Gavés et repus en titres locaux, les supporters de l'EST réclament ambitieusement des consécrations africaines. Fini le temps où les fans de l'Espérance Sportive de Tunis fêtaient en grande pompe un titre de champion de Tunisie. Ce fut quand la kermesse et la liesse se répandaient comme un feu de paille dans toute la République mais surtout dans le fief du doyen des clubs tunisiens situé à «Bab Souika». Ce fut quand la joie immense et indescriptible envahissait les cœurs des habitants des quartiers de «Bab El Khadhra», «Bab El Assal», «Bab Lakouess», «Lahfir», «Kaâdine» pour ne citer que ces autres temples espérantistes qui ont toujours cherché à exprimer leur amour fou pour l'EST qu'ils voulaient aussi grand que celui voué par leurs voisins de Bab Souika. Tout le monde faisait la fête : grands et petits. Et ce sont les pâtissiers qui en profitaient le plus car les maisons des quartiers cités avaient tous droit à leur part de gâteaux et de confiseries pour faire la fête et jubiler. Gavés de titres locaux On sortait à la rue avec des drapeaux et des banderoles aux couleurs du club «sang et or». Les foules étaient devancées par les troupes musicales populaires des quartiers appelées «Mouzika». C'était grandiose. Mais les temps et les humeurs ont changé. Aujourd'hui, on ne savoure plus les moments heureux comme on le faisait jadis. Je ne vais pas être d'un esprit chagrin, et dire que c'est la faute à l'ambiance morose qui s'est emparée de notre douce Tunisie ces derniers temps. Je vais masquer cette amère vérité et me focaliser sur une autre qui ne risque pas d'être contrariée. Celle du grand nombre de trophées locaux remportés par l'Espérance. On a l'impression que les supporters du club de Bab Souika en sont devenus «gavés». Ils ne sont plus aussi impressionnés et emballés comme autrefois. En effet, sur les soixante-trois titres de champion de Tunisie, l'EST en a remporté presque la moitié (28). Et rien que sur les vingt dernières années, elle en a gagné quatorze. C'est énorme. La suprématie locale n'est donc plus à prouver à personne. Même les rivaux et les détracteurs de l'Espérance l'avouent en le chuchotant tout bas, entre eux, bien que certains esprits «fair-play», parmi eux, le déclarent tout haut. Les fans de l'EST sont assoiffés de consécrations d'une dimension supérieure. Les titres réussis ou (à réussir encore) sur le plan local n'arrivant plus à les faire vibrer, ils veulent que leur équipe fanion «exporte» sa suprématie à l'échelle africaine. Pour eux, deux titres de champion d'Afrique (1994 et 2011) constituent une moisson maigrichonne pour un club centenaire. Et ce ne sont pas les titres nationaux qui vont détourner leur regard de la plus haute marche du podium continental. Aussi faudrait-il armer davantage l'équipe et lui donner les moyens des ambitions de ses supporters.