Contre toute attente, la rencontre n'a pas attiré les leaders de la classe politique, mais a été l'occasion pour l'Isie d'éclaircir un certain nombre de points pour tenter de rassurer des partis politiques pas tout à fait prêts à affronter les urnes en décembre prochain L'Instance supérieure indépendante pour les élections a organisé hier une rencontre avec les représentants des partis politiques afin de répondre à certaines interrogations concernant l'opération d'enregistrement des électeurs qui a député lundi. Contre toute attente, la rencontre n'a pas attiré les grands cadres du monde politique, mais a été l'occasion pour l'Isie d'éclaircir un certain nombre de points pour tenter de rassurer des partis politiques pas tout à fait prêts à affronter les urnes en décembre prochains. « Il ne faut pas se fier à ceux qui émettent des réserves concernant le processus électoral, ceux-là cherchent seulement à gagner du temps, car ils n'arrivent pas à constituer des listes », nous souffle le représentant de l'un des partis au pouvoir. Plusieurs partis politiques sont en fait venus pour entendre le président démissionnaire de l'Instance Chafik Sarsar. Ses propos qui ont accompagné sa démission le 9 mai dernier n'ont toujours pas été oubliés par certains. « Il faut que le président démissionnaire de l'Instance nous révèle les dessous de sa démission parce qu'il avait déclaré que les désaccords au sein de l'Isie touchent au cœur du processus, rappelle Watfa Belaid, présidente du comité central de Machrou Tounès. Pourtant, il continue sa mission, il faudrait qu'il nous dise clairement s'il a levé entièrement ses réserves». Mais sur cette question, le président est resté vague, estimant qu'aucune instance aussi indépendante soit-elle, ne peut s'approprier le monopole du processus électoral et il a entre autres appelé les médias, la société civile et la justice à rester vigilants. A La Presse, il déclare cependant que sa décision de démissionner, a permis de créer un choc au sein du conseil, ce qui, selon lui, aurait permis de remettre de l'ordre dans la maison. Une trêve de façade à l'Isie qui ne convainc pas les représentants des partis politiques inquiets de voir ces premières élections municipales après la révolution ressembler davantage à du folklore en l'absence d'un code des collectivités locales toujours en examen, en l'absence de l'installation des tribunaux administratifs régionaux et en l'absence d'une délimitation claire des circonscriptions nouvellement créées. Les partis politiques peu ou pas prêts A six mois de la date prévue pour les élections municipales, les partis politiques ne semblent pas tout à fait à l'aise et n'ont pas tous les moyens d'affronter les urnes avec des listes respectant notamment la parité verticale et horizontale. Lorsque nous leur posons la question, la réponse est presque toujours la même : «Nous visons à être présents dans toutes les circonscriptions électorales ». Sauf qu'au passage, ils ne nous disent pas comment et où en est leur travail sur le terrain. Watfa Belaid de Machrou Tounes l'assure : « Nous sommes prêts ! », mais en même temps, elle est incapable de nous dire, approximativement, dans combien de circonscriptions le parti espère se lancer. Du côté du parti Al-Jomhouri, absent du parlement et qui espère encore que la date des élections sera repoussé au 20 mars 2018, on admet à demi-mots l'incapacité du parti à assurer sa présence dans l'ensemble des circonscriptions. « Un ou peut-être deux partis au maximum sont réellement prêts pour ces élections », concède Mohamed Salah Ayari membre du bureau exécutif d'Al Jomhouri. L'orientation du parti Al-Jomhouri, qui a perdu de son aura, est de se présenter dans ce qu'ils appellent des « listes citoyennes », où se mêlent membres de petits partis et citoyens sans étiquettes qui n'adhérent pas forcément aux projets politiques. « Nous misons sur une élection vraiment locale avec des thèmes qui touchent le quotidien du Tunisien », nous explique Mohamed Salah Ayari. Il ajoutera que des réunions sont encore en cours « avec les partis démocratiques proches de leur orientation politique». Le flottement est aussi palpable dans le camp de l'ex-président de la République, Moncef Marzouki. Le mouvement qu'il a créé n'arrive pas vraiment à afficher clairement une attitude de formation politique préparée à l'échéance électorale de décembre. « Que nous soyons prêts ou pas, nous voulons que ces élections aient lieu, déclare le député Mabrouk Hrizi. Pour l'instant, nous ne sommes pas encore fixés et les listes ne sont pas encore prêtes ». Pourtant, l'assurance nous la retrouvons chez un jeune cadre du parti Ennahdha, Ramzi Heni rappelle que le conseil de la Choura a donné son feu vert à la constitution des listes pour les élections municipales dans un esprit consensuel. Cela voudrait-il dire des listes communes avec l'allié Nida Tounès? « Non, ce n'est absolument pas à l'ordre du jour », nous répond-il. Après l'Aid, le parti organisera des congrès électoraux locaux dans les 350 circonscriptions à l'échelle du parti pour choisir les personnes qui défendront les couleurs du parti. « Prochainement, le président du parti publiera un communiqué dans lequel il décidera de l'ouverture des listes du parti Ennahdha, à toutes les compétences », nous assure-t-il. A l'échelle locale, les enjeux diffèrent, en effet, de ce qui se passe sur le plan national. Localement, les gens se connaissent bien, même très bien. La stratégie des différents partis, surtout les deux grands, est d'attirer dans leurs orbites les « notables » locaux. Dans certaines circonscriptions, ce ne seront pas plus les convictions que les liens du sang qui feront la différence dans les urnes.