Les 36 mille agents de sécurité et militaires en droit de voter (ce sont les inscrits sur un total d'au moins 80.000 électeurs potentiels) ne se sont pas bousculés devant les 259 bureaux ouverts à leur intention pour exprimer leur choix Hier, dimanche 29 avril, on a eu, à l'occasion du démarrage du vote des policiers et des soldats pour les municipales 2018, un goût amer de ce qui nous attend dimanche prochain, jour du vote de tous les Tunisiens pour choisir les conseillers municipaux qui auront la charge de gérer, durant un mandat de cinq ans, les 350 circonscriptions municipales que compte la Tunisie post-révolution. Hier et comme le pressentaient plusieurs observateurs et le prophétisaient la majorité des politologues et analystes qui ont suivi les deux premières semaines de la campagne électorale en prévision des municipales, les 36 mille agents de sécurité et militaires en droit de voter (ce sont les inscrits sur un total d'au moins 80.000 électeurs potentiels) ne se sont pas bousculés devant les 259 bureaux ouverts à leur intention pour exprimer leur choix, n'ont pas fait la queue durant des heures et des heures comme l'ont fait des centaines de milliers de leurs concitoyens un certain 23 octobre 2011 pour élire les membres de l'Assemblée nationale constituante (ANC dont la mission était de rédiger la Constitution du 27 janvier 2014) et n'ont pas fait revivre aux Tunisiens les moments de liesse et de joie que les électeurs ont vécus en brandissant fièrement leur doigt enduit de l'encre électorale. Hier, ceux qui ont suivi le vote des sécuritaires et des soldats, principalement les observateurs des associations de la société civile en charge de superviser l'opération électorale (Atide, Watch, Mourakiboun, Chahed, etc.) ainsi que les contrôleurs de l'Isie n'ont pas été surpris — à vrai dire — qu'il n'y ait pas beaucoup de travail à faire dans la mesure où la désaffection a atteint des niveaux jamais enregistrés même à l'époque du régime révolu quand le taux de participation à l'opération électorale était insignifiant. Malheureusement, les appels lancés par les mêmes associations aux sécuritaires et militaires «pour affluer massivement au vote qui est à considérer comme un acquis pour les corps sécuritaire et militaire sont tombés dans l'oreille d'un sourd». A l'opposé, ce sont les appels au boycott des municipales lancés par certains syndicats sécuritaires qui ont été suivis «massivement au point que dans plusieurs bureaux de vote, on n'a enregistré aucun votant jusqu'à 11h00», comme l'ont constaté plusieurs journalistes qui étaient sur place et qui relataient en direct ce qu'ils étaient en train de vivre. On a beau insister que c'est une journée historique et un moment décisif dans le jeune processus démocratique national, les sécuritaires et les militaires dont l'apport est décisif lui aussi dans l'aboutissement de la transition démocratique ont préféré tourner le dos à une chance qui ne leur sera pas peut-être offerte en 2019 lors des législatives et de la présidentielle. Il est à rappeler, dans ce contexte, que le Code électoral actuel accorde la possibilité de voter aux sécuritaires et militaires uniquement à l'occasion des municipales 2018. Il est à préciser que le président de l'Isie, Mohamed Tlili Mansri, a lancé hier un appel aux sécuritaires et militaires, leur demandant d'exercer leur droit de vote, exprimant son espoir de voir le nombre des électeurs «augmenter d'heure en heure».