Après le succès de la première saison, la Comédie-Française revient au cinéma avec une saison 2017-2018 placée sous le signe des grands auteurs français. Au rendez-vous, cette fois-ci, Marivaux à travers sa pièce « Le Petit-Maître corrigé», qui a été revisitée par l'acteur et metteur en scène français, pensionnaire de la Comédie-Française, Clément Hervieu-Léger. Pour faire profiter le public tunisien de cet événement exceptionnel, l'Agora, en collaboration avec Pathé, a programmé la retransmission de la pièce en direct de la Salle Richelieu au cœur du Palais-Royal à Paris, sur son grand écran. La pièce sera diffusée en direct et simultanément dans plusieurs cinémas du monde. «Le Petit-Maître corrigé» a été jouée pour la première fois en 1734 par les comédiens ordinaires du roi, quatre ans après «Le Jeu de l'amour et du hasard». La pièce avait fait scandale et ce n'était pas la première fois pour Marivaux. «La première représentation se passe très mal, il y a une cabale, Marivaux a des ennemis Voltaire : d'un côté, Crébillon (dramaturge très connu à l'époque) de l'autre, la pièce est un échec et ne sera jouée que deux fois... La pièce est d'une violence incroyable envers la société du XVIIIe et l'aristocratie, on sent poindre des accents quasi révolutionnaires », expliquait Clément Hervieu-Léger qui reprenait cette œuvre intemporelle de Marivaux. Après avoir été retirée à l'époque, la voici aujourd'hui, rejouée, soit deux cent soixante-douze ans plus tard. Clément Hervieu-Léger, pensionnaire, qui avait déjà séduit avec ses mises en scène fines de «L'Epreuve » (du même Marivaux) et du «Misanthrope» réussit à rendre justice à un texte oublié et à le faire sonner moderne. L'histoire de la pièce tourne autour du personnage d'un jeune Parisien à qui ses parents ont trouvé un bon parti, fille de comte, en province. Mais à son arrivée chez eux, le beau garçon, dont les codes parisiens sont à mille lieues des règles de bienséance en vigueur dans cette famille, refuse d'ouvrir son coeur à la charmante jeune fille qui lui est destinée. Contrariée, cette dernière décide de le corriger de son arrogance... «La notion de petit-maître peut nous sembler bien étrangère, mais ne connaissons-nous pas, nous aussi, de jeunes élégants et élégantes, aux manières affectées ou prétentieuses, pour qui la mode est le seul guide ? Si on le caricaturait un peu, c'est ce que l'on appellerait, aujourd'hui, un fashion addict.» La mise en scène joue, donc, la carte de l'humour, mais un humour féroce, qui, comme souvent chez Marivaux, bascule dans la mélancolie à la fin de l'intrigue. «Les belles lumières dorées cèdent alors la place aux néons blafards. L'amour est un abandon total, qui signe la perte de l'insouciance.» À travers cette pièce de Marivaux dont la langue est toujours « aussi fine, juste et pleine d'humour », Clément Hervieu-Léger nous livre un XVIIIe siècle en résonance avec notre époque... A voir ce soir du côté de La Marsa !