Cercina, espace politique et poétique, à travers la photographie et les arts visuels. Le paysage culturel tunisien s'enrichit avec un nouveau festival qui s'annonce du 21 au 27 juin, sous le nom de Festival international de photographie et d'arts visuels ou Kerkennah#01. Sa particularité vient de son champ d'intérêt mais surtout du lieu qu'il s'est choisi sur la carte de la Tunisie. Le festival aura en effet lieu aux îles Kerkennah, qui seront, à l'occasion du festival, accessibles par le biais d'un passeport et d'une carte d'embarquement symboliques et artistiques. Plusieurs raisons sont derrière ces choix, présentés par la fondatrice du festival, Olfa Fekki, lors d'une conférence de presse tenue avant-hier à l'espace le 15. Des raisons comme le manque de reconnaissance des artistes tunisiens et la marginalisation de Kerkennah, qui donnent au projet du festival une dimension culturelle, mais aussi sociale et politique. Le volet artistique du festival a été défini entre 2016 et 2017, avec des résidences curatoriales dirigées par John Fleetwood, Jeanne Mercier, Missla Libsekal, Valentine Busquet et Hajer Chelbi. Leur rôle a été de questionner l'identité de Kerkennah#01, dans sa dimension locale et internationale, le tout autour «des enjeux traversés par la photographie contemporaine: son statut d'archive, son rapport à la vidéo et à la création numérique, à l'histoire et au futur, à la mémoire collective et individuelle...». Cinq expositions ont en ressorti : «Of traps and tropes» de Simon Gust, Matthew Adam Kay et Hela Ammar ; «Occupy the desert» de Bruno Hadjih, Philippe Chancel, Nicolas Moulin et Le collectif 220, «On Betweenness» de Pierrot Men et Francis Nii Obodai Provencal, «Fata Morgana» de Mustapha Azeroual, Mathieu Merlet-Briand, Federica Landi, Louis Cyprien Rials et Badr El Hammami et « Ré-création» de Mathieu Le Sourd, Isil Kurmus Aleksandrov et Khalil Ben Abdallah. Autour de cette programmation principale, d'autres événements sont annoncés. Il y aura, du 22 au 26 juin, une programmation éducative en collaboration avec le Goethe Institut, dans le but de créer un réseau professionnel entre la scène locale et la scène internationale. Trois jours de workshop pour une exposition de 24h seront présentés par l'agence photo allemande Oztkreuz, sous le titre «If you don't know, you can't understand». Le cinéma sera aussi de la partie avec deux films documentaires de Harun Farocki, «Prison images» et «Still life». Une partie du programme sera consacrée à la médiation culturelle, dirigé par Achref Ben Abizid avec un échange et une collaboration entre 15 étudiants tunisiens et 15 étudiants de l'Institut d'études supérieures des arts à Paris. Les déambulations des festivaliers sur l'archipel leur permettront également de visiter l'exposition off proposée par la galerie Ghaya, intitulée «Lieux de nulle part» et avec les artistes Zied Ben Romdhane, Walid Ben Ghezala, Augustin Le Gall, Hichem Driss, Haythem Zakaria, Sophia Baraket, Fakhri El Ghezal. La suite de la programmation off se compose de la nuit des courts-métrages et de concerts du groupe Tree9, de Badiaâ Bouhrizi, du duo Dhamma, de Nuri et du groupe Monkuti, qui animeront les soirées du festival. La réflexion qui a précédé la naissance de l'identité de Kerkennah#01 et de son programme a débouché sur une thématique à 5 axes: «Trace, île, mobilité, futur, labeur». «Au sein même de son processus de création, Kerkennah#01 s'affirme comme une plateforme de formation et d'expérimentation, interrogeant non seulement les pratiques curatoriales, mais aussi l'impact d'un tel festival sur les habitants de l'archipel et plus largement sur la vie culturelle du pays et de ses acteurs (artistes, étudiants, galeristes, collectionneurs...)», expliquent les organisateurs. Leur ambition est de «créer des infrastructures pérennes pour la population locale, tout en sensibilisant l'opinion publique et la classe politique au potentiel culturel, éducatif, touristique et économique d'une telle manifestation».