La lutte contre le chômage et la résolution des crises à l'échelle régionale demeurent une réponse adéquate à l'émigration clandestine, a estimé, hier, l'ambassadeur de l'Union européenne en Tunisie, Patrice Bergamini. « Seules des réponses communes aux défis posés par le chômage, d'une part, les crises régionales, d'autre part, permettront de lutter contre l'émigration clandestine et de prévenir de nouveaux drames humains», a tweeté, hier, Bergamini. Pour lui, le naufrage d'une embarcation au large des îles Kerkennah est une tragédie qui vient frapper, de nouveau, la Tunisie et la Méditerranée. « L'UE continuera à déployer sans relâche avec la Tunisie tous les efforts nécessaires afin de trouver ensemble les voies d'un meilleur avenir commun», a-t-il dit. Bergamini a exprimé en son nom et en celui de l'Union européenne ses sincères condoléances aux familles de toutes les victimes du naufrage. Une embarcation de fortune a coulé dans la nuit de samedi à dimanche à 5 milles nautiques de l'île de Kerkennah. Selon un bilan provisoire, 55 personnes ont trouvé la mort dans ce naufrage. Sur un total d'environ 200 passagers, 68 ont été secourus. Des dizaines de migrants irréguliers de différentes nationalités africaines étaient à bord du chalutier. De son côté, le ministre de l'Intérieur, Lotfi Brahem, a promis que «les forces de l'ordre, tous corps confondus, seront déployées bientôt à l'île de Kerkennah pour combler le vide sécuritaire et lutter contre le crime organisé », ajoutant que «la traite des êtres humains est le commerce de la mort », lors d'une visite inopinée dans le gouvernorat de Sfax. « Les institutions sécuritaire et militaire sont à pied d'œuvre pour lutter contre l'émigration irrégulière et traquer les passeurs », a-t-il également souligné au cours d'une réunion extraordinaire du Conseil régional de sécurité organisée sur fond de cette traversée de la mort. Selon les premiers éléments de l'enquête sur le naufrage de Kerkennah, il en ressort que sur les 68 rescapés de l'embarcation transportant des migrants (tunisiens et étrangers), 24 sont originaires de la délégation d'El Hamma (gouvernorat de Gabès). On dénombre, également, 10 morts et 4 disparus originaires de la même délégation. Jusqu'à hier matin, 55 corps, au total, ont été repêchés, suite à ce tragique accident survenu dans la nuit de samedi à dimanche. Les recherches se poursuivent pour retrouver des dizaines d'autres disparus. Le bureau de la Ligue tunisienne des droits de l'Homme, à Gabès, appelle, dans une motion rendue publique sur son site web, à traquer les responsables et à durcir la législation de manière à dissuader les organisateurs des traversées de la mort. Ajoutant que la solution sécuritaire est insuffisante face à ce fléau, tant que le modèle de développement reste inchangé et que le pays demeure incapable de donner de l'espoir à ses jeunes. Le chômage, dans la région de Gabès, rappelle-t-on, dépasse les 25% et atteint 55% parmi les diplômés du supérieur.