Ce n'est pas avec ce genre de rendement approximatif affiché avant-hier contre l'AS Gabès que l'EST pourra intimider ses rivaux d'Afrique surtout qu'on se trouve à quelques jours de l'entrée en matière de la Champions League. Une victoire étriquée (1-0) devant le CAB à Radès et deux matches nuls face à l'US Ben Guerdane (2-2) et l'ASG avant-hier à Gabès (1-1), tel est le premier bilan jusque-là enregistré de Mondher Kbaïer depuis son avènement à la tête de l'équipe fanion de l'EST il y a un mois. C'est maigrichon pour le leader «sang et or» qui ne sait plus sur quel pied danser face à tous les adversaires, grands ou petits, qui sont tous devenus capables de lui tenir tête en lui opposant une résistance farouche. En effet, l'Avenir Sportif de Gabès a été un vrai casse-dents pour l'EST en l'affrontant sans le moindre complexe, voire en cherchant à lui infliger sa première défaite de la saison. Et il s'en est fallu de peu pour que les Gabésiens n'atteignent leur objectif. Soutenus par leurs supporters venus les encourager à cor et à cri, les locaux ont sorti un match très honorable grâce à leur jeu articulé et direct et à leur hargne dans les duels qu'ils ont voulu virils. Période transitoire pour l'EST Ainsi, les protégés de Mondher Kbaïer se sont confrontés à un interlocuteur très difficile à manier grâce notamment à son pressing haut et à son efficacité au milieu de terrain. Toutes les voies conduisant aux filets du keeper gabésien Ali Ayari étaient bien barricadées. C'est ce qui explique d'ailleurs le fait que les occasions de but étaient presqu'absentes tout au long du match pour les coéquipiers de Haïthem Jouini. La seule occasion franche de l'EST est survenue à la 57' quand ce dernier profita d'une erreur monumentale de l'ultime rempart qu'est Aziz Guechi pour tromper Ali Ayari et marquer l'unique but de son équipe. Pour sa part, Haïthem a retrouvé toutes ses marques et semble bien parti pour devenir un titulaire à part entière aux côtés de Yassine Khénissi et Anis Badri dans les semaines à venir. D'aucuns diront qu'il ne serait pas judicieux d'aligner Khénissi et Jouini ensemble, étant donné qu'ils ont le même profil, celui d'avant-centre, mais Jouini et même Khénissi peuvent évoluer en tant que faux-ailier. Mais on n'en est pas là pour le moment. Il faudra attendre le retour de Khénissi qui brille visiblement par son absence, même si Jouini a retrouvé le chemin des filets. Ce qui inquiète le plus dans le rendement de l'équipe de Bab Souika, c'est son errance au milieu et en attaque. Elle est sans âme et sans son panache habituel, ni même sa rage de vaincre qui faisait trembler ses adversaires et les dissuadait de lui rendre les coups qu'elle leur assenait tout au long de ses matches. Il est vrai que l'EST parvient toujours à préserver son avance vis-à-vis de ses poursuivants et semble bien à l'abri de compromettre ses chances quant à la consécration finale en championnat, mais c'est encore une fois sa force de frappe en berne qui donne du souci. On a beau dire que la mauvaise prestation de l'Espérance est à mettre au passif de l'état de la pelouse du stade de Gabès, mais c'est là une explication qui ne tient pas la route car sur le plan continental, on aura toujours un tas de matches à jouer sur des pelouses plus détériorées que celle d'avant-hier. La seule justification qui pourrait être plausible réside dans la période transitoire par laquelle passe l'équipe première de l'EST. En effet, après le changement de Faouzi Benzarti par Mondher Kbaïer, il y a eu un remue-ménage important au niveau de l'effectif dont l'impact est visible. Le départ de Fakhreddine Ben Youssef et Ferjani Sassi, ajouté à l'absence de Yassine Khénissi et Maher Ben Sghaïer, quatre joueurs influents, laisse des séquelles bien ressenties sur la qualité du rendement de l'équipe dont tous les automatismes ont été affectés. Absence d'un régisseur de métier Il y a également le problème récurrent qui est toujours posé sur la table des responsables «sang et or» : l'absence d'un vrai régisseur de métier, capable d'orchestrer les actions offensives et de harceler l'adversaire sans cesse, comme l'exige la grandeur du doyen des clubs tunisiens. Et comme on l'a souvent développé explicitement dans de précédents articles, l'EST peut remporter le titre de champion de Tunisie sans trop se déployer, mais pour atteindre la plus haute marche du podium africain, il faudra un effectif beaucoup plus renforcé que celui d'aujourd'hui. Et ce n'est pas avec des joueurs comme Eneramo et Youssef Blaïli qu'on va pouvoir atteindre la dimension continentale rêvée. Il faudra, dès à présent, mettre le paquet pour le recrutement d'un bon régisseur, d'un libéro et d'un gardien de métier. C'est la condition sine qua non pour que les festivités du centenaire du club soient bien rehaussées par la couronne africaine.