Licencier l'entraîneur dès les premières contrariétés, c'est comme si on passait son temps à mettre la poussière sous le tapis ! «J'ai choisi le projet qui me correspond le plus dans un club sain». Voilà le genre de citations favorites qu'un technicien nouvellement intronisé affectionne. Puis, dès le premier revers, puis le second qui fait entrer l'équipe dans une période de doute, son limogeage brutal n'est pas sans réveiller les «pulsions naturelles» du désormais ex-coach : «C'est malsain, comme traitement. C'est indélicat et peu élégant, je ne comprends pas!». Voilà, une déclaration aux antipodes de son état d'esprit initial ! Homme providentiel un jour, bouc émissaire toujours, l'entraîneur est quasiment tout le temps sur un siège éjectable, en sursis permanent, payant souvent les erreurs stratégiques de ces employeurs. Son avenir dépend souvent de l'adhésion ou pas de ses troupes. Il faut comprendre par là que quand un groupe de joueurs n'adhère pas au projet, tout peut voler en éclat. Oui, même si ses débuts sur le banc sont prometteurs, il n'aura pas survécu à la terrible crise sportive que traversera son équipe par la suite. Il suffit que le président du club soit «bousculé» par les supporters et que les médias en remettent une couche pour que le patron du club siffle la fin de la récréation, mettant un terme à une collaboration qui n'aura pas fait long feu. Tout commence d'abord par quelques jours de cacophonie autour du cas du timonier du club. Puis, le président prend son «courage à deux mains» et décide de se séparer de son entraîneur, de le lâcher, de le congédier après la défaite de trop ! On dit souvent que celui qui lâche n'a pas d'orgueil ! Or, ici précisément, il n'est pas question de soit ou de l'autre. Mais de l'avenir de toute une institution, un club sportif qui doit forcément avancer. «Il avait pourtant le profil idéal pour cette association de type sanguine, huppée et populaire jusqu'à la moelle. Sauf que si cette séparation était dans l'air depuis un moment, l'échec du coach, lui, n'était pas du tout prévu», s'exclameront les tenants et aboutissants du club en question. Car quand il débarque en grande pompe (le cas de Cabral, Marco Simone, Troussier, Clausen, Duarte, Jacky Duguépéroux, José Anigo, José Morais, Desabre, Krol, Bracci, Stambouli...), le nouveau timonier a, semble-t-il, le profil parfait pour relancer le club : dynamique, disponible, pédagogue souriant et surtout compétent. Puis, la foudre s'abat sur lui et il est congédié illico presto ! Ce qui est par contre surprenant, c'est que dès qu'il met les voiles, certains regrettent déjà son départ, même si on connaît la règle du jeu dans le milieu ! Le bouclier a fini par craquer ! En football, pour tout club qui se respecte, il faut du temps pour que le projet aboutisse. Il faut aussi de l'engagement et un travail de type collégial, car une hirondelle ne peut fait pas le printemps. Pourtant, bien qu'il s'apparente souvent à un fusible, l'entraîneur de type consommable s'en était pourtant sortit avec un bilan plus qu'honorable à ses débuts. Au point même que ses dirigeants lui propose une prolongation de contrat, dans l'optique d'un bail antérieur assorti d'une reconduction en option. On imagine donc sa stupeur quand il lui est signifié de débarrasser le plancher ! C'est la solution de facilité, celle guidée par un pragmatisme de circonstance, une impulsivité ponctuelle qui peut avoir des conséquences sur la vie du club. Il faut comprendre par là que les clubs tiennent rarement leurs promesses. Honorer un contrat jusqu'à son terme relève de l'utopie, particulièrement chez nous en Tunisie. Mette en œuvre une stratégie. En recueillir les dividendes. Donner le temps au temps pour cueillir à terme ce qui aura été semé. Cela demande du temps. Et pourtant, les clubs opèrent un virage à 360 degrés dès les premières alertes. Un entraîneur a beau faire l'unanimité. Le club le suit dans tous ses choix de recrutement notamment. Et, en plus, les résultats suivent, puisque ses joueurs réalisent un très bon début de saison. Jusqu'au jour où tout bascule ! Après, on passe son temps à négocier son départ au lieu de se concentrer sur la progression de l'équipe première. Le bouclier a fini par craquer. Ce jour où tout déraille est arrivé. Patatras ! L'équipe encaisse un cinglant camouflet. Les supporters ne s'en sont jamais réellement remis. Depuis, c'est une chute sans fin! Bref, en football, et dans le sport de haut niveau précisément, il suffit d'un grain de sable dans la machine pour tout casser. Et souvent, on ne sait pas pourquoi, mais on vire l'entraîneur, coupable malgré lui !