La séance plénière est souveraine et personne ne peut vérifier les votes secrets des élus. Quatre années après l'adoption de la Constitution, la démocratie tunisienne ne dispose pas encore de la plus importante et la plus haute autorité juridique. Hier, plus du quart des députés n'ont pas participé à l'élection des derniers quatre membres de la Cour constitutionnelle Pour la troisième fois consécutive, l'Assemblée des représentants du peuple a échoué, hier, à élire les trois membres de la future Cour constitutionnelle. Conformément à la loi organique de 2015, relative à la Cour constitutionnelle, «si après la tenue de trois séances consécutives les candidats n'obtiennent pas la majorité requise, il est procédé de nouveau à l'ouverture des candidatures pour présenter de nouveaux candidats en fonction du nombre manquant, tout en tenant compte de la spécialité en droit». En début de séance peu après 13 heures, le président de l'Assemblée, Mohamed Ennaceur, s'est montré optimiste. «Nous sommes restés plus de trois heures pour trouver un consensus et je crois que le résultat sera positif», a-t-il déclaré. Un optimisme que ne partageaient pas son entourage et ses proches collaborateurs. Signe du doute qui planait dès le début de la séance, le député Imed Daimi, prenant la parole avant l'opération de vote, a demandé, sans succès, aux présidents des groupes parlementaires de s'engager publiquement à respecter les termes de leur engagement pris en «commission de consensus». En effet, comme cela a été le cas, lors de la précédente séance plénière, sur le papier, tout paraissait limpide, et il était convenu d'élire Ayachi Hammami, Sana Ben Achour et Abdellatif Bouazizi. Mais la séance plénière est souveraine et personne ne peut vérifier les votes secrets des élus. Une souveraineté qui coûte cher à la Tunisie, puisque, quatre années après l'adoption de la Constitution, la démocratie tunisienne ne dispose pas encore de la plus importante et la plus haute autorité juridique. Soupçons sur les plus grands blocs L'ex-présidente de Bawsala, Chaima Bouhlel, souligne que plus du quart des élus n'ont pas participé au vote. Accusé par certains d'être derrière cet échec, le bloc parlementaire de Machrou Tounès se défend à travers son président Abderraouf Cherif qui dénonce «le double discours et le double consensus» d'Ennahdha et de Nida Tounès. «Nous étions 15 à avoir participé au vote, même sans nos voix les candidats consensuels seraient passés, or, comme vous pouvez le constater le plus haut score est de 97 voix. Il est donc évident que le défaut vient des plus grands blocs !», nous explique mathématiquement Abderraouf Cherif. Selon lui, ni Ennahdha, ni Nida ne veulent d'une Cour constitutionnelle. «Nous ne participerons plus aux consensus, nous n'avons plus confiance», finit-il par lâcher. De son côté, le député d'Ennahdha, Naoufel Jammeli, évite de lancer des accusations. «Nous sommes tous un peu responsables de cette situation», dit-il. Cependant, il fait remarquer que la majorité de 145 voix obligatoires pour être élu «est totalement insensée». «Mais d'un autre côté, si vous cherchez un responsable, regardez du côté des absents, identifiez-les, à quels blocs appartiennent-ils et vous comprendrez tout», confie-t-il. Lorsque nous faisons les comptes, il s'avère que sur les 56 députés absents, 15 sont de Nida Tounès, 13 d'Ennahdha et 6 de Machrou Tounès, 5 du bloc national, 4 d'Afek Tounès et deux du bloc démocrate.