La digitalisation dans le secteur de l'assurance est un thème d'actualité. Une innovation qui exige la prise d'un certain nombre de mesures. L'objectif est de mettre en exergue l'importance de la digitalisation dans ce secteur et scruter les horizons de l'avenir du métier en analysant aujourd'hui les problèmes qui pourraient éventuellement surgir demain afin de prévoir les solutions adéquates, a souligné Abdellatif Mamoghli, Président de l'association tunisienne du droit des assurances, à l'occasion d'un colloque organisé ce vendredi à Tunis sur le thème «L'assurance et la digitalisation ». La digitalisation touche toutes les composantes du secteur : assureurs, réassureurs, personnel, institutions bancaires, PTT, et surtout la composante disparate mais non négligeable des fraudeurs qui ne rateront pas le passage à la digitalisation pour étendre le champ de la cybercriminalité, a-t-il ajouté. Comment protéger les données personnelles ? Le plan national stratégique « Tunisie digital 2020 » œuvre à renforcer les efforts de digitalisation dans notre pays .L'initiative de ce plan est issue d'une collaboration public-privé, d'où l'importance de ce colloque, a noté, pour sa part, le directeur exécutif de la Fédération tunisienne des sociétés d'assurances, Kamel Chibani. Le thème de la digitalisation est très important et touche plusieurs aspects, surtout celui des données personnelles. La question qui se pose actuellement est de savoir comment protéger ces données d'autant plus qu'elles représentent une mine d'or pour les assureurs. La société digitalisée est fondée sur la collecte et le traitement des données personnelles mais tout développement de notre société passe inéluctablement par la protection des données, a expliqué dans son intervention Chawki Gaddes, Président de l'Instance nationale de protection des données personnelles(Inpdp). «Il faut établir un certain équilibre entre la digitalisation et le respect des droits et des données personnelles des assurés qui sont comparées au pétrole par les experts. Il n'est possible de traiter les données personnelles que si les personnes sont en confiance. Et on ne fait confiance qu'à ceux qui s'emploient à préserver notre vie privée», a-t-il, par ailleurs, relevé. A cet égard, il explique encore que toutes les données personnelles ne sont pas égales, il y a des données sensibles qu'il faut impérativement protéger, comme les empreintes digitales. C'est une responsabilité accrue et c'est pourquoi l'Inpdp a refusé le projet de la carte d'identité biométrique. Chawki Gaddes a ajouté que les assureurs n'ont pas le droit de consulter le dossier de santé de l'assuré et qu'ils doivent être vigilants. Il existe des obligations à la charge de l'assuré et des droits aux assureurs. Améliorer les processus métiers La nouvelle réglementation européenne (règlement général de la protection des données personnelles, Rgpdp) entrera en vigueur le 25 mai 2018 avec des effets extraterritoriaux, ce qui va impacter plusieurs institutions dans le pays qui entretiennent des relations de coopération étroites avec des entreprises européennes. La Tunisie n'a pas, à ce jour, encore adopté le projet de loi sur la protection des données personnelles, a-t-il rappelé. La Tunisie est certes précurseur dans sa région (Afrique et monde arabe) mais elle est appelée à adopter au plus vite la loi sur la protection des données personnelles en totale conformité et harmonie avec le Rgpdp, souligne Gaddes. Le salut des assurances est dans la conformité. En effet, l'échange d'informations avec l'espace européen sera conditionné par le niveau de protection instauré en Tunisie. Pour bien s'y préparer, il faut rehausser le niveau de protection des données personnelles. Le personnel doit avoir la culture de la digitalisation et cela nécessite la refonte des processus métiers, la formation des ressources, et la réorganisation humaine, tout en garantissant la sécurité des données personnelles, a souligné de son côté Sihem Bellamine, experte en matière de digitalisation dans une compagnie d'assurances. Le débat est ouvert quant à la nécessité de s'adapter aux développements technologiques accompagnés par la digitalisation de plusieurs secteurs. Les compagnies d'assurances sont appelées à adapter leurs stratégies afin de répondre au mieux aux attentes de leurs clients et de créer de la valeur ajoutée pour ces derniers tout en protégeant leurs données personnelles. Les assureurs se trouvent, à l'orée de la digitalisation, entre l'enclume de la collecte des données personnelles pour bien fonctionner et booster la productivité de leurs entreprises, et le marteau de la loi sur la protection de ces données qui sera bientôt adoptée par l'ARP.