Bouteilles, canettes vides, ordures, déchets, et même couches pour bébé font partie du paysage de nombreuses plages en Tunisie. La société civile se mobilise pour lutter contre cette pollution. En pleine saison estivale, la question de la situation environnementale des plages tunisiennes rouvre la voie au débat et aux critiques. Et c'est notamment sur les plages des deux banlieues de Tunis que cette situation est mise sous les projecteurs des baigneurs, mais aussi de la société civile, vu leur grande fréquentation pendant les mois de juillet et d'août. En effet, alors que la saison estivale bat son plein, des milliers de vacanciers prennent la direction des plages de la banlieue nord, notamment celles de La Marsa, Carthage, Sidi Bou Saïd, La Goulette... où des familles, des amis et des couples viennent pour passer les heures de la journée quand il fait extrêmement chaud. Bien que, visiblement, les plages soient dans un état environnemental relativement bon, les vacanciers se plaignent de certaines formes de pollution. A la corniche de La Marsa, l'un des endroits les plus fréquentés de la banlieue nord de Tunis pendant l'été, la plage est assez propre pour recevoir les vacanciers venus très nombreux, vu la cherté des frais d'accès aux hôtels et aux plages privées. Pour cause, une coopération entre la municipalité locale et la société civile qui œuvrent de concert au profit de la propreté de cette plage. Un vacancier témoigne d'ailleurs d'une prise de conscience collective, car selon ses dires, la majorité des vacanciers respecte la situation environnementale sur cette plage. «Des contrevenants sont parfois rappelés à l'ordre par les vacanciers eux-mêmes, c'est une forme d'autorégulation», a-t-il affirmé. Pour lui, la question environnementale devra être une priorité pour chaque vacancier, car «la propreté de la plage est une responsabilité collective et non pas simplement une tâche confiée aux autorités». Si, à la plage de La Marsa, on enregistre des formes mineures de pollution, comme la présence de quelques déchets en plastique, notamment des bouteilles et des canettes vides, sur d'autres plages la situation est tout autre. Ordures, déchets, et même couches pour bébé font partie du paysage de la plage du Kram, banlieue nord de Tunis, un endroit également très fréquenté par les baigneurs, surtout entre 10h00 et 16h00. Selon quelques témoins présents sur place, la plage est nettoyée régulièrement par les agents municipaux, mais c'est sa grande fréquentation qui rend sa situation environnementale plus compliquée. «Il est vrai que sur la plage, des déchets sont observables, mais c'est en fin de journée et cela s'explique. Au matin la plage est assez propre et on peut se baigner tranquillement, les gens sont appelés à gérer leurs propres déchets plutôt que de les jeter n'importe où», a témoigné un père de famille qui s'apprête à rentrer après une journée passée sous le soleil de cette plage. Gare aux déchets en verre ! De nombreux accidents ont eu lieu sur différentes plages des deux banlieues de Tunis, à cause des déchets en verre jetés partout et sans aucune prise de conscience de leur dangerosité surtout pour les enfants. Selon les affirmations de quelques baigneurs à la plage de La Marsa et celle du Kram, ces déchets de bouteilles en verre constituent un premier danger et causent parfois de graves accidents. Car, en effet, souvent invisibles, ces déchets en verre, en aluminium ou en acier sont jetés aléatoirement et finissent parfois par causer aux baigneurs de graves blessures. Ce danger aurait pu être plus considérable, sans l'intervention de la société civile qui, à plusieurs reprises, a montré son efficacité lorsqu'on évoque la question environnementale. Effectivement, plusieurs initiatives ont été prises par des associations et des clubs de citoyenneté ayant contribué au nettoyage des plages tunisiennes en période de pré-saison estivale. Parmi ces initiatives figure notamment «La Saison bleue», une action de la société civile, partagée par quelques passionnés du sujet maritime et soutenue par un certain nombre de partenaires des deux rives de la Méditerranée : associations, entreprises, festivals, clubs ou fédérations sportives, chercheurs ou créateurs. Il s'agit d'une gigantesque manifestation qui donnera lieu à de nombreuses initiatives mettant en valeur l'exceptionnel potentiel maritime de la Tunisie et celui de l'économie bleue tout en attirant l'attention sur la vulnérabilité du littoral et de la mer, notamment la pollution et la gestion des déchets. Mais il faut rappeler dans ce contexte que 21 plages polluées sont interdites à la baignade cette année, à cause de la qualité de leur eau. Réparties sur six gouvernorats, ces plages ont échoué aux analyses qui ont porté sur l'ensemble de la bande côtière s'étendant sur 1.300 kilomètres. Il est à rappeler également que pour la deuxième année consécutive aucune plage tunisienne n'a reçu le Label «Pavillon bleu», qui distingue les plages et les ports de plaisance respectant les politiques de préservation de l'environnement. Si la propreté des plages constitue un enjeu important, la mise en place d'un dispositif encourageant l'éco-citoyenneté et l'implication notamment des jeunes, demeure une nécessité pour améliorer la situation environnementale de nos plages.