Les résultats des élections municipales étant définitivement proclamés le 13 juin, on œuvre ces derniers jours à la formation des conseils municipaux, c'est-à-dire principalement le choix des maires et des présidents des commissions les plus importantes. Il est prévu que l'opération choix des maires se prolonge jusqu'à la mi-juillet prochain au plus tard, comme le prévoit le Code des collectivités locales. Et déjà s'est posée une grande problématique : sur quelle base s'établiront les alliances entre les vainqueurs des élections municipales dans la mesure où les résultats du dimanche 6 mai dernier n'ont pas favorisé un parti quelconque ou liste de coalition de manière à lui permettre d'obtenir la présidence d'une municipalité d'une grande ou d'une petite ville sans avoir à solliciter le soutien d'élus parmi les autres listes concurrentes ? Autrement dit, comment Ennahdha et Nida Tounès vont-ils se comporter avec les indépendants ou les conseillers élus parmi les candidats de l'opposition (Courant démocratique, Front populaire, Machrou Tounès, Alliance civile) dans le but de les séduire et de s'assurer leurs voix quand sonnera l'heure de choisir le maire de Tunis, de Sfax ou de Sousse ? Déjà et bien avant que les alliances en vue des municipalités les plus importantes ne commencent à être dévoilées, les partis politiques de l'opposition qui se sont distingués par leurs scores insignifiants semblent s'être donné le mot pour annoncer qu'ils rejettent toutes les alliances et les coalitions, estimant qu'ils «ne peuvent pas s'allier avec Ennahdha et Nida Tounès». Et en écoutant les déclarations de Watfa Belaïd, présidente du Conseil central de Machrou Tounès, ou Ghazi Chaouachi, secrétaire général du Courant démocratique, on a l'impression que la formation des conseils municipaux est suspendue aux décisions que prendront ces deux partis en matière de coalition ou d'alliance avec «Nida Tounès ou Ennahdha qui ne pourront rien faire sans l'aval des rares élus appartenant à Machrou Tounès ou au Courant démocratique». Et les observateurs de s'interroger : quel est le but recherché par les partis comme Afek Tounès, le Front populaire ou Machrou Tounès en faisant des déclarations-surenchères se fondant sur l'opposition systématique à toute alliance avec Nida Tounès ou Ennahdha alors que les résultats montrent que les alliances se font essentiellement entre ces deux partis, sans oublier les listes indépendantes dont la grande majorité en sont très proches ? Le consensus, la solution idoine Alors que les partis de l'opposition tournent le dos à toute possibilité d'alliance avec «les vainqueurs des municipales», ces derniers ne ferment pas la porte à toutes les formes d'entente, estimant que tout est négociable et qu'il faut faire prévaloir le principe du consensus dans le but «de parvenir à former des conseils municipaux stables, efficients et capables d'agir». Imed Khemiri, porte-parole d'Ennahdha, considère que «de larges opportunités d'action commune, de coopération et de coordination s'offrent aux conseils municipaux étant donné la nature des questions qu'ils auront à résoudre collant étroitement aux préoccupations des citoyens». Quant au porte-parole de Nida Tounès, Mongi Harbaoui, il a précisé que «dans certains cas, le parti s'alliera avec Ennahdha là où une alliance s'impose», laissant entendre que ceux qui professent la fin du consensus avec Ennahdha prêchent dans le désert dans la mesure où «le principe du consensus demeure l'un des choix stratégiques de Nida Tounès», ce qui n'empêchera pas le parti «de coaliser avec les partis et les listes indépendantes avec lesquels il partage la même vision» comme le précise la même source. Reste le Front populaire qui a suscité une grande polémique en début de semaine en rejetant fermement «la coalition engagée par ses élus à El Aroussa avec des élus d'Ennahdha à propos de la répartition des responsabilités au sein du conseil municipal de la région. «C'est une décision qui n'engage pas le Front populaire. Elle a été prise individuellement sans aucune concertation avec les instances dirigeantes du Front», s'en sont dédouanés les dirigeants du Front. Une déclaration qui ne change rien au niveau pratique dans la mesure où Afek Tounès, Al Machrou Al Badil (qui n'a remporté aucun siège) ou Achaâb (avec 100 sièges) ont beau jurer qu'ils ne coaliseront ni avec les nahdhaouis ni avec les nidaïstes, voire avec certains indépendants accusés d'être de simples paravents, la réalité du terrain imposera le consensus et fera prévaloir la voix de la raison et du dialogue.