• Problématiques et solutions à l'horizon E viva le cinéma, le documentaire de Mokhtar Ladjimi, animera le colloque des JCC prévu les 27 et 28 octobre 2010 au «Tunisia Palace». Ce film de 90 mn, qui traite du cinéma du Sud à l'ère de la mondialisation, sera projeté le 28 octobre à 16h30. Tourné sur une période de 7 ans en Tunisie, au Brésil, en France (Cannes et Nantes) et dans plusieurs pays d'Afrique, cet opus milite pour l'exception culturelle et plus précisément cinématographique. 30 heures de rushes en tout pour tirer 90 minutes durant lesquelles plusieurs intervenants du cinéma du Sud entre cinéastes, producteurs, distributeurs et directeurs de festivals brossent l'état des lieux des cinémas d'Afrique, d'Asie et d'Amérique du Sud. Citons-en Mohsen Makhmalbaf (cinéaste iranien), Abdellatif Ben Ammar (cinéaste tunisien), Basek Babokia (cinéaste camerounais), Ilda Santiago (directrice du festival de Rio de Janeiro au Brésil), Atawelpa Lichi (distributeur et cinéaste vénézuelien), Lakhdar Hamina et Malek Ben Ismaïl (réalisateurs algériens), Daoud Ould Sayed (réalisateur marocain), Baba Ama (ex-directeur du Fespaco au Burkina Faso), Serge Toubiana (réalisateur et critique français) et bien d'autres. Trois axes, trois problématiques E viva le cinéma expose trois problématiques à travers trois axes : – D'abord, la problématique de l'écriture et ce qu'elle pourrait induire comme concession pour arracher les financements aux différents fonds proposés par les pays du Nord, dont notamment l'Europe. – Ensuite, la problématique de la production et les difficultés rencontrées par le montage financier des films du Sud aussi bien en Afrique qu'en Asie et en Amérique du Sud, car, non seulement les différents fonds de l'Europe financent actuellement plutôt les films d'Europe de l'Est, mais aussi la déficience de la coproduction cinématographique sud-sud. Cela si l'on excepte le cinéma sud-coréen, qui est arrivé à tirer son épingle du jeu en arrachant des financements et en s'imposant sur les marchés des pays du Nord, grâce aux sujets traités qui, pour la plupart, sont de portée universelle, et à la qualité esthétique des films. Sans compter que la Corée du Sud ne connaît pratiquement pas le problème du piratage. Voilà donc un pays à prendre en exemple. – Enfin, la problématique de la distribution et de la diffusion aussi bien sur les propres écrans des pays du Sud que ceux du Nord à laquelle est venue se greffer la déferlante des satellitaires et du piratage. Un fléau auquel il faudrait trouver des solutions radicales. Des solutions et des pistes d'espoir A tous ces problèmes, les intervenants ont esquissé des ébauches de solutions. Citons en la nécessité de la coproduction sud-sud, l'option pour le filmage en numérique, l'implication des chaînes de télévision dans le financement et le pré-achat des films, l'implication de Hollywood, qui, selon le réalisateur et distributeur vénézuélien, Atawelpa Lichi, «est un vrai monstre d'égoïsme, en ce sens que ce cinéma dominant n'ouvre aucune perspective aux cinémas du Sud dont il envahit les écrans». Car, bien entendu pratiquement aucun film du Sud et même d'Europe n'est montré en Amérique du Nord. Bref, toutes ces questions agitées par E viva le cinéma qui, affirme Mokhtar Ladjimi, «a été réalisé grâce au soutien du ministère de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine et du syndicat des producteurs», constitueront à n'en point douter un support de débat assez intéressant après la projection du film lors du colloque. Enfin, cet opus, qui «milite et défend, selon le réalisateur, le cinéma d'auteur, ainsi que les identités culturelles du Sud», expose non seulement la situation des cinémas du Sud, mais tire aussi la sonnette d'alarme sur l'absence totale de marché pour les cinémas du Sud qui, s'ils ne passent pas par les trois prestigieux festivals, en l'occurrence «Cannes», «La Mostra de Venise» et «Berlin» n'ont aucune voie de sortie. E viva le cinéma sera également programmé dans la section «Cinéma du monde», dimanche 24 octobre, à 11h00.