La grande salle du siège de l'Utica était archipleine hier. Des chefs d'entreprise dans divers secteurs et de diverses régions étaient venus élire leur nouveau bureau exécutif. Un événément de grande importance pour cette organisation patronale qui s'est positionnée, ces dernières années, comme un acteur fondamental sur la scène politique, économique et sociale. Un rôle qu'elle a joué aux côtés des autres organisations de la société civile, et essentiellement son partenaire social, l'Union générale tunisienne du travail, et qui a été couronné par un prix Nobel de la paix grâce à la réussite du Dialogue national. Le congrès national constitue ainsi un moment essentiel dans la vie de cette organisation, surtout dans ce contexte socioéconomique difficile, pour reconsidérer son positionnement et ses relations à la fois avec le gouvernement et avec ses partenaires sociaux. Le moment phare de ce congrès a été certainement l'annonce par Wided Bouchamaoui, présidente sortante de l'Utica, de retirer sa candidature de la course électorale. Une décision qui a été prise, selon elle, pour des raisons personnelles et non pas suite à des pressions au sein de l'Union. Après deux mandats à la tête de l'Utica, Mme Bouchamaoui se retire ainsi de la présidence pour laisser la voie aux 93 candidats au nouveau bureau exécutif appartenant à toutes les structures de l'Utica et de tous les secteurs d'activités. Il est à noter que ce congrès fait suite à tout un processus de renouvellement des 24 unions régionales et des 18 fédérations professionnelles, lancé depuis six mois. Mme Bouchamaoui a insisté, lors de la séance d'ouverture du congrès, sur le rôle de l'Utica dans la consécration de la paix sociale à travers le Dialogue national qui a été couronné par le prix Nobel pour la paix. Elle a indiqué que l'organisation patronale a été la première à tirer la sonnette d'alarme concernant la situation économique difficile et la fragilité de la transition démocratique sans un redressement économique rapide. «L'Utica a proposé plusieurs initiatives pour réformer et relancer l'économie. La dernière proposition en date est un plan de sortie de la crise. Dans le même contexte, elle a contribué à l'élaboration du contenu du Document de Carthage et elle a donné sa vision et des lignes directrices pour la loi de finances de 2018», a-t-elle affirmé. Elle a ajouté que l'entreprise tunisienne a fait, au cours des dernières années, d'énormes sacrifices, notamment à travers l'acceptation de l'augmentation exceptionnelle de 7,5% des impôts édictée par la loi de finances 2017, dans l'espoir que le produit de cette augmentation ira au développement, à l'investissement et à l'emploi. Un objectif qui n'a pas été réalisé, selon elle, et la loi de finances 2018 a imposé de nouvelles charges pour l'entreprise, fiscales et sociales. Engagements Mme Bouchamaoui a indiqué que l'Utica a défendu toutes les revendications légitimes exprimées par certaines professions et a souvent obtenu des gains pour les secteurs concernés. Elle a ajouté que des efforts ont été déployés sur un certain nombre de priorités, notamment la réhabilitation de la valeur du travail et l'arrêt des sit-in, des grèves aléatoires et de toutes les manifestations de violation de la loi. «L'Utica a continué à affirmer son soutien à l'initiative privée, à l'amélioration du climat des affaires, à l'assainissement du climat social et au renforcement de l'esprit d'entreprise, en particulier dans les régions de l'intérieur, et a appelé à trouver une réponse sérieuse au commerce parallèle et à la contrebande», a-t-elle lancé.L'ancienne présidente de l'Utica a également souligné que l'organisation n'a jamais manqué à ses engagements vis-à-vis de son partenaire social l'Ugtt, à travers les négociations sociales qui étaient assez difficiles, dans le but de maintenir le pouvoir d'achat du citoyen. Elle ajoute que toutes les décisions ont été prises en coordination avec les structures décisionnelles de l'Union. «Oui, certaines décisions ont été difficiles et douloureuses et ont incité certains à chercher d'autres structures pour défendre leurs intérêts. Tout en respectant ces choix, nous affirmons que quitter l'Union n'est pas la meilleure solution, car notre force réside dans notre unité et parce que l'Utica est pour tous et qu'elle est ouverte à toutes les visions et les propositions», insiste-t-elle. Organisation apolitique Mme Bouchamaoui a affirmé aussi que l'Utica restera toujours une organisation apolitique, mais qui s'intéresse à la politique en ce qui concerne son impact économique et social, appelant à prendre les décisions appropriées pour l'intérêt du pays, loin des calculs politiques et électoraux étroits. Elle a, ainsi, indiqué qu'elle a œuvré durant son dernier mandat à donner aux activités de l'Utica une nouvelle vision, en renforçant la dimension citoyenne, à travers la signature d'une convention avec le ministère de l'Education pour la restauration de 200 établissements à travers le pays, la création de la Fondation Utica consacrée aux activités sociales et caritatives et l'Académie de l'Utica pour la formation des membres et des cadres de l'organisation. Dans cet esprit, Mme Bouchamaoui a indiqué qu'un bureau d'étude est en charge de la réalisation d'une étude sur l'image de l'Utica auprès de l'opinion publique nationale et des chefs d'entreprise afin d'élaborer un plan de communication qui sera soumis au nouveau bureau exécutif. L'ex-présidente de l'Utica a ajouté que la bataille d'aujourd'hui est une bataille pour l'emploi. «Il ne peut y avoir d'emploi sans investissement comme il ne peut y avoir d'investissement sans stabilité», a-t-elle lancé.