Les championnats africains d'athlétisme qui ont eu lieu au Nigeria, les participants n'en garderont pas un souvenir impérissable ! De nombreux problèmes ont précédé les compétitions. Les différentes délégations ont eu beaucoup de difficultés pour rejoindre Asaba, faute de vols réguliers, à se demander comment la Confédération africaine d'athlétisme avait accordé l'organisation sans s'assurer des moyens logistiques. Ce fut également des questions de visas, d'infrastructures et bien d'autres inconvénients qui ont chahuté ces compétitions, censées être un couronnement pour l'athlétisme du continent. L'équipe kényane, par exemple, composée de soixante athlètes, a campé pendant près de deux jours à l'aéroport de la capitale économique. Elle est finalement arrivée à destination après... l'ouverture officielle des championnats. « Les vols connectant Lagos à Asaba sont de la responsabilité de la Confédération africaine d'athlétisme et des organisateurs nigérians, qui nous ont assuré que tout était prêt », a dénoncé dans un communiqué acerbe la fédération kényane, un poids lourd de l'athlétisme. Tremplin et strapontin ! L'édition d'Asaba était pourtant qualificative. Elle permettra aux lauréats africains de se qualifier pour la Coupe intercontinentale d'athlétisme prévue en République tchèque début septembre. Cela suppose, soit dit en passant, que ceux qui n'y ont pas pris part, à moins d'exceptions prévues par les règlements, ne pourront pas y participer. A l'image de notre Ghribi nationale qui était, a-t-on dit, blessée. Voilà un objectif de raté, pour une athlète qui ne s'est finalement pas illustrée dans ses dernières sorties et à propos de laquelle il faudrait commencer à s'inquiéter. Doit-on oui ou non compter sur elle ? La réponse en athlétisme, sport de chronomètre, coule de source : c'est le chrono qui répond. Bilan... L'athlétisme tunisien était représenté par 11 athlètes : Abdessalam Laâyouni (1.500 m), Dorra Mahfoudhi et Nesrine Brinis (saut à la perche), Abderraouf Boubaker (3.000 m haies et 1.500 m) Riadh Chenenni (800 m), Mohamed Fares Jelassi (400 m), Zied Azizi (400 m haies), Mohamed Amine Romdhana et Majdi Chehata (saut à la perche et 1.500 m) et Chahinaz Nasri et Hassanine Sbaii (20 km marche). Les résultats ont été en fin de compte à l'image des efforts et des moyens consentis en faveur de ce sport olympique. La Tunisie totalise ainsi 7 médailles (2 d'or et 5 de bronze). Les deux médailles d'or reviennent à Mohamed Amine Ben Romdhana et Dorra Mahfoudhi au saut à la perche, tandis que les médailles de bronze ont été enlevées par Majdi Chehata, Nesrine Brinis (saut à la perche) et à Zied Azizi (400 m haies). Hassanine Sbaii et Chahinaz Nasri ont décroché deux médailles de bronze, lors de la journée de clôture dans l'épreuve du 20 km marche (hommes et dames).Ils ont respectivement parcouru la distance en 1h25'39'' et 1h35'19''. Comment juger ces championnats, et de quelle manière émettre un avis qui se voudrait constructif pour l'athlétisme tunisien qui depuis des décades, ne « vit » que grâce à ce que lui donnent ces athlètes issus de générations spontanées et qui perd de plus en plus de terrain par rapport à ses adversaires potentiels ? Problèmes récurrents Reprendre les promesses et les litanies habituelles ne servirait à rien : ce sport est une discipline qui ne vit que par la pyramide qu'il se met en place. Il ne respire que par les efforts que lui fournissent ses prospecteurs et ses fidèles, qui malheureusement se font rares, faute d'encouragement et de motivations. Plus le socle est vaste et fourni, et plus il a des chances de réussir. Ce n'est point le cas dans notre pays, où les maigres subsides et «l'administrite»l'étouffent, l'empêchent de revenir parmi les sports crédibles et sur lesquels on peut compter. Un programme qui n'arrive pas à relancer la machine et peu de volonté pour aller au-devant d'une discipline qui vaut beaucoup mieux que les maigres résultats que nous enregistrons de temps à autre, sans oublier de rendre hommage à ceux qui arrivent à se classer et à bousculer la hiérarchie en dépit de tous ces aléas. Des lendemains difficiles ! De toutes les façons, nous sommes bien obligés d'évoluer si nous ne voulons pas disparaître des écrans. En effet, jusqu'à présent, pour participer aux grands événements (Mondiaux et JO), les athlètes devaient réaliser des minima, établis chaque saison par l'Iaaf. Désormais, « les classements mondiaux Iaaf, qui entreront en vigueur en 2018, vont dicter l'ensemble du système de qualification des compétitions, dont les Mondiaux et les JO », a expliqué le président de l'Iaaf, le Britannique Sebastian Coe, dans un communiqué de l'instance. L'athlétisme fait ainsi sa révolution et se veut de plus en plus sélectif. La Fédération internationale d'athlétisme a décidé de revoir le mode de qualification pour les Mondiaux et les Jeux olympiques en prenant pour modèle l'ATP et la WTA. Hiérarchie établie Au cours de la saison, les performances réalisées permettront d'inscrire des points, plus ou moins nombreux en fonction de l'importance du meeting concerné, le tout devant aboutir à une « compréhension claire de la hiérarchie mondiale jusqu'à l'apogée que représentent les deux compétitions majeures de l'athlétisme », a justifié le président de la fédération internationale. Les « détails pour établir ces classements mondiaux (système de points attribués à chaque meeting et éligibilité pour participer aux Championnats du monde et aux Jeux olympiques) seront finalisés au cours du premier trimestre 2018, pour que le système puisse être appliqué pour les Mondiaux 2019 à Doha et les JO 2020 à Tokyo», précise l'Iaaf. Des jours difficiles... pour ceux qui pour le moment trouvent des excuses et continuent de tromper leur monde.