Si l'Ugtt est dans son rôle de défendre les intérêts des travailleurs et de militer pour la préservation des acquis sociaux, on ne comprend pas qu'elle choisisse de laisser sa chaise vide à une rencontre qui peut — si les participants le veulent — contribuer à engranger des solutions pour le pays. L'Ugtt est bien sûr partie prenante dans l'élaboration de la seconde feuille de route du Document de Carthage, mais cela ne devrait pas l'empêcher de poursuivre le dialogue hors du cadre politique en participant à un débat économique national. A la conférence nationale des grandes réformes qui se tiendra aujourd'hui à l'initiative de la présidence du gouvernement, le secrétaire général de l'Ugtt, Noureddine Taboubi, sera absent. Un choix délibéré. Il l'a annoncé, hier, sur les ondes de la radio nationale lors de l'émission « Liblad al youm », dirigée par la journaliste Hanène Ftouhi et en réponse à une question de cette dernière. Taboubi a justifié son absence par le fait d'avoir été invité tardivement à la conférence, soit à la veille du week-end dernier, d'autant qu'il a été même convié à prononcer un discours. L'absence du secrétaire général de l'Ugtt à cette importante conférence économique n'est pas sans impact sur le déroulement de la conférence et sur ses conséquences. Et pour cause : les grandes réformes que le gouvernement veut lancer impliquent autant les départements ministériels concernés que les centrales syndicales ouvrière et patronale qui, par ailleurs, admettent, comme les partis politiques, que le pays a un besoin urgent de réformes pour impulser la reprise économique et sociale. Mais les protagonistes de la relance économique ne sont pas d'accord sur la méthodologie et le type de réformes à engager. Pour l'Ugtt, il y a des « lignes rouges » que le chef du gouvernement ne devrait pas franchir comme la privatisation des entreprises publiques déficitaires, le gel des recrutements dans le service public et des salaires ainsi que les départs « forcés » à la retraite. La centrale ouvrière va jusqu'à dénoncer une allégeance du gouvernement aux « ordres » du FMI. Pour le gouvernement, il s'agit de redresser les finances publiques, d'endiguer l'inflation, d'impulser les indicateurs économiques...de sortir de l'impasse avec les moyens du bord. Si l'Ugtt est dans son rôle de défendre les intérêts des travailleurs et de militer pour la préservation des acquis sociaux, on ne comprend pas qu'elle choisisse de laisser sa chaise vide à une rencontre qui peut — si les participants le veulent — contribuer à engranger des solutions pour le pays. Ne dit-on pas que de la discussion jaillit la lumière ? L'Ugtt est bien sûr partie prenante dans l'élaboration de la seconde feuille de route du Document de Carthage devant fixer les priorités économiques pour l'étape à venir, mais cela ne devrait pas l'empêcher de poursuivre le dialogue hors du cadre politique en participant à un débat économique national. C'est même souhaitable. Au-delà des animosités personnelles, la participation de l'Ugtt à cette rencontre n'est pas qu'un souhait mais une nécessité, voire une évidence, pour favoriser le rapprochement des vues, sinon au moins éclaircir les zones d'ombre.