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La révolte des sans-grade
Publié dans La Presse de Tunisie le 08 - 08 - 2018

Depuis des années, la situation tout comme les agissements des différents responsables n'ont pas changé : ces derniers se mobilisent au lendemain d'une cuisante défaite pour... faire le bilan et promettre, en vain, de remédier aux insuffisances !
Les jeunes qui ont participé aux Jeux africains de la jeunesse et ceux qui ont pris part aux récents championnats d'Afrique ou au Mondial d'escrime interpellent notre conscience. Ils nous interpellent parce que nous ne les avons pas beaucoup aidés. Et même en essayant de leur fournir le minimum, nous l'avions fait de façon si parcimonieuse que nous ne pouvons qu'avoir honte de notre manque de discernement. Et pourtant, il y a de la bonne graine et ces jeunes ont hissé bien haut les couleurs nationales.
Cette révolte des «sans-grade» précipitera-t-elle la prise de conscience de ceux qui «dirigent» notre sport ? Sauront-ils disséquer les messages et faire la part des choses, dans un monde qui allie la sournoiserie aux sortilèges et qui privilégie les coups d'éclat au travail bien ordonné porteur de promesses et de visibilité ? A-t-on enfin compris qu'un pays investit dans tous les sports, mais donne la priorité à la masse, c'est-à-dire vise à faire de son peuple une «population sportive» où la pratique du sport est un troisième milieu qui réunit, encadre, forme, éduque et consolide la santé, la volonté, la solidarité, l'esprit d'entreprise, la loyauté, et le dévouement ?
Nous pourrions continuer à énumérer les bienfaits du sport. Nous en avons déjà fait. Il y a eu un nombre incalculable de réunions pour, soi-disant, améliorer la situation et donner aux disciplines les plus méritantes la place qu'elles méritent. Les dossiers doivent être quelque part dans le sous-sol du ministère de tutelle. Interrogez la poussière, elle vous dira ce qu'elle a fait de ces dossiers pleins d'idées honnêtement émises pour essayer de contribuer à une relance qui n'a jamais eu lieu.
Depuis des années, la situation tout comme les agissements des différents responsables n'ont pas changé : ces derniers se mobilisent au lendemain d'une cuisante défaite pour... faire le bilan et promettre, en vain, de remédier aux insuffisances !
C'est juré que les «choses» allaient changer.
Elles ont effectivement changé, en donnant encore plus et davantage que ne le méritaient ces budgétivores qui s'arrogent tous les droits, et engloutissent tout ce qui devrait revenir à ceux qui se coupent en quatre pour défendre l'acquis. Un titre mondial, une médaille aux Jeux olympiques, cela se défend et pour la préserver, il en faut plus que des réunions et des promesses. Il faut des moyens et surtout un encadrement compétent et non pas des fonctionnaires froids et insensibles.
Des promesses non tenues
Au retour du fameux «Mondial» russe, on a promis que des dispositions seront prises. Mais comme ceux qui sont responsables du fiasco se tiennent mutuellement par la barbichette, il n'y aura vraisemblablement pas de suite. Ou alors, pourquoi les conclusions tardent-elles à venir calmer ceux qui se morfondent à force de constater autant de laisser-aller et de négligences. Rien qu'au point de vue dépenses (c'est l'argent du contribuable), les sommes parties en fumée auraient préparé une demi-douzaine de champions olympiques. Cela suppose de voir une demie-douzaine de fois le drapeau national grimper au mât d'honneur.
Qu'à cela ne tienne. Ceux qui ont rêvé de vivre une vie de nabab aux frais de la princesse l'ont fait. La suite, le temps s'en chargera ! Et il y a tellement d'intérêts à prendre en considération.
Quant au sport, quant à la volonté de faire de la Tunisie un pays de sportives et de sportifs, personne n'en parle. Pourtant, la Tunisie était un exemple de gestion en dépit de ses moyens limités. Le sport est devenu, de moyen de formation, la cinquième roue de la charrette. C'est justement de cette indifférence que profitent tous les aventuriers de tout bord. Le seul moyen de faire taire ceux qui s'inquiètent est bien d'agir et... d'aller jusqu'au bout.
De futurs émigrants
Les sans-grade, entendez par là les escrimeurs, les athlètes, les boxeurs, les lutteurs et autres représentants du sport national raflent des médailles. L'hymne national retentit. Des larmes sont versées aussi bien par émotion qu'en souvenir des souffrances subies, de cette fierté bafouée pour avouer qu'on n'a plus rien à... manger en terre étrangère !
