C'était comme s'il y avait le feu. Le monsieur voulait à tout prix me dire quelque chose, et le plus rapidement du monde. Il était grand, bien habillé, la cinquantaine et semblait savoir ce qu'il faisait, ou ...voulait. J'étais dans ma voiture en train de discuter au téléphone avec une personne très importante au bout du fil qui me donnait des informations fort précieuses pour un travail assez délicat, et j'avais relevé les vitres des portières pour une meilleure écoute et aussi pour garantir la discrétion de rigueur. Dehors, le monsieur cité plus haut se manifestait tellement que je n'arrivais plus à suivre mon interlocuteur. Une bonne partie de ce qu'il me disait était partie en fumée. Je finis par présenter mes excuses à ce dernier, lui expliquant que j'ai un problème urgent de stationnement. Je pris congé à la hâte de mon interlocuteur et le cœur pincé, je fis rabattre la vitre. Et le monsieur qui voulait à tout prix me dire quelque chose de me lancer la phrase la plus curieuse, la plus révoltante, la plus assassine que jamais je n'ai entendue et que certainement je n'entendrai jamais de ma vie. Que me dit-il ? Eh bien cela : «Est-ce que vous pouvez me céder votre ticket de stationnement, avant de partir, il est encore valable un bon quart d'heure et cela me suffira pour régler mes affaires tout près ?». Tout cela pour le reliquat d'un ticket de stationnement qui ne valait pas plus que 200 millimes ? Toute cette énergie, cette audace, cette arrogance, ces dérangements pour une futilité ? Eh bien oui ! C'est vrai que les opportunistes, les parasites et autres pique-assiettes sont devenus tellement nombreux dans notre pays qu'ils sont devenus majoritaires.