Les quotidiens La Presse de Tunisie et Achourouk ont accordé un espace presque égal aux candidats Essebsi et Marzouki Le scrutin de dimanche dernier marque la fin d'une période de transition dans laquelle les Tunisiennes et les Tunisiens ont démontré, malgré des circonstances parfois difficiles, leur fort attachement aux valeurs démocratiques. «La journée électorale s'est déroulée dans une ambiance calme et de façon particulièrement ordonnée et les observateurs de la Mission d'observation électorale de l'Union européenne (MOE) ont évalué comme très positives toutes les étapes de la journée électorale, avec une mise en valeur particulière du professionnalisme des membres de bureaux de vote et la transparence des procédures», a déclaré Annemie Neyts-Uyttebroeck, chef de la MOE, hier, à l'occasion d'une rencontre avec les médias. Pour la première fois dans l‘histoire du pays, le peuple tunisien s'est rendu aux urnes pour élire un président, lors d'élections pluralistes et transparentes, avec la présence de représentants de candidats dans la grande majorité des bureaux de vote», a indiqué la chef de la Mission d'observation de l'Union européenne, Annemie Neyts-Uyttebroeck. «Comme lors des deux scrutins précédents, la campagne pour le deuxième tour s'est déroulée dans une ambiance sereine et sans incidents notoires. Les libertés d'expression et de rassemblement ont été respectées et, malgré la forte polarisation de la campagne et certains excès verbaux, les candidats se sont abstenus d'inciter à la violence», a-t-elle ajouté. Par ailleurs, les observateurs de la MOE ont relevé que le cadre légal régissant la précampagne et la campagne n'a pas créé d'entraves pour les candidats. Le cycle électoral qui s'achève a été possible grâce, notamment, aux efforts combinés des acteurs politiques, de la société civile tunisienne et des institutions provisoires de la transition, a souligné Annemie Neyts-Uyttebroeck. En effet, tout au long de l'opération électorale, l'Isie et ses branches régionales ont fait preuve d'impartialité, d'indépendance et de professionnalisme, et l'expérience accumulée lors des scrutins précédents a permis à l'Instance d'être particulièrement efficace dans l'organisation du second tour de la présidentielle. L'Isie a veillé à assurer la transparence du processus dans toutes ses phases afin de garantir la traçabilité des résultats et de permettre leur vérification. Ainsi, l'accès des représentants des partis et des observateurs aux opérations de vote et de dépouillement a été garanti et l'Instance s'est engagée à publier les procès-verbaux des bureaux de vote, comme elle l'a déjà fait lors des législatives et du premier tour de la présidentielle, a-t-elle indiqué. La chef de la MOE a également souligné que les représentants de Béji Caïd Essebsi étaient présents dans 92% des bureaux et ceux de Moncef Marzouki dans 87%, et ils ont pu s'acquitter de leurs tâches librement, tout comme les observateurs de la société civile qui étaient présents dans 50% des bureaux. Quant aux procès-verbaux des dépouillements, ils ont été signés par les représentants de candidats et affichés à l'extérieur des bureaux de vote observés. L'agrégation des résultats s'est déroulée de manière rapide et transparente, en présence des représentants des deux candidats et des observateurs de la société civile. D'un autre côté, les observateurs relevant de la MOE-UE ont focalisé sur l'évaluation et l'impact de la décision de l'Isie d'interdire à toute personne de demeurer dans les cours des établissements scolaires où était installée la quasi-totalité des centres de vote, y compris les observateurs de la société civile. Une décision, d'ailleurs, fortement critiquée par les représentants de la société civile. A ce titre, la cheffe de la Mission d'observation de l'Union européenne, Annemie Neyts-Uyttebroeck, a précisé que les observateurs de la MOE-UE ont constaté que cette mesure a contribué à la sérénité des opérations électorales». En général, et au regard des observateurs de l'UE, les deux candidats ont pu accéder librement aux médias. La plupart des médias audiovisuels observés ont interviewé les deux candidats et ont couvert leurs campagnes de manière équilibrée. En effet, la plupart des médias observés, par la MOE, ont couvert la période entre les deux tours de l'élection présidentielle de manière neutre et assez équitable. La couverture des activités des deux candidats n'a presque jamais dépassé le ratio 60h40. Et, tout comme lors des législatives et du premier tour de la présidentielle, les médias publics ont assuré une couverture neutre et équilibrée. Néanmoins, malgré ces tendances positives, il faut noter que les chaînes de télévision privées ont clairement privilégié le candidat Essebsi, dans le temps de parole directe, au détriment du président Marzouki. La chef de la MOE a, ainsi, affirmé que « le temps d'antenne consacré aux interventions du fondateur de Nida Tounès a atteint 95% du temps total dédié aux interviews, déclarations, discours ou conférences de presse des deux candidats sur Hiwar Tounsi ; et 89% sur Nessma TV, qui a été la seule chaîne à ne pas offrir une couverture équilibrée des deux candidats dans ses programmes d'information et s'est par ailleurs abstenue d'interviewer Moncef Marzouki». S'agissant des radios privées (Mosaïque FM et Shems FM), elles ont été très équilibrées dans leur couverture, surtout dans les émissions d'information. Et en ce qui concerne la presse écrite, les journaux La Presse de Tunisie et Achourouk ont accordé un espace presque égal aux candidats Essebsi et Marzouki, en se montrant toutefois plus critiques à l'égard du président sortant. Le quotidien Le Maghreb a accordé plus d'espace à Moncef Marzouki mais dans un ton souvent négatif. Quant à la société civile, elle a joué, au regard de la MOE, un rôle très important dès le début du processus et en amont du deuxième tour de la présidentielle, les missions d'observation nationales ont rappelé aux candidats l'importance de ne pas contribuer par leurs discours à créer des divisions entre les Tunisiens ou à provoquer des violences. Pour sa part, le président de la délégation d'observation électorale du Parlement européen, Santiago Fisas Ayxelà, a affirmé que «le peuple tunisien a de quoi être fier, car la Tunisie peut être un exemple pour d'autres pays de la région : la stabilité institutionnelle dont elle s'est dotée est indispensable à la prospérité à laquelle le peuple a droit», a-t-il conclu. La MOE-UE observera d'éventuels contentieux électoraux et restera dans le pays jusqu'à la proclamation des résultats définitifs de l'élection présidentielle. Dans les deux mois qui suivront, Annemie Neyts-Uyttebroeck, chef de la MOE, reviendra en Tunisie pour remettre aux autorités et à d'autres acteurs nationaux un rapport final plus détaillé incluant, le cas échéant, des recommandations concrètes en vue de l'amélioration des processus électoraux à venir.