Les médailles de Ghribi et de Mellouli ne doivent pas escamoter les défaillances du système-sport en Tunisie. Les JO sont le couronnement de tous les événements sportifs dans le monde. Un événement aussi prestigieux et galactique ne peut réussir que pour ceux qui savent comment le préparer. Ça n'a rien à voir avec n'importe quel autre événement sportif. C'est tout un cycle olympique de 4 ans où tout doit être préparé minutieusement et en avance. Regardez la Chine, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l'Allemagne, bref tous ces grands Etats du sport qui s'y prennent 4 ans à l'avance. Ils planifient tout : athlètes ciblés, leurs possibilités, qui va les encadrer, quels sont les moyens nécessaires à leurs performances, comment faire le suivi et orienter ces athlètes vers le bon chemin, comment financer ces campagnes de préparation coûteuses... Bref, un tas de choses délicates. Au bout de 4 ans, vous avez un système qui a produit des athlètes «médaillables» qui peuvent, cependant, ne rien gagner. Pour vous dire combien c'est dur de préparer les JO. Ce n'est pas une question de bon cœur ou de surpassement. C'est aussi scientifique et rationnel. Tout est calculé. Tout est programmé avec une petite marge de souplesse. Mêmes clichés Les JO 2012 touchent à leur fin sur fond de déception de notre côté. La médaille de Habiba Ghribi et celle de Oussama Mellouli sont bonnes à prendre, mais nous ne sommes pas assouvis. C'est peu pour une délégation forte, et pour un nombre d'athlètes et de sports aussi important. Ce n'est pas là le problème, ce qui nous vexe, ce sont les vieux réflexes qui rebondissent. On veut, à tout prix, faire avaler la pilule à tout un peuple qui a mis derrière son dos tout un système biaisé et corrompu. Quelques points qui nous restent en travers de la gorge : Ces dirigeants du sport tunisien qui ne ratent pas la moindre occasion pour se montrer et faire leur jeu préféré : la propagande. Ils sont là pour récupérer une performance, mais s'éclipsent quand il y a échec. Nous n'avons vu aucun président de fédération ou responsable du ministère s'assumer après les échecs cuisants en judo, lutte, boxe, etc. Peut-on faire du neuf avec du vieux? Ceux qui ont géré le sport pendant des années (y compris les techniciens) et avec les piètres résultats que l'on sait ont-ils envie de changer et si oui peuvent-ils le faire? C'est agaçant de les entendre parler et expliquer cet échec par des pseudo-arguments. Qu'est-ce que le ministère de la Jeunesse et des Sports attend pour faire le ménage et pour les chasser? Dans le monde entier, les athlètes font partie d'une structure claire avec des entraîneurs de qualité affectés et un véritable «plan de carrière». A côté de cela, il y a toujours un sous-système de détection entre fédération et tutelle pour choisir les champions de demain. Ceux ou celles qui peuvent ramener des médailles des JO. En Tunisie, l'image est tout autre. On gère au jour le jour et sur la base des émotions, des connivences et des loyautés. Faute de préparation olympique spécialisée pour les sports individuels, faute de dirigeants férus et visionnaires et faute de staffs techniques blindés et à jour, nous continuerons sur la même lancée. Plus que les noms, ce sont les méthodes de travail et la répartition des tâches qui sont à revoir. Nous attendrons encore 4 ans pour voir nos athlètes briguer l'or et nous émerveiller. Habiba Ghribi entretient l'espoir. C'est l'athlète qui peut déclencher un nouveau cycle de performance qui nous manque terriblement.