Selon le rapport mondial sur la compétitivité 2016-2017, la Tunisie occupe la 133e place sur un total de 138 pays classés, en matière d'efficience du marché du travail, affichant ainsi un net recul de plus de 10 places par rapport à l'année d'avant où elle occupait la 119e place sur un total de 144 pays classés. Il est vrai que le premier trimestre de l'année en cours a été marqué par une légère baisse du taux de chômage, enregistrant ainsi, la création d'environ 12.000 postes d'emploi durant ces trois premiers mois, toutefois le chômage en Tunisie persiste. Le tableau de bord économique, qui vient d'être publié par l'Institut tunisien de la compétitivité et des études quantitatives (Itceq), indique d'une manière détaillée les secteurs où il y avait une forte employabilité durant les trois premiers mois de cette année. En effet, une nette croissance du taux d'employabilité a été notée, essentiellement dans le secteur de l'hôtellerie et de la restauration, ainsi que dans le secteur de la construction et des travaux publics où la création de l'emplois a augmenté dans chacun d'eux d'environ 16% par rapport au premier trimestre de l'année 2017. Un autre secteur qui s'avère porteur d'emploi est celui des services sociaux et culturels, où la création d'emploi a augmenté d'environ 6%. Le commerce, les industries agroalimentaires, les industries mécaniques et électriques, outre le secteur du textile et des chaussures sont également les secteurs où, habituellement, il y a une nette création d'emplois. Par contre, les secteurs des industries chimiques, des mines, ainsi que l'industrie des matériaux de construction ont enregistré un recul au niveau de l'offre. Un chômage de longue durée Mais loin de ces indicateurs conjoncturels, le problème du chômage en Tunisie est structurel. Depuis plus d'une décennie, la Tunisie peine à résorber le chômage qui, après avoir connu une hausse considérable en 2011 atteignant ainsi un taux sans précédent d'environ 18%, a baissé et stagné aux alentours de 15%, depuis plus de trois ans. Un rapport, rendu public récemment par l'Itceq qui a été élaboré par le Réseau euro-méditerranéen des études économiques (Emnes), évoque une inefficacité qui caractérise le mécanisme du marché de l'emploi en Tunisie. En effet, selon le rapport mondial sur la compétitivité 2016-2017, la Tunisie occupe la 133e place sur un total de 138 pays classés en matière d'efficience du marché du travail, affichant ainsi un net recul de plus de 10 places par rapport à l'année d'avant où elle occupait la 119e place sur un total de 144 pays classés. Le constat est clair et fait l'unanimité. L'inadéquation entre l'offre et la demande du marché du travail en Tunisie est la principale cause de la persistance du chômage en Tunisie. Alors que le nombre des jeunes diplômés ne cesse de croître d'année en année, la demande du marché de l'emploi de la main-d'œuvre hautement qualifiée ne représente que 9% du total de la demande. De plus, le rapport de l'Emnes mentionne un taux de chômage très élevé dans le rang des jeunes qui s'élève à environ 35%, soit à peu près trois fois le taux de chômage chez la population adulte. Par ailleurs, les non occupés en Tunisie souffrent d'un chômage de longue durée, puisque les chômeurs qui sont à la recherche d'emploi pour une période de plus d'un an représentent 57% de l'ensemble des chômeurs. En substance, face à ce problème structurel, les remèdes n'étaient pas, jusque-là, aussi efficaces. Faible culture entrepreneuriale A vrai dire, les résultats de l'orientation de la politique de l'employabilité vers l'entrepreneuriat qui date depuis plus d'une décennie n'ont pas été encore évalués. Selon les chiffres publiés dans le rapport, seulement 2,7% des jeunes occupés sont des entrepreneurs et 5,1% travaillent pour leur propre compte. Aussi, le nombre des employés indépendants a grimpé de 741 mille en 2006 à plus de 831 mille en 2015. Une nette augmentation, mais qui demeure, tout de même, en deçà de la cadence souhaitée. Cela est principalement dû, selon le rapport de l'Emnes, à une faible culture entrepreneuriale, et ce, en dépit des mesures incitatives prises par les gouvernements. Cependant, de ce tableau dressé qui paraît assez sombre, émergent quelques indicateurs positifs. En effet, la Tunisie s'oriente de plus en plus vers les technologies et l'innovation, pour trouver des solutions potentiellement radicales au problème récalcitrant du chômage, d'autant plus qu'elle présente de véritables atouts en la matière. Le récent rapport mondial sur la compétitivité révèle quelques indicateurs positifs. En effet, face au classement actuel de la Tunisie en matière de compétence de la main-d'œuvre (103e), un autre classement donne à penser à de nouvelles brèches. Etant classé 72e en matière de compétences de la future génération de main-d'œuvre, le marché du travail enregistrera forcément une amélioration au niveau de l'adéquation entre l'offre et la demande. Aussi, la Tunisie est classée 73e en termes de dynamique des affaires. Certes, ces indicateurs ne sont pas aussi satisfaisants, néanmoins, ils représentent des prémices pour de potentiels remèdes à cet interminable casse-tête qu'est le chômage.