Il est rare de voir le public de Mûsîqât s'emporter : un pari que Marianne Green et les Fir Dana ont réussi pourtant haut la main, dans la soirée du jeudi 14 octobre. Il n'est pas étonnant que la musique traditionnelle irlandaise soit du goût de ce public venu nombreux pour subir l'enchantement par la voix de Marianne Green. Avec les Fir Dana, elle a concocté un programme consistant, où la musique, le chant et la danse se rencontrent pour célébrer la tradition irlandaise. A l'image du riche et original parcours de cette jeune chanteuse, la soirée n'a donné le temps à personne de s'ennuyer. D'origine italienne, danoise et anglaise, Marianne Green a fait du chant traditionnel irlandais sa spécialité, en tant qu'auteur-compositeur-interprète. Avec son allure élancée et sa robe verte comme les plaines d'Irlande, elle donne l'air d'une fervente représentante de son pays. Avant Tà mé mo shut, le premier titre qu'elle a interprété, les Fir Dana ont joué deux morceaux de musique instrumentale où la percussion (bodhran) côtoie la guitare, l'accordéon diatonique et la flûte, caractéristique du son traditionnel irlandais. La voix douce de Marianne Green accompagne les rythmes joyeux de la musique et les titres se succèdent. Quant aux paroles, elles sont en anglais et en gaélique (langue celtique), deux langues que les Irlandais pratiquent couramment. Leurs chants traditionnels en portent donc le signe. Ils parlent de figures de la mythologie celtique irlandaise. Les chansons de Marianne Green sont pour la plupart un hymne à l'amour, perdu ou désespéré. Elles évoquent souvent la rencontre entre les amoureux et les fées, " auxquelles notre tradition croit", nous dit-elle en souriant. Une rencontre qui change le destin de ces amoureux. D'autres titres sont dédiés aux immigrés, surtout vers les Etats-Unis, une grande destination pour les Irlandais. Marianne Green n'oublie pas non plus les arbres de son pays, évoqués dans la chanson Bowny Portmore. Entre les chansons, les morceaux de musique instrumentale et les merveilleux solos, une danseuse de la troupe " Green steps " montait sur scène pour effectuer des pas de danse traditionnelle irlandaise. Marianne Green est à son tour danseuse dans cette troupe et co-fondatrice de la " Dark Green School of Irish Dancing ". Ce deuxième talent de l'artiste, le public l'a découvert à la fin du spectacle quand elle a fait une démonstration, après avoir interprétée The dear irish boy, chanson éponyme de son dernier album (2010). Cet album contient une douzaine de titres, entre ceux qu'elle a composés et ceux qui appartiennent au répertoire traditionnel irlandais, principalement celui de l'Irlande du Nord, du County Down et de Belfast, qui ont imprégné son style musical.