Par Jalel Mestiri On ne peut pas créer à partir de rien. Les plus grandes sources d'inspiration de la sélection se situent aussi bien dans l'aspect tactique que dans celui relatif à la créativité. Ces derniers temps, et notamment avec l'apport de bon nombre d'expatriés, le principal souci de l'équipe est de se réinventer sans cesse, d'évoluer, de progresser. De ne pas s'endormir. L'équipe de Tunisie a aujourd'hui une spécificité. Elle consiste à prêcher une certaine manière de jouer, une certaine manière de penser le football. S'il faut la comparer à un genre particulier d'équipe, nous penserons essentiellement à celle dont le processus d'évolution se fait à travers une intériorisation des règles de jeu à la fois simples et complexes. Mais en même temps de bien comprendre aussi les règles non écrites d'une épreuve comme le Mondial dans laquelle elle débarque. La Coupe du monde est un formidable exhausteur de sensations. La passion déraisonnée et déraisonnable. La présence qui fait autant de bien que de mal. Souffrir des contraintes, des sorties de route, mais aussi et surtout tomber dans l'ivresse des victoires, des exploits, des résultats inattendus, des épopées mythiques et des célébrations hors pair. Raisons pour lesquelles, il va falloir aux joueurs de sortir les muscles. Et les abdos. Les vrais. On le sait déjà : la force de la sélection dans sa version actuelle reste une adaptation générale aux circonstances. Même dominée, même privée de ballon, elle est capable de se ressaisir et d'aller au-delà de ce l'on peut imaginer. L'équipe reste fidèle à ce qu'elle a pu découvrir et apprendre à travers les défis qu'elle n'a pas hésité à relever. Elle connaît sa force comme ses propres limites. Elle s'accommode du contexte et parvient, quasiment, à faire la différence. Les résultats obtenus confèrent une grande confiance au groupe. Avec certains joueurs qui reviennent au moment où l'on croyait qu'ils étaient finis, d'autres qui sont toujours là. Mais surtout les révélations de ces derniers temps. Ils ont des profils différents. Ceux qui nous apportent de la vitesse et de la profondeur. Ou encore les expérimentés qui nous feront bénéficier de la technicité au cœur du jeu. Cette sélection a la chance d'avoir des solutions, et ça permet de garder un ensemble compétitif. Tout ce qui a été accompli jusque-là et ce qui reste encore à faire est à la fois une méthode de pensée et une manière de travailler. Cela nous amène à penser à Nabil Maâloul et à tout qu'il a apporté à l'équipe. Nous nous contenterons de dire à ce sujet que les gens qui ont des idées, qui sortent de l'ordinaire et prétendent réfléchir à la portée de leur travail sont toujours vus et jugés d'une certaine manière. Cela nous donne aujourd'hui l'occasion de parler de Maâloul comme faisant partie des ces techniciens qui font avancer la cause du football dans leurs équipes. En ce sens, il est porteur d'une éthique de jeu. C'est à ce titre qu'il peut être brocardé, comme tous les grands inventeurs et grands entraîneurs, et taxé de « sectaire » ou « d'illuminé ». Maâloul n'est pas seulement cela. Il est aussi une sorte de mentor pour ses joueurs. Il leur enseigne à la fois une manière de jouer mais aussi une certaine sensibilité de jeu.