C'est une action organisée par, pour et à la gloire des femmes célèbres ou anonymes, engagées ou pas, productrices ou consommatrices d'art. La femme tout comme le chiffre 4 sont décidément à l'honneur. La 4e édition du festival «Chouftouhonna» se tiendra sur quatre jours, du 6 au 9 septembre au Théâtre national tunisien, Halfaouine. Au programme de cette édition, cinéma, arts plastiques, arts graphiques, arts scéniques, photographie, danse, musique, ateliers et conférences. Des œuvres et performances produites, réalisées et présentées par des femmes. C'est ce qui a été annoncé, mercredi matin, à l'espace du 4e Art, au centre de Tunis, dans une conférence de presse chapeautée par quatre organisatrices, toutes vêtues de boléros jaune ocre. Non sans fierté et avec le sourire, le quatuor annonce à tour de rôle, le programme, les nouveautés, quelques chiffres et des spécificités propres à la quatrième édition d'un événement, unique dans la région, nous dit-on, lequel, malgré son jeune âge a réussi à creuser son sillon et acquérir une notoriété certaine. L'ambiance, comme annoncée, est festive, elle est aussi engagée et militante. L'idée fondatrice prônée par «chouf» est d'abord de voir, tel que son nom l'indique, et pourquoi pas soutenir des femmes à l'œuvre dans des domaines réservés plutôt aux hommes tels la réalisation et la production. Parallèlement, le festival se positionne en défenseur des libertés individuelles et en pourvoyeur de talents, de productions féminines et féministes par la voie de l'art et à travers ses multiples supports. Démarche globale et inclusive La démarche est globale, inclusive, multiple et polyvalente. Entièrement gratuites, les journées et activités sont ouvertes à tous. Les participantes, elles, toutes disciplines confondues, sont de l'ordre de 150 femmes et autant de professionnelles confirmées, d'amatrices, d'artistes, activistes, tunisiennes et en provenance des quatre coins de la planète. La direction se déploie à l'horizontale, pas de directrice nommément identifiée, donc, mais un collectif de 17 personnes qui se complètent pour la mise en œuvre d'une action organisée par, pour et à la gloire des femmes célèbres ou anonymes, engagées ou pas, productrices ou consommatrices d'art. Bien que le programme ne soit pas encore tout à fait finalisé, on sait déjà que le coup d'envoi aura lieu le jeudi 6 septembre à 19h00, au Théâtre Halfaouine. Parmi les nouveautés de cette édition, une résidence artistique qui a déjà eu lieu du 22 au 29 août 2018, au 4e Art, consacrée à la production de musique électronique, en présence de la DJ et productrice Flore. Une occasion qui a permis aux participantes de voir avec la DJ invitée les différentes méthodes de composition de morceaux sur le logiciel Live. Les ateliers, au nombre de six, œuvrent entre autres, à l'initiation des parents comme des enfants au féminisme. D'autres activités y sont prévues dans des domaines aussi divers que la récupération et l'écriture surréaliste. Un souffle écologique Les conférences alimentant le volet thématique sont au nombre de quatre et auront pour thèmes, «Féminismes décoloniaux dans un contexte occidental», «Approches féministes à l'art et à la politique en Tunisie»... Au regard des angles choisis, le débat promet d'être pour le moins intéressant. Dans ce foisonnement d'activités, les artisanes ne sont pas oubliées, un espace leur est dédié pour exposer leurs produits. Leur marché «Soukouhonna» incarne cette frontière ouverte entre art et métiers d'art. Par ailleurs, et traversé par un souffle écologique, le festival affiche l'emblème zéro déchets, zéro gaspillage et s'évertuera à l'appliquer. Si les organisatrices ont tenu à préciser suite aux questions, faut-il le dire, que les hommes ne sont pas exclus du festival, il est cependant clair et avéré que la primeur est donnée aux femmes et à leurs œuvres. «Chouftouhonna» assume sa voie et ses choix dans la mesure où les femmes peu présentes par ailleurs en tant qu'initiatrices de projets disposent désormais, et ce, depuis quatre ans, d'un espace où elles sont visibles et peuvent y promouvoir leurs productions, partager leurs convictions, confronter leurs opinions, et, dans tous les cas, donner libre cours à leurs capacités créatrices et à leurs idées, dans un environnement qui demeure en réalité couvert d'un plafond de verre. Donc, oui, «Chouftouhonna» est le festival de l'art féministe, les femmes persistent et signent.