Il ne suffit pas de lutter contre l'extrémisme violent, il faut le prévenir. Le séminaire organisé par l'Unesco, en partenariat avec le Bureau de lutte contre le terrorisme de l'ONU et la Bibliothèque nationale de Tunisie autour de la marginalité des jeunes, se propose d'examiner les ressorts de l'exclusion et poser les bases pour une inclusion sociale effective des jeunes à travers les leviers de l'éducation, des sciences, de la culture et des médias. Que peuvent l'éducation, les sciences et la culture pour venir à bout de la marginalité des jeunes ? La question a été débattue hier dans le cadre d'un séminaire organisé par l'Unesco, en partenariat avec le Bureau de lutte contre le terrorisme de l'ONU, la Bibliothèque nationale de Tunisie, financé par le Canada. Mais au-delà des marginalité, c'est autour de tout un projet qu'il s'agit. Un projet mis en place avec les partenaires nationaux et internationaux autour de « la prévention de l'extrémisme violent à travers l'autonomisation des jeunes » en Tunisie, au Maroc, en Jordanie et en Libye. Ce projet a pour ambition d'activer le pouvoir transformateur de l'éducation, des sciences, de la culture et des médias en vue de construire l'immunité intellectuelle des jeunes qui sont décrits dans l'une des études réalisées par une commission onusienne comme étant « les absents de la paix » en raison de leur marginalisation dans les processus tant de construction et de prévention de la paix que de résolution des conflits et de reconstruction. Tout est verrouillé autour des jeunes (Raja Ben Slama) L'universitaire Raja Ben Slama et directrice de la Bibliothèque nationale a déclaré que ce séminaire est organisé dans le cadre de la prévention du radicalisme violent, c'est-à-dire le terrorisme. A cette occasion, il est question de se pencher sur les nouvelles appartenances des jeunes, de la marginalité, des mécanismes non seulement d'exclusion mais aussi d'inclusion. « J'ai évoqué dans mon allocution le terme d'extrémisme non violent, une façon de rappeler qu'on n'est pas sérieux quand on a 17 ans. On oublie souvent ce fait. Il y a cette méfiance perceptible des jeunes malgré un jeunisme apparent. Tout est verrouillé autour des jeunes qui n'ont pas facilement accès au pouvoir au sein des partis et dans les différentes institutions du pays d'une manière générale. Certains médias se trouvent aussi face au défi du traitement des actes terroristes, selon la représentante de l'Unesco pour le Maghreb, Golda El-Khoury. Ils alimentent un discours plutôt négatif au lieu d'un discours de réconciliation et tombent dans le piège des fake news. Le but de ce séminaire est de faire place aux jeunes et les écouter. Il ne faut surtout pas compter sur l'approche sécuritaire. Le comportement à risque des jeunes est tout à fait normal, mais souvent l'Etat adopte des mesures répressives à titre préventif, ce qui est contre-productif», a-t-elle tenu à souligner. Se présentant sous plusieurs formes, la marginalisation des jeunes mine l'appartenance à la société et contribue à l'exclusion et prépare le terrain à l'extrémisme violent, en d'autres termes au terrorisme. Le traitement exclusivement sécuritaire par certains pays et tant d'autres facteurs figurent parmi les problématiques sur lesquelles se penchera le projet de l'Unesco qui ambitionne de « mettre en dialogue les acteurs impliqués dans le travail de prévention de la violence, notamment les jeunes, les intellectuels et les universitaires ayant développé des analyses et des diagnostics sur la question ».