L'ESM est, à son tour, frappée de plein fouet par l'instabilité technique. En cours de compétition, elle change de trajectoire. Arrivé l'été dernier, Ghazi Gherairi ne terminera pas la saison à la tête du club du Bassin minier. La lourde défaite (3-0, trois buts encaissés dans la première demi-heure) essuyée dimanche dernier à Sousse devant l'Etoile Sportive du Sahel l'a décidé de rendre le tablier. Sa démission n'a pas traîné. Il l'a communiquée à ses dirigeants juste à la fin du match de la 19e journée. En fait, le malaise date de plusieurs semaines déjà. L'accumulation des arriérés de salaires et primes lui compliquait sensiblement la tâche. Auprès des joueurs, il ne trouvait plus la concentration et l'application souhaitées. Il nous l'expliqua du reste quelques jours avant sa démission : «On le sait, l'argent est le nerf de la guerre. Les grèves à répétition de la JSK, l'ASG, l'ESZ... nous les avons également connues. Nos recettes proviennent essentiellement de la Compagnie des Phosphates de Gafsa. Or, regardez ce qui se passe aujourd'hui dans cette entreprise, et dans quel état catastrophique elle se trouve. La stabilité vient par l'argent. Les joueurs dénoncent un retard de trois salaires et trois primes. Les tranches de la prime de signature, certains en sont encore à solder celles remontant à la saison dernière. Et puis, le joueur se dit que le championnat va se terminer dans deux ou trois mois, et il s'inquiète pour son argent». La Coupe pour retrouver le sourire A vrai dire, malgré le travail abattu dans des conditions très difficiles. Il ne pouvait plus compter sur l'ossature composée des meilleurs joueurs partis vers d'autres cieux au mercato d'été (les Gharsellaoui, Zouaghi, Salhi, Ben Hamouda, Bassirou, Thierry-Ernest...). Dès le départ, Ghraïri n'a jamais vraiment ressenti le soutien du public local. Cela a fini par lui mettre à dos une large frange des supporters qui s'amusent à établir la comparaison avec le mandat de deux ans et demi effectué par son prédécesseur, Mohamed Kouki, et le classement flatteur obtenu par ce dernier (quatrième et cinquième, juste derrière l'inaccessible bande des quatre). A présent, l'héritier de Ghraïri va trouver un club en butte à de gros soucis non seulement financiers, mais également sportifs. Ennejma se trouve, en effet, engluée à la périphérie de la zone dangereuse (dixième avec 21 points, six points de plus seulement par rapport au barragiste et en même temps par rapport au premier relégable, l'USBG et le COM qui sont ex aequo). Il y a par conséquent urgence d'arrêter la série négative de... dix matches sans victoire ! Le dernier succès remonte, en effet, à la 9e journée (2-1 à Zarzis). Il est clair que le moral est au plus bas malgré l'exploit contre l'Espérance de Tunis en coupe. Une prouesse demeurée sans suite. C'est dire que le successeur de Ghraïri aura fort à faire. On cite plusieurs noms contactés pour prendre la relève : Montacer Louhichi, Maher Kanzari, Lassaâd Dridi qui vient de quitter le Club Sfaxien... Quoique engagé par la JS Kairouanaise, Jalel Kadri a été pressenti, et a dû rejeter l'offre. En tout cas, hier, ce sont le directeur technique Ryadh Hadhri et le préparateur physique Firas Zghal qui ont conduit la séance. Car, n'oublions pas que l'ESM est toujours qualifiée en Coupe de Tunisie. Dimanche prochain, les copains de Mohamed Jemaâ Khelij vont jouer sur la pelouse de Rejich en huitième de finale. Une épreuve qui peut les réconcilier avec la victoire qui leur a rarement souri en cette saison tourmentée.