L'Alecso vient de lancer une initiative mondiale pour la Sagesse, choisissant l'éducation pour le premier des 12 thèmes qui vont être successivement débattus cette année. Des thèmes hors normes, flirtant avec l'éducation expérimentale et projetant les enfants vers l'avenir pavent cette initiative. «Chaque être humain est unique, mais nous avons besoin de communiquer entre nous, car nous sommes dans la période post-normale (post normal time) avec la vitesse de changement qui monte en exponentielle. Le monsieur-normal ne peut concourir, il a besoin de suivre le ton universel. Klaus Schwab, fondateurs du WEF-Davos, dit que nous n'en sommes plus à ce que les gros poissons mangent les petits, mais aujourd'hui ce sont les poissons les plus rapides qui prévaudront. Le domaine le plus vital est celui de l'avenir, tout se passe en un clin d'œil. C'est dans ce réceptacle que nous devons penser les défis de notre nation», atteste Dr Maher Khedher, instigateur de l'Année internationale de la Sagesse lancée avec l'Alecso par l'Académie méditerranéenne des affaires. Platon et Socrate auraient évolué «Nous n'éduquons pas nos enfants pour qu'ils restent à la maison, nous devons les préparer à sortir vers le monde et y apposer leur trace en ayant en tête le fait que 30% des métiers qui vont venir au-delà de 2020 n'existent pas encore et 30% de ceux qui sont actuellement en cours disparaîtront», ajoute Dr Khedher. Mais, pratiquement, comment mettre sur le terrain cet état d'esprit ? Selon notre interlocuteur, rien de mieux qu'un exemple : «Une enseignante donnait des cours sur le Floppy-Disk qui n'est plus en usage. Je lui ai demandé pourquoi. Elle a répondu que c'était dans le programme. C'est en traitant en profondeur ce genre de comportement que nous parviendrons à "sauver" nos enfants. Si Platon et Socrate venaient maintenant avec l'Internet of Things et l'intelligence artificielle, l'imprimante 3D et la 4e révolution technologique, ils devront eux aussi évoluer». De son point de vue de chercheur réfléchissant sur l'avenir de l'éducation, ce n'est pas le seul comportement à revoir et même les plus prestigieux sont menacés : «Si la Chine continue sur sa lancée actuelle en matière d'éducation, elle sera déphasée devant la vitesse des changements. Ce sont seulement les pays qui sont en train de réellement implanter le modèle équivalent à la Silicon Valley qui pourront parvenir à donner le change dans ce monde en perpétuelle évolution». En classe, faut-il suivre le programme ? Ce sont les mêmes thèmes de vivacité de l'apprentissage que reprend Dr Hussein Chtioui, expert-consultant : «Il n'est pas absolument nécessaire que le prof dans les classes suive à la lettre le programme, nous nous attendons au contraire à un changement de vocabulaire, aborder les sujets de la manière qui leur permette un enrichissement des cursus. Avec mes étudiants, nous sommes en train de changer les concepts de l'enseignement des mathématiques, avec une palette immense de possibilités qui deviendra une vraie révolution dans l'apprentissage des mathématiques. Une nouvelle loi mathématique qui n'existe dans aucun manuel est en passe de voir le jour par le biais de nos travaux». Comment user de notre science pour des utilisations pacifiques ? C'est l'une des interrogations capitales de l'éducation de la sagesse, selon Chtioui. Mais ces perspectives sont-elles vraiment à la portée de tous ? «Nous sommes conscients que certaines familles ne sont pas du tout capables de faire bondir leurs enfants vers de nouvelles crêtes, simplement par les conditions matérielles objectives dans lesquelles vivent ces familles, nous savons qu'il existe d'excellentes écoles mais nous savons aussi qu'elles sont inaccessibles pour beaucoup de familles. Nous sommes dans le continent africain et les difficultés sont légion», répond notre interlocuteur. Seulement, il insiste sur le fait que l'évolution se fera et que notre devoir est de tout tenter pour que nos enfants en fassent partie. «Ali Ibn Abi Taleb dit : Préparez vos enfants pour un temps qui ne sera pas le vôtre. Nos pédagogies vont souvent à l'encontre de ce principe, nous en sommes encore à donner des corrections physiques aux enfants, alors que nous voyons dans les écoles scandinaves que les enseignantes prennent les enfants dans leurs bras. Il ne faut pas s'étonner que nos enfants ne sont pas contents quand ils vont à l'école. Nous n'avons plus besoin que les profs soient des personnalités dominantes, ils ne rendent pas service à nos enfants qui ont besoin d'évoluer», recommande-t-il.