Surcharges, encombrements, bousculades et qualité de service médiocre : tel est le constat dans les moyens de transport en commun, notamment les métros. Les usagers et les conducteurs souffrent le calvaire au quotidien. Durant la première semaine de février, par un rude froid d'hiver, une ambiance morose se dessine. Dans la station de métro de Barcelone en plein centre-ville, une foule dense se démène tant bien que mal pour acquérir un ticket de transport pour rentrer chez soi. Des expressions de fatigue et de découragement s'affichent sur les visages des usagers. En montant dans les rames qui grouillent de monde, les gens s'empressent pour s'asseoir à qui le premier. Tandis que les autres passagers sont condamnés à rester debout pendant tout le trajet. Des femmes tenant leur bébé aux bras s'accoudent aux vitres et s'agrippent aux portières. Bien que le métro soit bondé, les usagers veulent tous monter sans attendre le suivant qui sera lui aussi bondé et le wattman trouve alors du mal à fermer les portières. Des jeunes courent dans tous les sens pour s'accrocher à la rame. Les dépassements touchent également le personnel du métro qui ne donne pas une bonne image de la compagnie nationale auprès de ses usagers. Le malaise est profond dans un tohu-bohu inexplicable et inextricable. «Des agents qui n'en font qu'à leur tête» Les agents de contrôle et les conducteurs travaillent, «à leur guise et comme bon leur semble », râle M., un usager du métro qui transmet son désarroi à La Presse et raconte le calvaire qu'il vit au quotidien : «Un soir, j'attendais le métro 2 à la station République. Le métro est arrivé. Alors que je l'attendais depuis plusieurs minutes, le chauffeur s'est à peine arrêté pour ensuite redémarrer alors que le métro était quasiment vide !», s'indigne le jeune homme qui lance un appel à la Transtu afin de remédier aux dépassements de ses agents qui n'en font qu'à leur tête. Le branle-bas continue avec des usagers qui ne sont pas étrangers au dépérissement de la qualité de service dans les métros. Retards, perturbations, négligences, laisser-aller, rien ne va plus ! L'usager n'est pas innocent non plus... Selon un responsable officiant à la Société des transports de Tunis et désirant garder l'anonymat : « La Transtu passe par une crise financière aiguë. Les pertes sont énormes, plus de 60% des usagers ne payent pas leurs tickets, que ce soit dans les bus, les métros ou les trains TGM. Un manque à gagner considérable, qui affecte la bonne marche de nos moyens de transport. Le déficit important de la Transtu est donc dû, en partie, à l'inconscience du citoyen». Malgré tout, la Transtu compte prendre des mesures coercitives afin de freiner le fléau de la resquille en renforçant le pouvoir de ses brigades et agents. Mesures à entreprendre M. Salah Belaïd, président-directeur général da la Transtu, a déclaré de son côté que la société a dressé «le bilan des travaux actuels et des projets à venir afin d'améliorer la qualité infrastructurelle de son réseau. Une infrastructure à revoir de fond en comble pour escompter un nivellement vers le haut de la qualité du transport tunisien». Et de renchérir : «Il faut, par ailleurs, sévir sévèrement contre les auteurs des actes inciviques dans les moyens de transport publics. Il est important de sensibiliser les usagers, notamment les jeunes, sur l'importance d'acquérir leurs tickets. Ce qui se passe à la Transtu, en résumé, reflète, à bien des égards, un phénomène qui a pris de l'ampleur en Tunisie, surtout depuis ce que l'on s'obstine à appeler révolution : l'impunité, l'inconscience et l'anarchie ». Campagne de sensibilisation contre le harcèlement dans les transports publics Le revers de la médaille touche d'autres pans du secteur du transport public à cause de faits inhérents aux mauvaises conditions d'embarquement des usagers : «frotteurs» harceleurs et braqueurs se donnent à cœur joie pour terroriser les femmes. Dans le cadre de la campagne menée par le Centre de recherches, d'études, de documentation et d'information sur la femme (Crédif) et sur le thème «La lutte contre la violence à l'encontre des femmes... chaque jour», le centre a organisé un rapport d'évaluation sur la campagne de sensibilisation contre le harcèlement dans les moyens de transport public. Cette campagne a été initiée par le Crédif et l'Union européenne avec le soutien de l'Unfpa et en partenariat avec la Société des transports de Tunis (Transtu). Un expert dans l'analyse centrale en informatique de gestion nous informe : «L'application "Ballagh" est une application qui permet de signaler les actes de harcèlement dont les femmes sont victimes ou témoins en précisant le type d'acte, le lieu, la ligne et l'heure, la tranche d'âge et le sexe. Cette application permettra de constituer un mapping du harcèlement dans le transport public (TP) et pourrait devenir un outil d'aide à la décision pour les acteurs politiques ». La nouvelle application encourage les usagers à afficher sur leur page facebook le visuel de la campagne comme photo de couverture. Elle aide aussi les victimes à briser le tabou de la violence et du harcèlement car elle leur offre la possibilité de témoigner de leurs propres expériences sur les réseaux sociaux. Notons que cette application se poursuivra dans les régions et spécialement à Sfax. Le transport par bus et métro semble seul concerné par les mauvaises conditions des usagers vu que les trains changent la donne avec un rythme différent et de bien meilleures conditions de transport des passagers. Transport ferroviaire : réalités et perspectives Le Réseau ferroviaire rapide de Tunis (RFR), qui sera opérationnel à partir de 2019, est l'une des lignes prévues qui assurera la liaison entre la station Barcelone et les cités Saïda Manoubia, Mellassine et Bougatfa. Dans ce cadre, la société (RFR) a annoncé les grands projets qui sont prévus pour les deux années à venir et qui vont révolutionner le réseau de transport collectif actuel et qui a montré ses limites. En effet, le dernier projet prévu s'accompagne de nombreux avantages. Il s'agit de trains ultramodernes, rapides et confortables et à grande capacité. Travaux en cours Le P-.d.g. de la Transtu a affirmé que «la société chargée des travaux d'ouvrage devra procéder dans une première étape à l'installation des voies ferrées de cinq lignes. Actuellement, les travaux, qui sont en train d'être entrepris, sont ceux de la ligne E dont l'exploitation démarrera début avril 2019 et assurera la liaison entre la station Barcelone et les cités Saïda Manoubia, Mellassine et Bougatfa». Les travaux relatifs aux stations sont quasiment achevés, note le porte-parole de la société. Les trains sont dotés d'une technologie de pointe. Ils peuvent transporter jusqu'à 2.400 passagers. Et vient d'ajouter «une autre ligne, la ligne D, en cours de réalisation également. Celle-ci assurera la liaison entre Le Bardo, La Manouba jusqu'au terminus de Gobaâ. La cellule de communication de la société RFR de Tunis assure la coordination à l'échelle locale et régionale dans le but de résoudre les problèmes qui entravent l'avancement du projet». «Il s'agit donc d'encourager de nouvelles implantations industrielles, créatrices d'emplois, dans ces régions», a conclu notre interlocuteur.