Réunis pour la première fois en conclave , le week end dernier, à Tunis, en présence du ministre des Affaires locales et de l'environnement , Riadh Mouakher, les architectes paysagistes, les pépiniéristes, les prestataires de services de jardinage et autres opérateurs dans les métiers verts, ont réclamé un appui plus actif en faveur de ce secteur qui, ont-t-il dit, traverse de grandes difficultés, en raison de la marginalisation croissante du volet des espaces verts dans les politiques d'aménagement urbain et les préoccupations nationales en général. La conférence, organisée par le Groupement professionnel des paysagistes et métiers verts (GPPMV) et la CONECT (Confédération nationale des entreprises citoyennes) sur le thème « espaces verts et développement socio économique », a permis aux participants d'exposer au ministre « les maux d'un secteur marginalisé tout aussi important que le secteur de l'urbanisme. » Plusieurs entreprises opérant dans ces métiers verts sont menacées de faillite, alors que leurs cadres et leurs employés sont guettés par le chômage, en raison de la baisse des projets d'espaces verts, ont-ils dit. Pourtant, d'après l'architecte paysagiste Bassam Gastli, les perspectives d'emploi dans ce secteur sont importantes. Il a proposé l'augmentation des budgets alloués à l'aménagement et à la maintenance des espaces verts et l'institution « de plans verts des villes », à l'instar des plans d'aménagement urbain des villes. La restructuration du secteur des métiers verts a été également évoquée, car il souffre aussi de la mauvaise organisation des activités dans ce domaine, comme l'interférence et le chevauchement des spécialités. Le groupement professionnel des métiers verts a préconisé la création de trois grandes spécialités, les architectes paysagistes, les pépiniéristes et les entreprises de services de jardinage, outre un cahier de charges type pour toutes les spécialités. Le ministre a souligné que malgré tous les aléas, l'environnement continue de bénéficier de l'intérêt dont il est digne dans la politique de l'Etat et du gouvernement, plaidant pour la promotion du partenariat public privé dans ce domaine. Il a fait état de démarches en vue de développer la formule du mécénat en matière de création et d'entretien des espaces verts , en faisant participer les entreprises économiques et commerciales privées comme les grandes surfaces de distribution à la réalisation de projets dans ce domaine. Reste qu'il est notoire que, depuis la révolution, les espaces verts et les jardins publics, à l'instar des parcs urbains, sont abandonnés à leur propre sorte, au point que certains ont été détournés de manière anarchique par des citoyens irréfléchis en terrains à bâtir. Ce détournement de vocation est parfois le fait des autorités locales et régionales comme le parc urbain du Kram, dans la banlieue nord de Tunis, dont la moitié a été transformée, officiellement, en un marché aux puces. Les particuliers, à leur tour, n'accordent plus de grands intérêts aux jardins intérieurs préférant exploiter la moindre parcelle de sol en terrains à bâtir. Néanmoins, quelques municipalités luttent, tant bien que mal, pour la survie et l'amélioration de leurs espaces verts, comme la municipalité de Tunis qui, à la satisfaction des citoyens, a pris l'initiative d'équiper les jardins de la ville comme le parc du Belvédère ou encore le jardin Habib Thameur (le Passage), en sièges et tables en bois, parfois sous abris, en vue de permettre aux citoyens et aux visiteurs en général de venir s'y reposer et prendre leurs collations dans des conditions confortables.