Ces élections municipales sont une occasion, spécialement pour les autorités et les partis politiques, de tirer un certain nombre d'enseignements aussi bien politiques que juridiques et réglementaires, a souligné la MOE UE dans son rapport préliminaire. La Mission d'observation électorale (MOE) de l'Union européenne a organisé une conférence de presse hier, mardi 8 mai à Tunis. Fabio Massimo Castaldo, chef observateur de cette mission d'observation et vice-président du Parlement européen, a présenté à cette occasion la déclaration préliminaire de la MOE UE TunIsie 2018. Les électeurs tunisiens ont pu exprimer leur choix librement au cours d'un scrutin crédible, a-t-il déclaré. Ces élections vont contribuer à enraciner la démocratie au niveau local et constituent un pas historique dans la réalisation de la décentralisation prévue par la Constitution de 2014. Le scrutin a cependant été marqué par certaines faiblesses techniques et une participation assez modeste, dont il faudra tirer les leçons. En particulier, la faible participation des jeunes est un sujet de préoccupation, a-t-il ajouté. Le chef observateur a exprimé l'engagement de l'UE aux côtés du peuple tunisien dans le processus de consolidation de la démocratie. L'adoption du Code des collectivités locales par l'Assemblée des représentants du peuple est un grand motif de satisfaction, a souligné de son côté M. Santiago Fisas Ayxelà, chef de la délégation du Parlement européen, qui souscrit pleinement aux conclusions de la MOE UE. Il a expliqué que les jeunes doivent garder confiance et ne pas laisser de côté leurs droits. Ces élections municipales sont une occasion, spécialement pour les autorités et les partis politiques, de tirer un certain nombre d'enseignements aussi bien politiques que juridiques et réglementaires, a souligné la MOE UE dans son rapport préliminaire. 124 observateurs de la MOE UE ont visité 537 bureaux de vote dans 221 municipalités pour observer le vote et le dépouillement. Le scrutin s'est généralement déroulé dans le calme, malgré quelques retards et incidents causés par des défaillances logistiques. Dans presque tous les bureaux de vote observés, les procédures ont été correctement appliquées. Le dépouillement y a été conduit de façon transparente et le plus souvent consensuelle, a fait savoir M. Castaldo. La campagne électorale a été pluraliste mais à peine visible dans l'espace public, et le contrôle de la campagne par les agents de l'Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie) s'est avéré par endroits excessivement rigide. A ceci se sont ajoutées des divergences dans l'interprétation par les instances régionales de l'Isie de ce qui était autorisé. Le plafond relativement bas des dépenses de campagne a imposé aux candidats des activités de campagne réduites, a souligné M. Castaldo. Le cadre juridique tunisien constitue une base adéquate pour l'organisation d'élections conformes aux obligations internationales. La réforme de 2017 a élargi le droit de vote aux militaires et agents des forces de sécurité, introduit la parité horizontale dans la formation des listes, et des mesures incitatives pour l'inclusion des femmes et des personnes handicapées. Certaines insuffisances persistent, notamment l'absence de procédure contentieuse spécifique à la campagne, et d'un encadrement détaillé du pouvoir de l'Isie en matière d'annulation des résultats. Selon la Mission d'observation, et malgré la crise qui a affecté son fonctionnement, l'Isie a relevé le défi d'organiser un scrutin techniquement crédible. Ces difficultés ont cependant donné lieu à des retards significatifs dans les préparatifs électoraux, et contribué à renforcer le pouvoir d'appréciation de ses instances régionales. D'après les chiffres arrêtés en février 2018, un total de 5.369.843 électeurs étaient inscrits pour le scrutin municipal, dont 48% de femmes. Les estimations réalisées par la mission font apparaître une nette sous-inscription des jeunes de 18 à 21 ans : moins d'un quart d'entre eux sont inscrits sur les listes d'électeurs. En matière de transparence, la difficulté d'accès aux données détaillées de l'inscription constitue une préoccupation importante. Commentant le taux élevé d'abstention, M. Castaldo a déclaré qu'après 8 ans, il y a un sentiment de déception face à la situation économique. Mais le chemin que la Tunisie doit parcourir n'est ni court ni facile. « J'espère que les partis politiques sauront tirer les leçons des résultats de ces élections », a-t-il conclu. La MOE UE publiera ultérieurement un rapport final comprenant une analyse complète du processus et des recommandations pour les élections futures. La mission d'observation électorale de l'Union européenne est présente en Tunisie depuis le 6 avril dernier à la suite d'une invitation de l'Isie et du gouvernement tunisien. Au total, la MOE UE a déployé 124 observateurs de 27 Etats membres de l'UE, ainsi que du Canada, de la Norvège et de la Suisse, pour évaluer l'ensemble du processus électoral au regard des normes internationales en matière d'élections démocratiques et de la législation tunisienne. La MOE UE reste dans le pays pour observer les développements post-électoraux.