Des chansons françaises de renom et des couleurs jazzy réarrangées sur un takht oriental. Une soirée originale au Theater 1797 de l'école américaine samedi dernier. Dans le cadre de ses actions pour favoriser le métissage musical entre la musique tunisienne et les musiques occidentales de tradition orale, Jean-Marc Bellenger, responsable du projet Remix, a présenté au Theater 1797 (école américaine de Tunis) son travail de réarrangements de standards de la chanson française (Piaf, Brassens, Montand, Nougaro) avec un takht tunisien de haut niveau. Rappelons que le takht est la formation traditionnelle de musique de chambre arabe, avec le oud, le qanun, le violon, le nay et le tar. Une soirée qu'on qualifiera de haut niveau parce que, au-delà du travail de réarrangements, Myriam Laraïedh a fait preuve de présence vocale remarquable et qui assure la performance aussi bien dans le répertoire oriental que dans la chanson internationale, accompagnée qu'elle était par Achref Chergui et Mohamed Amine Kalaï. Un spectacle avec beaucoup d'ouverture sur le jazz et de taqsims en introduction. «Remix est un projet multiforme, dit Jean-Marc Bellenger. En ce qui concerne le spectacle de ce soir, il s'agit de faire un répertoire de musique que j'appellerai occidentale de tradition orale, ça bouscule un peu les idées reçues parce que la musique occidentale n'est pas ou peu écrite. Ce répertoire est réarrangé pour le takht arabe. J'ai choisi ce répertoire parce que je l'ai joué pendant des années à Paris en tant que professionnel, mais aussi parce qu'il était populaire auprès des Tunisiens qui aiment Piaf, Brassens et Montand. Le principe du spectacle est également de ne pas toucher aux paroles et à la mélodie, mais l'arrangement est complètement revisité avec le son du takht». Spécialement pour cette prestation, une partie du concert a été consacrée à des standards de jazz américains comme Caravan ou Night in Tunisia. Le concert a été clôturé par une pièce du répertoire tunisien, de Nabiha Karaouli, et une chanson orientale de Asmahan. Comment Jean-Marc Bellenger est-il tombé amoureux de la musique orientale ? « Par mes fréquents voyages dans les pays arabes et via un instrument très particulier qui est le oud, répond-il. Cet instrument m'a interpellé parce que je suis aussi guitariste. Quand je rentrais chez moi en France, je me transportais dans ces pays en jouant des maqams. Et j'ai acquis les techniques du oud avec des connaissances en musique orientale qui m'ont permis de réfléchir sur la manière de contribuer à la musique instrumentale tunisienne».