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«La superficie des grandes villes a doublé» FAthi Msalmani, Architecte paysagiste, Enseignant Universitaire à l'Institut Supérieur Agronomique de Chott Mariem
L'un des pionniers du métier de l'architecture du paysage en Tunisie, Fathi Msalmani, était présent à la rencontre organisée par la Conect sur «les villes vertes» où on lui a rendu hommage. Il nous parle, brièvement, des enjeux pour «une ville verte», en Tunisie. Quel est l'enjeu, actuellement, pour nos villes ? Quel rôle doit jouer le paysagiste dans la réinstauration des villes belles et propres ? Le métier de paysagiste date de plus de trois décennies. L'institut a assuré la formation de techniciens et d'ingénieurs paysagistes. Malheureusement, l'image sociale du métier est dégradante. Contrairement à ce que l'on pense, un paysagiste est, avant tout, un concepteur qui doit être outillé de techniques de haute technologie pour élaborer des plans de villes vertes. En matière de compétences techniques, l'on dispose de diplômés bien formés qui réussissent la conception et la mise en œuvre de plans de villes. Toutefois, l'enjeu majeur des villes tunisiennes est de maintenir et de préserver ces plans, dans le temps et dans l'espace. Autrement dit, il y a un véritable problème de gestion de ces espaces créés. Il serait insensé de dépenser des sommes colossales pour élaborer des études et mettre sur pied des plans éphémères qu'on n'arrive pas à entretenir. Quels sont les principaux acteurs qui doivent intervenir pour assurer la durabilité et le maintien des paysages conçus de nos villes, surtout que l'extension urbaine qu'on a vu se proliférer avec une vitesse astronomique, après la révolution, joue en défaveur des paysages d'antan de nos villes ? Justement, cet état de délabrement de nos villes est dû à une dissociation des acteurs impliqués dans la conception et la gestion du paysage de la ville. A vrai dire, l'on constate, que dans les établissements privés, il y a un certain suivi et un entretien assez régulier des espaces verts. Mais d'un autre côté, je pense, en tant qu'universitaire, que la formation généraliste d'un paysagiste incombe en quelque sorte à cette crise des espaces urbains et des villes. Il faut qu'il y ait des spécialités diversifiées dans le métier du paysagiste. En effet, l'entrepreneuriat, la conception et la gestion des paysages sont des spécialités et des métiers différents. Ainsi, on peut créer des entreprises de «gestion» de paysage. Il faut dire qu'un espace vert dont l'âge dépasse une vingtaine d'années est considéré comme étant un patrimoine qu'il faut conserver et entretenir. Regardez ce qui se passe au Grand-Tunis. La situation est véritablement catastrophique. Et le rôle de la municipalité dans tout cela ? Généralement, les municipalités engagent des opérations d'aménagement. Toutefois, ce sont des interventions sporadiques moyennant des agents relevant même de la municipalité dont la technicité et les compétences ne peuvent pas assurer les entretiens adéquats. Il est à noter que chaque ville a une superficie bien précise qui doit se doter d'espaces verts déterminés. Alors que, durant la dernière décennie, la superficie des grandes villes a doublé, voire triplé. L'effectif du personnel dont disposent les municipalités ne peut pas assurer un aménagement et une conception moderne des villes selon les exigences et les caractéristiques de son écosystème, à savoir la nature du sol, le climat, la biodiversité des plantes, etc., autre bémol, on a observé, récemment, l'émergence d'intrus à la profession qui entreprennent des projets dans ce secteur. Alors qu'un paysagiste doit avoir les compétences techniques et scientifiques nécessaires pour réussir convenablement son travail.