A l'occasion des élections des maires, des alliances, parfois improbables et contre-nature, se sont formées. Dans la quasi-totalité des municipalités, les listes victorieuses ont dû piocher des voix à gauche et à droite pour parvenir à la majorité. Quid des promesses électorales ? Sans surprise, le parti Ennahdha a raflé la présidence des conseils municipaux des principales grandes villes tunisiennes, et, dans les autres municipalités, sa représentativité ne permettra pas de prise de décisions sans son aval. L'intérêt de l'opinion publique s'est, récemment, porté principalement sur la mairie de Tunis, la capitale. Souad Abderrahim y avait réalisé un score sans appel et devient première femme maire de Tunis de l'histoire. Mais au même moment, d'autres chefs-lieux de gouvernorats ont été gagnés par le parti Ennahdha, grâce notamment à des alliances de circonstance. Ben Arous, Bizerte, Jendouba, Kairouan, Sfax, Gabes, Médenine, Kébili et Tataouine seront donc présidés par des maires appartenant au parti Ennahdha. Quant à Nida Tounès, deuxième parti vainqueur des élections municipales de mai dernier, il obtient la présidence du conseil dans 8 grands chefs-lieux, à savoir Béja, Le Kef, Siliana, Nabeul, Sousse, Kasserine, Sidi Bouzid et Gafsa. Mais dans ces villes, le parti Ennahdha est également présent et de manière forte, ce qui le rend, bien évidemment incontournable dans tout mécanisme de prise de décision. Ce qui reste des grandes municipalités revient principalement à des indépendants, à l'instar de l'Ariana, gagnée par Fadhel Moussa ou encore Monastir récupérée par la liste indépendante Inek Ala Bledek. Les alliances contre-nature Une configuration qui ne laisse aucun doute sur les protagonistes qui domineront la vie politique régionale dans les cinq prochaines années, surtout que le Code des collectivités locales offre de larges prérogatives aux municipalités. Mais cette domination des partis Nida Tounès et Ennahdha est une arme à double tranchant. En effet, les municipales sont le dernier rempart de la démocratie, comme le prouvent les chiffres en déclin de la participation aux scrutins. Si au bout du mandat, le citoyen ne perçoit aucun changement substantiel au niveau de la qualité de vie, sa sanction sera terrible. Une sanction qui se traduit soit par un abandon du droit de vote (abstention) soit par des votes de "ras-le-bol" (vote sanction) en faveur de formations politiques populistes ou extrémistes. Toutefois, la présidence des conseils municipaux n'est pas un poste de toute puissance. Bien qu'ils disposent de prérogatives qui leur sont propres, il ne faut pas oublier que les conseils municipaux sont, tout comme le parlement, une mosaïque de plusieurs partis. A l'occasion des élections des maires, des alliances, parfois improbables et contre-nature, se sont formées. Dans la quasi-totalité des municipalités, les listes victorieuses ont dû piocher des voix à gauche et à droite pour parvenir à la majorité. Dans ce cas, quid des promesses électorales ? Le conseil municipal élu devra redéfinir ses objectifs en fonction de ces coalitions qui se sont formées un peu partout. Cette fois, l'électeur tiendra pour responsable l'ensemble des parties prenantes en cas d'échec des politiques locales, y compris lui-même. En effet, les conseils municipaux doivent, de par la loi, travailler en étroite collaboration avec la société civile. Toute grande décision du conseil passe obligatoirement par le consentement des organisations de la société civile et donc des citoyens.