Qui sont les kpopers tunisiens et pourquoi s'intéressent-ils à cette culture? La culture coréenne en fascine plus d'un et plus d'une en Tunisie. C'est le cas des jeunes du club «Tunisian Korean Events» (T.K.E), lancé la semaine dernière à la Faculté des sciences de Tunis, dont viennent la plupart de ses membres. Quelques jours après l'inauguration du club, ils ont organisé leur premier événement, «Kpop super party». Kpop est un diminutif pour «Korean pop» qui désigne la musique pop du pays asiatique, basée autant sur l'image, des stars et de leurs clips, que sur les rythmes de leur musique. Ses fans sont appelés «Kpopers» et ils sont fascinés par ce phénomène qui s'étend à d'autres aspects de la culture coréenne en général, et en particulier la culture pop, comme la «Kdrama» ou Korean drama, à savoir les séries télévisées. Le phénomène est appelé la «vague coréenne» et envahit depuis les débuts des années 2000 le monde entier, dont la Tunisie un peu plus récemment. «Leur culture est différente de la nôtre sur beaucoup d'aspects. Ils sont organisés, respectueux les uns envers les autres et cute (mignons). Nous avons beaucoup d'admiration pour eux», nous explique Nermine, 23 ans, secrétaire générale de T.K.E. «Oui, ils ont beaucoup de respect et pas de vulgarité. Il n'y a pas de vols ou de gros mots. La kpop et la kdrama sont très spéciales et typiques, dans l'image, les sons, les histoires qu'elles racontent. Les stars citent souvent les références de leurs œuvres et incitent ainsi les adolescents à lire», ajoute Yosra, responsable communication du club. Elles nous parlent de cet univers très médiatisé avec plusieurs versions de Music Awards, et une industrie développée, avec des fans cafés, des applications mobiles et des jeux vidéos dédiés aux fans et à l'échange avec les stars. «Les sociétés de production investissent les moyens qu'il faut pour des produits de qualité», expliquent-elles. Justement, ne sont-elles pas en train d'exploiter ces stars? Nous posons la question en citant l'exemple du suicide de la star Kim Jong-hyun en décembre dernier, à cause de la dépression. «C'est l'envers du décor. Ils ont fait ce choix et ça peut être le prix à payer», répondent-elles vaguement. Les membres du T.K.E préfèrent voir et promouvoir le côté lumineux de la culture pop sud-coréenne. Cela se voit au programme, et à l'ambiance de l'événement qui s'est déroulé à la Cité des sciences. Au programme, en effet, projection de film, célébration du mariage de la star Teayang, karaoké, danse et exposition dédiée à la culture coréenne : dégustation de kimbap, stand d'habits traditionnels «hanbok» fournis par l'ambassade sud-coréenne en Tunisie et qui peuvent être portés par les participants le temps de la Kpop super party, vente de goodies, présentation de jeux traditionnels et de la langue et la calligraphie coréennes. Ouverts et accueillants, les jeunes de la T.K.E ont reçu la visite d'autres kpopers ou de parents ramenant leurs enfants à la découverte de la culture de ce pays si différent du nôtre. Certains encourageaient leurs progénitures à prendre le micro et à chanter l'une des nombreuses chansons kpop qu'ils connaissent par cœur, en anglais comme en coréen, grâce aux séries qu'ils regardent à la télévision ou sur internet et aux paroles des chansons. L'ambassade sud-coréenne offre également un cours de langue gratuit à la Faculté de La Manouba. Yosra, qui suit ce cours, nous dépeint le profil des kpopers tunisiens. «Il y a une grande masse de fans en Tunisie, des associations et des clubs dédiés à la kpop dans plusieurs villes, comme Bizerte, Sfax et Gabès. Ils ont entre 12 et 24 ans. Ils commencent à s'y intéresser au collège et au lycée, mais après leurs études, leur intérêt diminue, car ils intègrent la vie active et n'ont plus assez de temps pour cette passion», précise-t-elle. Agé de 27 ans, Ahmed, membre de T.K.E, semble être une exception. «Je regarde les films, les sériés et j'aime la musique et le style de leurs habits. Les vidéos sont de bonne qualité et les chansons très belles. J'aime la langue, la manière d'être et les traditions coréennes. Même si je ne suis pas étudiant à la faculté des sciences, je suis membre du club, je m'implique dans l'organisation et j'aide du mieux que je peux», assure-t-il. Le club compte, en effet, sur ses propres moyens. Ses activités sont auto-financées, nous explique sa présidente Ghofrane. Ces ambassadeurs de la kpop n'en oublient pas la culture tunisienne. «Nous œuvrons pour l'échange entre les deux cultures. Nous avons beaucoup d'amis coréens qui assistent et participent à nos événements. De plus en plus de Coréens viennent en Tunisie pour apprendre notre langue et connaître notre culture», affirme la présidente de la T.K.E.