La présidente de l'IVD, Sihem Ben Sedrine, n'a finalement pas pu prononcer son discours devant le Parlement, tant la tension était grande à l'hémicycle. Finalement, au bout de plusieurs heures, elle décide de quitter les lieux, mais tient à affirmer qu'elle n'est en rien responsable de la situation. Les députés de l'opposition présents ont fait porter l'entière responsabilité de la crise au président du Parlement, Mohamed Ennaceur. En fait, tout le monde savait que la séance allait être houleuse, mais personne ne s'attendait à ce qu'une grande partie des députés s'absentent ou qu'ils soient présents tout en «omettant» de s'enregistrer électroniquement. Le tableau affiche en effet 57 présents, mais l'administration en compte à peu près 120 à l'intérieur de l'hémicycle. L'opposition demande à ce que la séance soit levée, mais le président persiste et estime que le quorum a été atteint. S'ensuivent alors des échanges d'accusations de part et d'autre. A un moment donné, les députés en viennent aux mains. A deux reprises, la séance est suspendue, puis reprise, sans trouver de terrain d'entente. L'opposition accuse le président de l'Assemblée de ne pas respecter le règlement intérieur et de faire partie des ennemis de la justice transitionnelle. Des accusations qui, pour la premières fois, font sortir le président de ses gonds. Celui-ci promet des sanctions contre Mabrouk Harizi qui a déclaré qu'il deviendra «un kamikaze». «C'est une menace personnelle», a estimé Mohamed Ennaceur. Jilani Hammami, député du Front populaire, comme Samir Dilou (Ennahdha), a estimé que la séance était dans l'illégalité. «Il y a des gens qui veulent que les preuves des crimes de torture, de dictature et de répression soient définitivement effacées. Ils veulent que les archives de l'IVD se perdent à jamais et que les gens qui ont livré leurs témoignages à l'IVD ne bénéficient d'aucun droit, et veulent également que les bourreaux échappent au châtiment !», martèle Jilani Hammami. De son côté, Mustapha Ben Ahmed, chef du bloc patriotique, estime que pendant quatre ans, l'IVD et sa présidente ont bénéficié de suffisamment de temps. «Nous avons à plusieurs reprises voté son budget, je crois qu'il est de notre droit aujourd'hui de nous poser des questions et d'avoir notre mot à dire», a-t-il déclaré. Finalement, la séance a été suspendue et reprendra probablement demain, lundi 26 mars.