« Medea », une représentation théâtrale en langue italienne de la tragédie grecque d'Euripide « Médée », a été mise en scène et interprétée par les élèves de l'Institut scolaire italien de Tunisie, Giovanni Battista Hodierna, en collaboration avec l'institut culturel italien de Tunisie, mardi dernier au théâtre le 4e Art. « Médée », cette antique tragédie, a inspiré les plus grands auteurs. Tour à tour, Euripide, Ovide, Sénèque, Corneille et Anouilh se sont notamment inspirés des malheurs de Médée pour écrire des pages aussi belles que sombres. Le cinéma lui fit également une place en 1969, avec Maria Callas comme interprète du très beau film de Pasolini. À tout jamais, Médée demeure la criminelle, l'infanticide, la coupable. Médée, écrit Corrado Alvaro, est l'ancêtre de toutes les femmes qui ont enduré une persécution raciale, de toutes celles qui, rejetées par leur patrie, errent sans passeport, de contrées en contrées, et finissent par se retrouver en camp de concentration ou en camp de réfugiés. Médée tue ses enfants pour ne pas les exposer au tragique vagabondage, à la persécution, à la faim. Elle lève la malédiction sociale et raciale. Elle les tue pour les sauver, dans l'élan d'un amour maternel désespéré. « Il s'agit de l'un des mythes les plus influents de la littérature occidentale et qui a été revisité plusieurs fois au cours des siècles par les grands auteurs qui voulaient la mettre en scène. En étudiant le mythe dans sa version classique, nous avons immédiatement réalisé à quel point l'histoire de cette femme (Médée) est capable de soulever aujourd'hui des questions très actuelles sur les problèmes de la famille, la citoyenneté et la diversité culturelle. Ce spectacle n'est pas une simple mise en scène de la tragédie antique, mais une expérience dramaturgique à travers les siècles de l'Antiquité jusqu'à nos jours. » Toute «Médée», ou presque, en soixante minutes. C'est le défi relevé haut la main par les élèves tuniso-italiens de l'Institut scolaire Giovanni Battista Hodierna, qui, en présence de Son excellence Monsieur l'ambassadeur d'Italie en Tunisie, la directrice de l'Institut culturel italien de Tunisie et la directrice de l'Institut scolaire G.B.Hodierna et un public hétéroclite, nous proposaient une représentation théâtrale de « Médée » à destination du plus grand nombre, originale, joliment fantasmée et stylisée et riche de la fougue de ses jeunes interprètes. Citons : Amira Cherif(Médée) Matteo Lombardi (Jason), Othman Antidormi (Créon) Giuliana Bianchi (Nourrice)Samar Ancona (Messagère ) Sara Chaabani, Sarra Cherif, Amira Hussein, Beatrice Massimo, Anna Rabboni, Elena Susini, (corinthiens) Giovanni Baroni, Edoardo Burattin,Esam Hussein, Omar Lamouchi, Matteo Lorenzini, Massimo Papetti, Lorenzo Colonna et Dvide Monastra (régie) Alessandra Palombieri (scénographie) et Rosario Notta (costumes). « Médée, terrible Médée ! » Femme coupable, qui trahit son père, tua son propre frère, par amour pour Jason, l'argonaute, pour l'aider à conquérir la Toison d'or. Après dix ans de fuite, d'errance et de passion, Médée et Jason s'installent à Corinthe. Jason, peu à peu gagné par les ans et la maturité, devient plus raisonnable, décide de se ranger. Il s'apprête à épouser la fille de Créon, roi de Corinthe. Médée est repoussée aux frontières du royaume, où elle vit avec leurs deux fils et une nourrice. Là, elle est l'étrangère, la fille du roi de Colchide, la barbare et l'exilée. Les habitants de Corinthe la redoutent comme meurtrière et magicienne. Le roi et Jason vont tour à tour venir la visiter avant le mariage, sans doute pour se prémunir d'une éventuelle vengeance. Pourtant, Médée ne pardonnera pas. Elle va tuer encore et encore. Et elle va égorger ses propres enfants. Devenant ainsi l'infanticide que l'on sait. Comme décor à la folie meurtrière de Médée, on a choisi l'intérieur macabre d'un palais, avec une dominance de la couleur rouge sang accentuée par une illustration sonore discrète mais permanente, obsédante. Côté interprétation, la sincérité et l'écoute de chacun nous ont conquis. Amira Cherif (Médée) contient avec maestria la douleur, l'amour, le feu brûlant en elle pour ne les laisser jaillir qu'aux moments les plus opportuns. Elle dévoile une sensibilité et une fragilité déchirantes, associées à un jeu d'une grande richesse. Par sa gestuelle, ses regards, ses attitudes, elle nous entraîne dans les méandres de l'âme, du cœur du personnage avec une déconcertante facilité. Matteo Lombardi (Jason) convint par son jeu spontané et évident. Sans oublier la sobriété, l'efficacité et la justesse indéniable des membres de cette jeune troupe aux talents prometteurs !