qui est la sienne. Un match qu'il faut gagner, même dans le silence» !