Prises d'assaut à la veille de la fête de l'Aïd, les banques ont démontré leurs limites. Elles sont aujourd'hui appelées à rattraper le retard accusé en termes de technologie financière. Manque de liquidités, distributeurs automatiques hors-service, de longues files d'attente, nos banques avaient offert un spectacle désolant à la veille de la fête du Sacrifice, on allait dire du citoyen. Dépassées, certaines d'entre elles n'ont pu verser à temps les augmentations de la pension des retraités de la fonction publique. Du coup, c'est le gouvernement qui s'est trouvé discrédité. Le ministre des Affaires sociales a expliqué que les augmentations ont été versées les 16 et 17 août comme l'avait promis le chef du gouvernement, Youssef Chahed. De son côté, l'Association tunisienne des banques et établissements financiers évoque dans son communiqué « un problème technique lié à une forte volumétrie» (plus de 200.000 virements correspondant au versement de la 1ère tranche des augmentations des pensions de retraite). Appelées à se moderniser Avec des services bancaires relativement coûteux et ne répondant guère aux attentes, une opacité informationnelle et un manque d'ajustement en fonction des attentes croissantes des clients, la majorité de nos banques (pas toutes heureusement) sont aujourd'hui dans l'incapacité de gérer les insatisfactions de leur clientèle et d'offrir le smig aux Tunisiens en termes de service. On donne le minimum pour récolter le maximum comme en témoignent les coûts élevés des prélèvements sur les opérations bancaires. De l'imbroglio pour les clients qui ne font que constater les dégâts. Pour certains observateurs, nos banques surtaxent les services rendus aux clients via internet contrairement à ce qui se passe dans d'autres pays européens et africains qui sont passés à l'ère de la digitalisation et à la fintech (la technologie financière) et l'open banking qui constituent une véritable révolution dans le domaine bancaire. Services surannés Et pourtant, la banque a une obligation d'information auprès de ses clients. Elle doit, légalement et éthiquement parlant, les informer de tous les frais bancaires applicables. En cas de hausse des frais, ces informations doivent être affichées dans les agences ou être annoncées par courrier. Ces frais doivent correspondre aux services rendus, ce qui n'est pas le cas dans notre pays. Les choses empirent de jour en jour. Le client ne peut plus, dans certaines banques, recevoir son relevé bancaire en raison de la pénurie de papier. Dans d'autres, le personnel est tellement réduit qu'il ne peut satisfaire, dans les meilleures conditions, ses clients. Demander un renseignement à un banquier frise parfois l'injure et ne fait que le courroucer davantage. Au lieu de se préparer à l'ère de la digitalisation, la plupart de nos banques, notamment publiques, font aujourd'hui face à des difficultés d'ordre organisationnel et de gestion et à des problèmes techniques qui surgissent le plus souvent au plus mauvais moment. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, les banques tunisiennes continuent à s'enrichir et semblent ne plus tenir compte des défis de la modernisation et de la sécurité. Les raisons ont déjà été évoquées par l'ancien gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie, Mustapha Kamel Nabli, qui a pointé en mai dernier le refus des banques privées de financer le secteur privé parce qu'elles sont aujourd'hui en train de financer l'Etat. C'est beaucoup plus rentable, et c'est pour cette raison que le produit net bancaire (PNB) est en train d'évoluer. «Les banques sont en passe de réaliser des bénéfices importants aux dépens de la dette publique», avait-il souligné.