Par Jalel Mestiri Que des joueurs, ou des supporters arborent un message politique, cela est considéré comme étant une déviance à laquelle il faut faire face. Plus soucieux de « l'apolitisme » que de l'éthique sportive, les responsables politiques restent intransigeants, et cela ne date pas d'hier. Dans la catégorie consensuelle, ce type de souvenir fait plutôt l'unanimité. Les autorités de tutelle n'en ont cure. Le football n'est pas le reflet de la société, mais un de ses acteurs à part entière. Que ce soit sur le terrain, dans les tribunes ou en dehors des stades, les questions partisanes viennent des fois à s'y exprimer. Et aucune censure ni amende ne pourra jamais l'empêcher. Au fait, quoi de plus politique que le football ? Sport globalisé, culte populaire, pouvoir financier et politique, enjeu géopolitique, le football est un phénomène complexe et multiforme. Comment s'en servent les politiques dans l'exercice de leur pouvoir et avec quelle différence entre les différentes tendances ? De quel pouvoir dispose le football dans notre vie publique ? Evénement à retentissement mondial, nous sommes aujourd'hui en présence d'un sport populaire et universel. Un sport qui occupe largement les titres de l'actualité. Difficile de ne pas aimer le football lorsqu'on fait de la politique, à moins de se mettre sur le dos des milliers de compatriotes. Sport parmi les sports, le football est paré de toutes les vertus populaires: saine émulation, symbole d'intégration. Face à la manière avec laquelle les supporters de l'Espérance ont voulu rendre hommage à la cause palestinienne, face à un pouvoir concurrent de ce qu'ils croient leur appartenir, les responsables politiques ont alterné dans leur intervention à la fois interdictions, fausse tentative de régulation et finalement un silence coupable. Devant la grande mobilisation des supporters espérantistes en faveur d'une cause noble, ils étaient partagés entre une volonté de réprimer une manifestation qui donnait pourtant la nette impression de ne jamais déborder et le souci de ne pas se couper d'un pouvoir dont la popularité attire n'importe quel dirigeant politique. Ils n'ont pas compris que c'est aussi souvent par le foot que les maux de la société s'expriment. Ils n'ont pas compris qu'il y a bien longtemps que le sport le plus populaire est devenu plus qu'un simple loisir. Plus encore : victime de son succès, le football est aujourd'hui instrumentalisé. Mais l'on ne cesse de penser que tout symbole politique doit être impérativement proscrit dans le football. Que des joueurs, ou des supporters arborent un message politique, cela est considéré comme étant une déviance à laquelle il faut faire face. Plus soucieux de « l'apolitisme » que de l'éthique sportive, les responsables politiques restent intransigeants, et cela ne date pas d'hier. Dans la catégorie consensuelle, ce type de souvenir fait plutôt l'unanimité. Les autorités de tutelle n'en ont cure. Difficile de ne pas réagir devant le spectacle d'un environnement dans lequel l'excès de zèle domine et semble n'obéir qu'à ses propres règles. Les supporters de l'Espérance ont voulu rendre hommage au peuple palestinien. Il était absolument normal qu'ils soient autorisés à le faire. La perception selon laquelle on avait géré la manifestation a été une distorsion des faits. Les valeurs du football sont aussi sonnantes que celles des causes nobles. Il représente jeu, plaisir, mais aussi un idéal démocratique en acte. Les légendes qui continuent à le structurer imprègnent la société tout entière.