Ces médailles ont coûté des heures et des heures de travail. Un travail harassant, quotidien, des souffrances, des «coups de poing sur la gueule», des chutes souvent douloureuses, des efforts qui vont chercher le geste qu'il fallait au fond de soi-même, des articulations douloureuses qui n' empêcheront pas ces jeunes de revenir le lendemain sur la piste, des privations, parce qu'une bourse n'a pas été versée pour des broutilles (l'administration, surtout la nôtre, a toujours raison !), et que l'on se suffira d'un Mac Do pour récupérer...
Les stages dans des hôtels quatre, cinq étoiles, on en entend parler et on en parle pour l'anecdote. Ne parlons pas d'avenir pour ceux qui ont tout sacrifié pour leur sport. Ils auront à courir à perdre haleine et à perdre espoir derrière un petit diplôme de moniteur. Ou alors ce sera... la poudre d'escampette que l'on prendra à l'occasion du prochain déplacement. On l'a déjà fait.
Personne ne se soucie de tous ces problèmes
Il y aura à la limite une brève cérémonie pour «fêter» ces médailles, mais cela n'ira pas plus loin. La conviction fait défaut et face au dieu football «professionnel», en mal d'identité, tout le monde courbe l'échine. Personne n'ose mettre en doute un «entraîneur» qui promet des quarts de finale à un Mondial, mais une médaille d'or qui se profile, et à l'issue de laquelle le nom de la Tunisie vibrera dans les haut-parleurs aux oreilles du monde entier, cela ne signifie rien pour ceux qui ne font pas un geste pour que cela change : les moyens de l'Etat doivent absolument aller vers cette jeunesse perdue dans ses doutes, vers ces «sans-grade» qui hissent haut et fort le nom du sport national.
Il n'y a aucune raison que l'argent consacré au sport aille pour servir de casse-croute aux équipes professionnelles, et non pas aux sportifs amateurs, aux universitaires et aux scolaires, et à l'infrastructure sportive. Nous l'avions dit et redit. Le seul qui l'avait compris et agi en fonction de cette option fondamentale a été feu Mondher Ben Ammar. Il avait d'autorité arrêté toute participation tunisienne en football sur le plan africain en réaction à des résultats honteux enregistrés par l'équipe nationale.
Ce fut un boucan, mais il avait tenu bon. Il prit la décision d'envoyer Abderrahman Ben Ezzedine en Yougoslavie pour étudier comment fonctionnaient leurs écoles de sports. De retour au pays, Ben Ezzedine mit en place des écoles dans toutes les disciplines sportives. L'Etat s'est chargé du matériel, du personnel d'encadrement et même de l'alimentation d'appoint. Les premières 404 bâchées livrées en Tunisie ont été acquises par le ministère des Sports pour acheminer sur tout le territoire des collations subsistantes.
La formation, rien que la formation
Les clubs n'avaient qu'à accueillir ces jeunes formés par des techniciens conformément à un travail de base sérieusement élaboré. Cet investissement lancé en 1966/1967 dans les écoles de sports a fini par donner cette incomparable génération de footballeurs de l'épopée de 1978, (interrogez Agrebi, Tarek, Ghommidh, Bayari, etc.), les meilleurs basketteurs et volleyeurs que la Tunisie ait connus. Il y a eu Ali Gharbi, Mériem Mizouni, des boxeurs, des judokas, des lutteurs qui ont tenu le haut de la rampe durant de longues années.
Ceux qui sont venus après ont exploité cet élan, l'on usé jusqu'à la corde. Ils ont retiré leurs billes et confié les «écoles de sports» aux clubs qui en ont fait, faute de moyens et obnubilés par le football, des vaches à lait, en faisant passer la formation, la véritable formation au second plan.
La suite, tout le monde la connaît, puisque nous sommes au fond de l'abîme et ceux qui figureraient sur le rétroviseur sont devant nous. En tout. Au niveau de l'infrastructure comme à celui de la formation, nous perdons chaque jour plus de terrain. Depuis, c'est la chasse aux jeunes issus des générations spontanées. Et le sport tunisien est rentré dans les rangs.
Ces médailles ramenées par les «sans-grade» sont un rappel et un appel pour un retour aux sources régénérateur.
Au fait y a-t-il un pilote dans l'avion ?


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