Noureddine Taboubi et Youssef Chahed ont répondu, par l'affirmative, à l'appel de Mohamed Ennaceur et se sont rencontrés lundi soir après une brouille qui n'a que trop duré Les résultats de la rencontre n'ont pas été divulgués. Mais tout porte à croire que les deux protagonistes ont décidé de surmonter, par le dialogue, rien que le dialogue, les différends qui opposent l'Ugtt au palais de la Kasbah Finalement, la rencontre tant attendue Youssef Chahed-Noureddine Taboubi a eu lieu, lundi soir, suite à une mission de bons offices conduite par Mohamed Ennaceur, président de l'Assemblée des représentants du peuple. Et comme on s'y attendait et à l'instar de ce qui s'est passé quand le même Ennaceur a rencontré Youssef Chahed pour essayer de le réconcilier avec Hafedh Caïd Essebsi qui menaçait de l'expulser des rangs de Nida Tounès, rien n'a filtré de la rencontre censée — comme l'attendent plusieurs observateurs — «briser la glace entre la centrale syndicale ouvrière et le palais de la Kasbah». Hier, on se contentait de répandre aussi bien du côté de la Kasbah que de la place Mohamed-Ali (mais sans prêter un caractère officiel aux indiscrétions distillées au compte-gouttes aux médias) que la rencontre Taboubi-Youssef Chahed, qui s'est tenue en présence de Mohamed Trabelsi, ministre des Affaires sociales, et Mabrouk Kourchid, ministre des Domaines de l'Etat et des Affaires foncières, a été «un succès dans la mesure où le retour du dialogue entre le chef du gouvernement et le secrétaire général de l'Ugtt à trois jours de la réunion de la commission administrative nationale de la Centrale ouvrière censée entériner la décision d'une grève générale dans le secteur public constitue un signal qu'il est toujours possibles de trouver une solution consensuelle aux crises ou aux désaccords de conjoncture qui opposent les syndicalistes au gouvernement mais qui peuvent être surmontées si on évite, de part et d'autre, la politisation des malentendus et on s'applique à ce que les rapports Ugtt-gouvernement ne s'inscrivent pas dans certains agendas à caractères partisan», comme le soulignent certains analystes. Ceux-ci estiment qu'en renouant le dialogue avec le chef du gouvernement, l'Ugtt aurait décidé — comme beaucoup d'observateurs lui ont conseillé — de se désengager du conflit opposant Youssef Chahed à Hafedh Caïd Essebsi au sein de Nida Tounès. La direction centrale de l'Ugtt aurait pris la décision de se plier à la pression qu'exercent sur elle ses troupes de base qui lui demandent de se retirer de cette polémique improductive concernant la démission immédiate de Youssef Chahed comme l'exigent les nidaïstes partisans de Hafedh Caïd Essebsi ou son maintien à son poste au Palais de La Kasbah même si Ennahdha le presse quotidiennement pour qu'il déclare qu'il ne se présentera pas à l'élection présidentielle de 2019». L'Ugtt et ses responsables ont-ils décidé de faire marche arrière, notamment Noureddine Taboubi qui rencontre et écoute ces derniers jours tout le monde (Mohamed Ennaceur et Rached Ghannouchi) ? Ont-ils compris que l'heure n'est plus à l'implication de l'Ugtt dans les tiraillements politiques et que les travailleurs ont tout à gagner quand leur organisation se tient à égale distance de tous les partis politiques et qu'elle déploie son énergie et l'expertise de ses cadres dans les négociations sociales, la préservation des entreprises publiques qui risquent d'être cédées aux privés et aussi le gain de la bataille de la réforme éducative? En tout état de cause et même si certains syndicalistes continuent leurs déclarations incendiaires contre certains membres du gouvernement (la polémique improductive opposant Sami Tahri à Taoufik Rajhi constitue l'exemple type des batailles inutiles), l'impression générale ressentie par les Tunisiens est que l'Ugtt commence à retrouver sa vocation initiale d'organisation défendant principalement les intérêts des travailleurs sans pour autant se désengager de sa responsabilité historique de défendre l'intérêt supérieur du pays et de préserver sa stabilité et son invulnérabilité.