Deux enquêtes élaborées par l'Iace, l'une auprès de 403 entreprises et l'autre auprès de 12.080 diplômés du supérieur, montrent que les entreprises ont des difficultés à combler les postes vacants. Des difficultés dues principalement à une inadéquation entre les profils demandés et la qualité des profils disponibles. La deuxième partie du rapport national sur l'emploi élaboré par l'Institut arabe des chefs d'entreprise a été présentée, hier, à la maison de l'entreprise. La première partie a été engagée depuis une année pour examiner, analyser et étudier, d'une manière profonde, la question cruciale de l'emploi, qui est à l'origine de notre mauvais classement dans le rapport de compétitivité mondiale de Davos 2016-2017, où nous avons perdu trois places par rapport à l'année dernière. La première partie du rapport présenté en juillet 2015 a été consacrée à une mise au point de la situation de l'emploi et à l'examen de l'adéquation entre la formation et les besoins des entreprises en postes d'emploi. Cette étude a permis de dégager et d'évaluer les emplois qui sont aujourd'hui disponibles, que les entreprises et les entrepreneurs recherchent dont le nombre s'élève à 145 mille postes, alors que de l'autre côté on se retrouve avec 650 mille chômeurs. Autant dire que ce rapport dans sa première et deuxième partie se focalise sur un thème majeur qui est le chômage des diplômés de l'enseignement supérieur, priorité du ministère de la Formation professionnelle et de l'Emploi qui a lancé des actions rapides de court terme pour résoudre le problème du chômage des diplômés. Le chômage touche près de 40% de la population dans les villes de Gafsa et Tataouine. Face à ce manque, «les pouvoirs publics devraient veiller à l'activation de cette population pour devenir des profils employables. Le programme que notre département a lancé baptisé «la formation garante de l'emploi» s'inscrit dans ce contexte, visant à promouvoir la formation professionnelle, soutenir les compétences professionnelles et l'employabilité. La formation professionnelle est aujourd'hui un secteur où on peut compléter une formation acquise dans le monde de l'université », précise Mme Saïda Ounissi, secrétaire d'Etat chargée de la Formation professionnelle et de l'Entrepreneuriat. Besoin de main-d'œuvre qualifiée Les résultats de la première partie du rapport montrent que la répartition de la population active fait ressortir environ 600 mille chômeurs, avec un taux moyen de 15,2% en 2015, contre 13% en 2010, touchant essentiellement les femmes et les jeunes âgés entre 15 et 34 ans. Au niveau régional, trois quarts de l'ensemble des chômeurs sont concentrés dans le sud et l'ouest du pays, le nord-est et le centre-est accaparent 25% des chômeurs. Pour examiner le dossier de l'emploi, l'Iace l'a abordé sous deux angles: l'offre et la demande. En effet, deux enquêtes ont été élaborées, l'une auprès de 403 entreprises et la seconde auprès de 12.080 diplômés du supérieur. Les résultats montrent que les entreprises ont des difficultés à combler les postes vacants, difficultés dues au problème de carence des profils demandés qui sont en inadéquation avec la qualité des profils disponibles. La première partie du rapport dénombre, par ailleurs, les difficultés rencontrées lors du recrutement et les critères des compétences sollicitées et des demandeurs d'emploi. Elle présente les stratégies de recrutement des entreprises, analyse l'interaction des postes vacants avec les postes occupés... L'enquête auprès des entreprises révèle que le nombre total de recrutements potentiels pour les deux prochaines années est de l'ordre de 270.000 emplois, avec une suppression globale de 50.000 postes d'emploi, ce qui revient à une création nette de 75.000 postes d'emploi sur les deux ans avec 68,5% de postes sollicités par les grandes entreprises. Par ailleurs, l'analyse des postes d'emploi demandés indique que le marché a besoin de plus en plus de main-d'œuvre qualifiée ou peu qualifiée dans des activités classiques (commerce, textile, bâtiment...). Ces secteurs ne requièrent pas un taux d'encadrement élevé capable d'absorber le chômage des diplômés. Le marché a donc besoin d'une main-d'œuvre que les universités sont capables de fournir. Concernant l'offre, le rapport précise que la Tunisie s'attarde sur l'offre issue de la formation universitaire. En effet, «par rapport à un taux de chômage national de 15%, le taux de diplômés du supérieur est de 35%. Ce constat explique l'intérêt accordé à cette catégorie de demandeurs d'emploi. La deuxième partie du rapport examine la mesure de la dispersion sur le marché du travail localement et indique une faible adéquation de la formation universitaire à la demande locale. Elle apporte, par ailleurs, une analyse profonde de la corrélation entre les tensions sociales et la nature du chômage par région et de la problématique de la formation en TIC. Les résultats de la deuxième partie du rapport montrent que le nombre total des postes vacants actuels dans tous les gouvernorats de la République s'élève à 145.246. Celui des postes à créer durant les deux prochaines années est porté à 270.056. Quant au nombre des chômeurs, il avoisine 573.315, celui des diplômés est de l'ordre de 174.796. Par ailleurs, les gouvernorats de Tozeur, Tataouine, Kebili, Gafsa et La Manouba, affichent les pourcentages les plus élevés allant de 52 à 66% concernant les diplômés des spécialités dont les débouchés se trouvent essentiellement dans le secteur public. De même, les gouvernorats de Sfax, Tunis, Sousse, Bizerte et Ariana affichent l'indice le plus élevé, allant de 5,8 à 6,08, relatif à l'ouverture de l'université sur l'environnement du travail. Selon la même source, les délégations de Kerkennah, Souk El Ahad, Kebili sud, Sidi Makhlouf, Ghannouch, Snad et Redayef, Gafsa-nord, Om Laraïes et Metlaoui sont classées au top 10 des délégations les plus chaudes, selon le score de vigilance et de veille sociale, et ce, en ce qui concerne la part des chômeurs de niveau supérieur, du taux de chômage des jeunes et des femmes. Cet indice touche également la population active occupée dans les industries manufacturières, dans les secteurs des mines (population active masculine), de l'éducation, la santé et l'administration publique (population active féminine). Dans le secteur des TIC, le nombre des postes vacants actuels s'élève à 13.664, et 13.500 postes seront créés d'ici deux ans.