L'Afrique a ses voix féminines internationalement reconnues, et celle de Dobet Gnahoré l'a marquée de son empreinte. Avec son dernier album «Miziki», l'Ivoirienne aux multiples talents fait résonner des sonorités africaines mêlées des amplis électroniques, un subtil mélange qui dévoile une musique à son image, libre... Libre de faire un cinquième album où la modernité se nourrit, s'embellit, se dynamise de traditions et d'héritage. Le 9 août elle sera sur la scène du festival international de Hammamet. Entretien. Votre musique est un mélange entre modernité et tradition, pouvez-vous nous éclairer un peu plus sur votre démarche musicale ? Ma démarche musicale est de mixer le traditionnel au moderne. J'ai eu une bonne base de musique traditionnelle avec mon père qui est mon maître. Et ici en Europe, j'ai appris et écouté d'autres musiques. C'est ma façon de contribuer au métissage et au panafricanisme. J'ai lu dans la presse francophone que les critiques qualifient votre album «Miziki» comme le plus abouti, le plus affranchi et le plus libre, êtes-vous d'accord ? Chaque album a son âme, celui-ci est le plus abouti car j'ai eu la chance d'avoir un directeur musical de renom : Nicolas Repac. Qui a su me donner le mixage que je cherchais : l'ectro-afro. Libre par les compositions, car je ne me suis pas donné de limites! Parlez-nous du village Ki Yi M'bock, cette expérience qui a certainement façonné l'artiste que vous êtes ! Le village Kiyi est ma base, c'est grâce à cette formation panafricaine intense que j'ai eue que j'ai su me styler un style ! Le Kiyi est pour moi la meilleure des écoles artistiques en Afrique, on y apprend l'art du regard, l'interprétation, l'histoire d'Afrique à travers l'art. J'ai eu une grande chance. Le Kiyi est un lieu et une grande une famille, un engagement panafricain. Angélique Kidjo a joué un rôle important dans le lancement de votre carrière ! Oui. Plusieurs fois elle m'a invitée sur des scènes avec elle, elle est comme une mère, elle est la mère de beaucoup d'artistes africaines, elle nous conseille et nous soutient dans nos choix et nos engagements. Aujourd'hui, vous êtes considérée comme une des voix féminines les plus importantes de l'Afrique et votre art vous sert aussi pour dénoncer l'injustice et tous les problèmes dont souffre le continent. Considérez-vous que la musique a un rôle autre que l'artistique ? Oui, je considère que la musique est le canal de la paix, de l'amour, de la joie, de l'énergie et de la transmission émotionnelle. Comme dans certaines traditions africaines, la musique joue son rôle, réunit les peuples. Je profite des belles mélodies et des différents rythmes, pour chanter l'amour la paix, la compassion, et réveiller les consciences endormies! C'est le rôle de chaque artiste, d'apporter quelque chose avec sa musique au monde. Entretien conduit