Par un tour de passe-passe, lorsqu'un parti se présente sous l'étiquette "indépendant" en modifiant à chaque fois les noms des listes dans les différentes circonscriptions, il échappe au radar de la parité horizontale Ils seront 57.020 candidats répartis sur 2.173 listes à se disputer les sièges des élections municipales qui doivent se tenir le 6 mai prochain dans 350 circonscriptions. C'est le bilan dressé hier par l'Isie lors d'une conférence de presse, après la clôture des candidatures jeudi. Selon des chiffres détaillés fournis par l'instance, les jeunes âgés entre 24 et 35 ans ont été les plus nombreux à se présenter avec une participation de 43,48%. Mais le constat le plus évident de ces élections reste sans doute l'incapacité des partis politiques et les coalitions à se présenter dans l'ensemble des 350 circonscriptions électorales. En effet, à l'exception de Nida Tounès et Ennahdha, présents dans toutes les municipalités, aucune autre formation politique n'est parvenue à composer avec une loi électorale contraignante, loin derrière les machines Ennahdha et Nida, le Front populaire a réussi à présenter 132 listes et le mouvement Machrou Tounès 84 listes. Al-Tayar, fondé par les Abbou, crée lui la surprise en se plaçant au 4e rang des partis ayant le plus de listes (le Front Populaire étant une coalition). Il se place ainsi devant le parti Al-Irada de l'ex-président Marzouki (47 listes) et devant Afek Tounès (46 listes), pourtant mieux représentés au parlement. Des chiffres qui font réagir Adel Ben Amor, membre du Conseil de la chorus d'Ennahdha, et conseiller du ministre des technologies, qui écrit sur Facebook : "Certains partis affectionnent les discussions autour des femmes, mais, dans la réalité, n'ont pas été capables de mettre en pratique la parité verticale et horizontale. Ils ont donc créé des listes "indépendantes" pour fuir la loi électorale et cacher leur incapacité à attirer les compétences féminines". Comment les partis ont contourné les règles ? L'article 49 de la loi électorale impose uniquement aux partis et aux coalitions qui se présentent dans plus d'une circonscription électorale que les candidatures pour le mandat de membre des conseils municipaux et régionaux soient "présentées sur la base du principe de parité entre femmes et hommes à la tête des listes". Donc, par un tour de passe-passe, lorsqu'un parti se présente sous l'étiquette "indépendant" en modifiant à chaque fois les noms des listes dans les différentes circonscriptions, il échappe au radar de l'Isie. Mais côté parité, Nida Tounès et Ennahdha ne sont pas non plus irréprochables. Même si Ennahdha est le parti qui a présenté le plus de femmes à la tête de ses liste (174), le parti contrevient dans une liste. Quant à Nida Tounès qui compte 164 femmes têtes de listes, 14 listes contreviennent à la parité horizontale. Au total, ils sont 10 partis qui n'ont pas respecté les règles à la lettre. Contacté par La Presse, Adel Brinsi, membre de l'Isie chargé de la communication prévient : Les partis et les coalitions auront jusqu'au 3 mars prochain pour effectuer les rectifications nécessaires (conformément à la loi électorale) sans quoi, les listes irrespectueuses des règles seront définitivement écartées. "Les partis et coalitions ne peuvent plus ajouter de nouveaux candidats, en revanche, ils peuvent modifier la position de chaque candidat à l'intérieur des listes, tout en continuant à respecter les autres critères liés à la parité verticale, à la représentativité des jeunes, etc.". C'est donc un petit peu un jeu de puzzle que devront jouer les partis, mais là aussi, les possibilités de contournement du système existent. Si les partis ou les coalitions se retrouvent dans l'impossibilité de respecter la parité horizontale, ils peuvent choisir de transformer, comme par magie, la liste partisane en une liste "indépendante". Le Front populaire, qui dispose d'une vingtaine de listes qui ne respectent pas la parité horizontale, aura du mal à tout mettre en ordre. Il verra très certainement un bon nombre de ces listes éjectées de la compétition. Cependant, bien qu'ils se présentent dans moins du quart des circonscriptions, 10 partis et coalitions présentent une parité parfaite.